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Maintenir notre activité et assurer à nos locataires les services (L. Sangaré, Habitat Sud Atlantic)

News Tank Cities - Biarritz - Tribune n°180218 - Publié le 17/04/2020 à 12:34
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©  D.R.
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« En 3 mois, des 1e cas identifiés en Chine aux annonces de restriction de circulation des personnes en France, la propagation du Covid-19 Maladie virale provoquée par le coronavirus SARS-CoV-2. Il est responsable d’une épidémie qui a démarré à Wuhan en Chine en novembre 2019 évoluant au statut de pandémie en mars 2020 a été extrêmement rapide et a conduit à des mesures extraordinaires dans plusieurs pays, dont la liste ne cesse de s’allonger encore aujourd’hui. Il faut admettre que notre système de santé, ainsi que celui de la plupart des pays, n’a pas été configuré pour cela. Le manque de matériel et équipements adaptés (appareils respiratoires, masques de protection…), la difficulté à comprendre le comportement de ce virus, à le détecter en masse, sa propagation à grande échelle et l’absence de traitement médical efficace ont rendu la mesure de confinement généralisé inévitable, écrit Lausséni Sangaré DG @ Habitat Sud Atlantic (HSA)
, directeur général d’Habitat Sud Atlantic • Office public de l’Habitat rattaché à la Communauté d’Agglomération Pays Basque (CAPB) Création : 2017 Missions : aménageur, constructeur et gestionnaire Directeur général : Lausséni… (HSA) à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), dans une tribune adressée à News Tank en avril 2020.

En y regardant de plus près, on peut deviner une certaine contradiction, sinon une équation difficile, dans les différentes directives nationales. D’un côté, une restriction de déplacement forte pour chaque individu, appelé à rester chez lui. De l’autre, une volonté de sauvegarder autant que possible une activité économique afin qu’une crise sociale ne vienne pas se superposer à la crise sanitaire actuelle.

Cette équation trouve une acuité particulière dans un organisme de logement social. Il s’agit en effet de s’inscrire, d’un côté, dans le cadre des directives de protection, en limitant contacts physiques et déplacements et, de l’autre, trouver les moyens pour maintenir notre activité, et en premier lieu d’assurer à nos locataires les services inhérents à la fourniture d’un logement, bien reconnu de première nécessité. C’est cette contrainte que j’ai essayé de gérer depuis le début de la crise, avec mon comité de direction, réuni en cellule de crise dès le 12/03/2020 au soir de la 1e intervention du chef de l’État ».

Voici la tribune de Lausséni Sangaré.


Cette équation contradictoire trouve une acuité particulière dans un organisme de logement social

En 3 mois, des premiers cas identifiés en Chine aux annonces de restriction de circulation des personnes en France, la propagation du Covid-19 a été extrêmement rapide et a conduit à des mesures extraordinaires dans plusieurs pays, dont la liste ne cesse de s’allonger encore aujourd’hui. Il faut admettre que notre système de santé, ainsi que celui de la plupart des pays, n’a pas été configuré pour cela. Le manque de matériel et équipements adaptés (appareils respiratoires, masques de protection …), la difficulté à comprendre le comportement de ce virus, à le détecter en masse, sa propagation à grande échelle et l’absence de traitement médical efficace ont rendu la mesure de confinement généralisé inévitable. En y regardant de plus près, on peut deviner une certaine contradiction, sinon une équation difficile, dans les différentes directives nationales :

  • d’un côté une restriction de déplacement forte pour chaque individu, appelé à rester chez lui,
  • de l’autre une volonté de sauvegarder autant que possible une activité économique afin qu’une crise sociale ne vienne pas se superposer à la crise sanitaire actuelle.

Comité de Direction réuni en cellule de crise dès le 12 mars 2020

Cette équation trouve une acuité particulière dans un organisme de logement social. Il s’agit en effet de s’inscrire d’un côté dans le cadre des directives de protection, en limitant contacts physiques et déplacements, et de l’autre trouver les moyens pour maintenir notre activité, et en premier lieu d’assurer à nos locataires les services inhérents à la fourniture d’un logement, bien reconnu de première nécessité. C’est cette contrainte que j’ai essayé de gérer depuis le début de la crise, avec mon comité de Direction, réuni en cellule de crise dès le 12/03/2020 au soir de la 1e intervention du chef de l’État.

