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Exclusif« Sur les 10 Md€ prévus pour le NPNRU, nous serons à 40 Md€ de dépenses totales » (O. Klein, ANRU)

News Tank Cities - Paris - Entretien n°122744 - Publié le 27/06/2018 à 08:30
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Nicolas Grivel (à g.) et Olivier Klein. - ©  BB

« Quand on parle des 48 Md€ de l’ANRU Agence nationale pour la rénovation urbaine 1, il ne s’agit pas strictement des subventions de l’ANRU mais bien de l’ensemble des dépenses des acteurs de la rénovation urbaine. Il y a un effet multiplicateur par 4 de ce que l’ANRU investit dans des projets de renouvellement urbain en moyenne. Sur les 10 Md€ prévus pour le NPNRU Nouveau programme national de renouvellement urbain , nous serons à 40 Md€ de dépenses totales (…). Nous avons commencé à signer les 1e conventions opérationnelles en 2017. L’ensemble des conventions des 450 quartiers sera validé d’ici à la fin 2019 », indique Olivier Klein, président de l’ANRU, le 26/06/2018.

Au cours des dernières semaines, l’ANRU a validé plusieurs projets de priorité nationale à Meaux (200 M€ d’investissements), à Boulogne-sur-Mer (215 M€), à Valenciennes (350 M€), à Évry (136 M€), à Perpignan (194 M€), à Villeurbanne (93 M€) et Clichy-sous-Bois (320 M€). « D’ici à mi-juillet 2018, seront examinés par le comité national d’engagement les projets d’Angers, d’Avignon, d’Évreux, de Grenoble, de Valence et de Romainville. Par ailleurs, 45 projets de priorité régionale, parmi les plus ambitieux financièrement, ont été validés le 11/06/2018. Ils portent sur des territoires très variés, dont La Rochelle, Le Havre, Dijon, Saint-Brieuc, Limoges, Aurillac, Vierzon, Châteauroux, Aix en Provence, Moissy Cramayel, Savigny-le-Temple, Chanteloup-les-Vignes… Au total, ces 45 projets représentent un concours financier de l’ANRU de 580 M€ », précise Olivier Klein qui « plaide pour que l’État inscrive a minima en autorisations d’engagement dans le PLF 2019 un montant équivalent aux dépenses prévues sur le quinquennat, soit 200 M€ pour les 4 années restantes. Il y a une question de crédibilité et de visibilité pour les partenaires ».

Olivier Klein répond aux questions de News Tank.


« L’ensemble des conventions des 450 quartiers sera validé d’ici à la fin 2019 »

Pouvez-vous nous dire comment évoluent les programmes PNRU (500 quartiers d’habitat social rénovés ; 50 Md€ de travaux…) et le NPNRU (450 quartiers ; 40 Md€ de travaux…) ?

Nous serons au rendez-vous des près de 50 Md€ d’investissements prévus d’ici à la clôture du programme à la fin 2020 »

Nous sommes dans la phase de transition entre le 1e et le 2e programme. Concernant le PNRU lancé en 2004, nous sommes en fin de programme mais il reste encore à finir des démolitions et des constructions de logements, mais aussi d’équipements publics, des commerces, des écoles… Nous serons au rendez-vous des près de 50 Md€ d’investissements prévus d’ici à la clôture du programme à la fin 2020. Dans le même temps, le NPNRU a été lancé en 2014. Depuis, nous avons autorisé des démarrages d’opérations anticipées, notamment quand il y avait des urgences mais la période a surtout été marquée par une phase de préfiguration voulue par le législateur qui a permis de mener toutes les réflexions préalables aux travaux. Nous avons commencé à signer les premières conventions opérationnelles en 2017. L’ensemble des conventions des 450 quartiers sera validé d’ici à la fin 2019. Des programmes du PNRU seront finalisés dans le NPNRU. La réalité, c’est que la rénovation urbaine est un programme continu. C’est pourquoi je ne suis pas sûr qu’en termes de compréhension, parler de plan 1 et de plan 2 ait du sens. C’est un choix qui remonte à plusieurs années. C’était peut-être une erreur de communication et de continuité entre les 2 programmes.

Pourquoi l’ANRU est-elle critiquée pour certaines lenteurs ?

Il y a des visions parfois différentes entre les bailleurs et une ville ou une agglomération qu’il convient de faire converger »

Des porteurs de projets et des habitants ont pu trouver le temps long, et se plaindre du dispositif. Mais il y a des raisons objectives à cela. Par exemple, il peut y avoir des freins administratifs entre une intercommunalité et une ville. Il y a aussi des visions parfois différentes entre les bailleurs et une ville ou une agglomération qu’il convient de faire converger notamment dans le cadre des protocoles de préfiguration. Enfin, il y a eu aussi un contexte budgétaire compliqué pour les bailleurs sociaux avec les mesures APL qui a pu provoquer un arrêt des réflexions sur les projets le temps que chacun évalue finement quels conséquences opérationnelles en tirer. Maintenant que les projets arrivent à maturation et que les conditions financières sont stabilisées, nous accélérons très fortement ! Au cours des dernières semaines, l’ANRU a été amenée à valider plusieurs projets. C’est le cas des projets de priorité national des quartiers de Meaux (200 M€ d’investissements), de Boulogne-sur-Mer (215 M€ d’investissements), de Valenciennes (350 M€ d’investissements), d’Evry (136 M€ d’investissements), de Perpignan (194 M€ d’investissements), de Villeurbanne (93 M€ d’investissements) et Clichy-sous-Bois (320 M€ d’investissements). D’ici à la mi-juillet 2018, seront examinés également par le comité national d’engagement les projets d’Angers, d’Avignon, d’Evreux, de Grenoble, de Valence et de Romainville. Par ailleurs, 45 projets de priorité régionale parmi les plus ambitieux financièrement ont été validés le 11/06/2018. Ils portent sur des territoires très variés, dont par exemple la Rochelle, le Havre, Dijon, Saint-Brieuc, Limoges, Aurillac, Vierzon, Châteauroux, Aix-en-Provence, Moissy Cramayel, Savigny-le-Temple, Chanteloup-les-Vignes… Au total, ces 45 projets représentent un concours financier de l’ANRU de 580 M€. La machine est donc bien lancée.