Cette configuration se justifiait dans un souci d’efficacité : décider des actions à mettre en œuvre, avec de la cohérence, et les faire évoluer au fur et mesure des nombreuses actualités qui arrivaient très régulièrement. La feuille de route de cette cellule, guidée par une volonté de solidarité nationale, a été d’appliquer les différentes recommandations :

  • protection des plus fragiles,
  • télétravail généralisé, le travail sur site devenant l’exception,
  • maintien de l’activité lorsque cela était possible dans le respect des comportements recommandés par l’agence régionale de santé.

C’est ainsi qu’après étude des dernières informations disponibles, échanges sur les urgences et nécessité de maintenir notre activité en responsabilité sans céder à la panique, des mesures collectives, individuelles ou concernant les relations avec l’extérieur ont été décidées par notre cellule de crise.

La semaine du 9 mars 2020 a été un tournant majeur

Plutôt que d’énumérer toutes ces mesures, je me placerai plutôt sous un angle chronologique pour mieux traduire l’évolution de la situation dans notre organisme, Habitat Sud Atlantic, bailleur social de la communauté d’agglomération pays basque.

La 1e phase donc, c’est une accélération subite des évènements et des comportements. Jusqu’à peu avant les 1e annonces, on a pu constater sinon une nonchalance, en tout cas une sorte de déni par rapport à ce qui n’était alors que des recommandations de distanciation sociale. La semaine du 09/03/2020 a été un tournant majeur : les individus ont soudainement pris conscience de la gravité de la situation et les gestes de précaution sont devenus la norme. Le changement d’état d’esprit a été radical et les collaborateurs eux-mêmes sont devenus exigeants sur les mesures à 1 prendre. Naturellement chaque individu a pu réagir différemment face à cette menace, avec plus ou moins d’émotion et d’inquiétude. C’est dans ce contexte qu’une communication régulière est devenue primordiale, tant pour nos clients locataires, nos collaborateurs, mais également nos partenaires : annoncer et expliquer les actions entreprises, rassurer.

Concernant les locataires, tous les moyens ont été mobilisés pour s’assurer d’une large diffusion, notamment pour relayer les consignes de protection : mailing, sms, réseaux sociaux, site internet et de manière plus traditionnelle affichage dans les halls d’immeubles. En parallèle, des mesures ordonnées ont été prises afin de garantir la sécurité de tous. Si la fermeture au public des sites administratifs d’HSA a été immédiate le 16 mars, le déploiement du personnel en télétravail a été plus laborieux, entre problèmes de paramétrage d’ordinateurs personnels parfois anciens ou difficultés pour s’approvisionner en ordinateurs portables auprès de nos fournisseurs. La raréfaction de certains biens a tout de suite été perceptible.

Certaines activités ne faiblissent pas

À ce stade la considération économique devient secondaire et tous les salariés sont priés de rester chez eux, même si l’essence de leur mission est d’être sur le terrain. C’est le cas des chargés d’opération alors que les chantiers de construction et d’amélioration sont mis à l’arrêt, des gardiens d’immeuble alors que les états des lieux sont suspendus, et des agents techniques même si leurs interventions sont réduites à l’urgence. A contrario, certaines activités ne faiblissent pas. Il s’agit tout d’abord de la sécurité des locataires avec une relation client maintenue, voire amplifiée, et le suivi du fonctionnement des équipements, avec des prestataires qui garantissent à minima les interventions urgentes. Je n’oublierai pas enfin le rôle de nos agents d’entretien : le nettoyage des résidences doit être maintenu mais nous adaptons les plages horaires de travail afin de les concentrer en matinée, et limiter ainsi la présence sur site. L’essentiel est donc en état de marche et pour le reste un fonctionnement en mode dégradé est accepté. Après l’effervescence de la première phase où il faut parer au plus pressé, vient la 2e phase, une dizaine de jours après, permettant d’ajuster les actions ou de les compléter. Nous y sommes.

Plus de 70 personnes sont appelés chaque jour

Le mot d’ordre est ici de s’inscrire dans la solidarité nationale en mobilisant toutes les capacités de l’Office. Il s’agit tout d’abord de solidarité envers nos locataires, et parmi eux les plus fragiles, en premier lieu nos ainés, soit 1 400 de nos locataires (sur 7 639 logements). Nous décidons ainsi de mettre en place un dispositif « une ligne solidaire » qui s’adresse aux locataires de plus de 70 ans. Une équipe d’HSA est organisée spécifiquement pour écouter ces personnes, s’assurer qu’elles vont bien, qu’elles sont entourées dans leur vie quotidienne (famille, voisins/amis, CCAS Centre communal d’action sociale …), de vérifier que l’essentiel de leurs besoins est garanti (manger, faire les courses, assurer leurs besoins médicaux …) et de rappeler les gestes barrières et la distanciation sociale. Plus de 70 personnes sont appelés chaque jour.

Un relais est effectué avec les professionnels de leur commune (CCAS) et si besoin la cellule psychologique mise en place par l’hôpital de la côte basque. Solidarité également vis-à-vis de nos autres clients : suspension des paiements des loyers des commerces en difficulté de trésorerie, bienveillance dans les impayés temporaires des locataires. Solidarité enfin vis-à-vis de nos partenaires : le paiement des entreprises dans des délais courts est une priorité pour HSA, afin de soulager celles en difficultés financières.

Réactiver les instances de décision de l’Office

A côté de ces actions solidaires, la vie courante des dossiers reprend, la visioconférence devient la règle et permet de réactiver les instances de décision de l’Office. De nouveaux modes de travail sont mis en avant. Outre le contact téléphonique toujours maintenu, les locataires sont incités à utiliser l’espace locataire qui leur offre l’accès à des démarches depuis chez eux. Il s’agit aussi de préparer la reprise des activités de terrain avec des commandes de masques et autres protections permises par des groupements de commandes entre organismes HLM, sachant que le stock de masques dont nous disposions a été mis à disposition de l’EHPAD Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes Harambillet à Bayonne, qui nous semblait plus prioritaire pour leur utilisation.

Peu affecté économiquement pour l’instant par la crise, HSA n’entend pas utiliser les dispositifs de chômage partiel pour certaines catégories d’agents dont l’activité s’est fortement amenuisée, considérant que ce dispositif serait financé par le budget national. Pour cette sous activité, la solidarité est de mise au sein même d’HSA avec la mobilisation de 5 jours de congé sur avril pour tout notre personnel, hors agents d’entretien qui ne peuvent bénéficier du travail à distance.

Le monde HLM a toujours été là comme un amortisseur en temps de crise

HSA est donc en 1e ligne pour assurer ses missions, préserver le bien vivre de nos locataires tout en assurant leur sécurité et celle de nos collaborateurs. Je n’oublie pas le rôle important des associations de locataires qui œuvrent au quotidien pour renforcer l’entraide entre résidents et faire le lien avec nos équipes. Il conviendra de tirer des enseignements de cette crise, comme l’a rappelé le Président de la République. Si le domaine de la santé doit être placé en dehors des lois du marché, il faudra aussi s’interroger sur celui du logement social, qui ne peut se résumer à des coûts et des charges. Ne faisons pas les mêmes erreurs qui consisteraient à affaiblir notre modèle français, comme cela est de plus en plus le cas.

Le monde HLM a toujours été là comme un amortisseur en temps de crise, donnons-lui les moyens de poursuivre dans cette voie. Une suspension de la réduction de loyer de solidarité et d’autres prélèvements, un moratoire sur les rapprochements imposés entre organismes seraient de nature à redonner de la sérénité et nous permettre d’accomplir pleinement nos missions, alors que le choc économique à venir aura nécessairement des effets indirects sur nos organismes.

Lausséni Sangaré


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Parcours

Habitat Sud Atlantic (HSA)
Directeur de la gestion territorial

Établissement & diplôme

Université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA)
DESS Droit

Fiche n° 39241, créée le 17/04/2020 à 12:22 - MàJ le 17/04/2020 à 12:29

Habitat Sud Atlantic (HSA)

• Office public de l’Habitat rattaché à la Communauté d’Agglomération Pays Basque (CAPB)
Création : 2017
Missions : aménageur, constructeur et gestionnaire
Directeur général : Lausséni Sangaré
Parc : 7 600 logements
Tél. : 05 59 58 40 00
Fax. : 05 59 63 38 06

Catégorie : Bailleurs sociaux


Adresse du siège

2, chemin Abbé Edouard Cestac
64100 Bayonne France


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Fiche n° 9809, créée le 17/04/2020 à 11:46 - MàJ le 17/04/2020 à 12:12

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