Comment vous situez-vous par rapport à l’opération « Cœur de quartiers », annoncée par Emmanuel Macron, et au rapport de Jean-Louis Borloo sur les quartiers ?

Je partage en partie l’analyse et le diagnostic de Jean-Louis Borloo. Oui nous devons faire plus pour le renouvellement urbain, en lien et en proximité avec les élus locaux. Sur l’idée de la fondation qu’il proposait, je suis sceptique. Il ne faut pas sortir l’action de l’ANRU du giron de l’État. La rénovation urbaine a besoin du pouvoir régalien de l’État et de son implication. Emmanuel Macron a cité plusieurs fois l’ANRU dans ses discours, soulignant ainsi son rôle. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut toucher à rien au sein de l’ANRU. Le conseil d’administration du 25/05/2018 a ainsi décidé de changements afin de sécuriser financièrement les bailleurs et les porteurs de projets dans un but d’accélération et de simplification des projets.

Poursuivez-vous le travail engagé dans le cadre du Pacte de Dijon, notamment sur la place des métropoles dans la rénovation urbaine en contrepartie d’une plus grande implication dans les instances de l’ANRU ?

Il ne suffit pas de mobiliser le droit commun pour dire que l’on fait de la politique de la ville »

Le Pacte de Dijon dit des choses importantes. Il faut un engagement de tous les territoires et impliquer les départements, les métropoles, les régions. Les régions doivent être présentes et inscrire le renouvellement urbain dans leur action, au-delà des seuls projets d’intérêt régional. Les Départements doivent aussi être impliqués au-delà de leurs prérogatives naturelles. Il ne suffit pas de mobiliser le droit commun pour dire que l’on fait de la politique de la ville. Si l’on veut un programme de renouvellement urbain à la hauteur des ambitions, cela passe par l’ANRU qui doit tenir son rang bien sûr, mais cela passe aussi par un engagement de tout le monde. Au-delà des villes, il faut mobiliser les intercommunalités ou les métropoles. La question se pose de savoir comment les intercommunalités se positionnent sur la reconstitution de l’offre, comment construire du logement social de manière équilibrée, sans isoler les PLAI d’un côté et les PLS de l’autre, pour préserver une certaine mixité sociale. Les problématiques du renouvellement urbain ne sont pas liées seulement à des dysfonctionnements de l’ANRU. Jean-Louis Borloo a joué un rôle important de ce point de vue en invitant l’ensemble des acteurs à partager un diagnostic et des propositions communes. C’est ce que j’essaie de faire depuis que je suis président de l’ANRU en rencontrant les élus et en les mobilisant en lien avec le Gouvernement pour faire avancer un certain nombre de propositions.

Sur les 222 villes du plan Cœur de ville, quel est le lien avec les quartiers ANRU ?

Il y a des quartiers cœur de ville qui sont des quartiers ANRU. Il y a des quartiers cœur de ville qui ne sont pas ANRU mais dans des villes dans lesquelles il y a des quartiers Anru. Pour être précis, sur les 222 villes Action Cœur de ville, 138 bénéficient d’un projet en cours financé par l’ANRU. Le quartier traité par l’ANRU est parfois celui de centre-ville (40 villes) mais dans tous les cas il y a une vraie complémentarité pour la stratégie habitat et stratégie économique par exemple ou la possibilité d’envisager que la reconstruction de l’offre de logements sociaux démolis en périphérie puisse se faire en centre ville. L’implantation des commerces ne peut non plus se penser à la seule échelle d’un quartier, qu’il soit en centre-ville ou en périphérie.

Concernant les financements, quelles sont les garanties de l’ANRU, notamment au sujet du doublement du NPNRU ?

La difficulté vient du fait que le financement des projets de renouvellement urbain ne s’arrête pas aux subventions de l’ANRU »

Le doublement du montant financier du NPNRU est acté. Nous allons signer en juillet 2018 la convention tripartite ANRU/État/Action Logement pour le passage de 5 à 7 Md€ de la contribution d’Action Logement. Ce passage est déjà inscrit dans la convention quinquennale entre l’État et Action Logement depuis janvier 2018. De son côté, l’USH a confirmé l’engagement des bailleurs à hauteur de 2 Md€ à travers la signature d’une convention avec l’Etat signée en février dernier. Enfin, l’État a voté dans la loi de finances pour 2018 son engagement à hauteur de 1 Md€ sur toute la durée du programme. Cette année, l’État a contribué à hauteur de 15 M€. Je plaide pour que l’État inscrive a minima en autorisations d’engagement dans le PLF 2019 un montant équivalent aux dépenses prévues sur le quinquennat. Cela correspond à 200 M€ pour les 4 années restantes. Il y a une question de crédibilité et de visibilité pour les partenaires. Au total, nous sommes bien aux 10 Md€.

N’est-il pas de votre rôle de dissiper le flou ou les atermoiements qui entourent les montages financiers ?

Il y a un effet multiplicateur par 4 de ce que l’ANRU investit dans des projets de renouvellement urbain en moyenne »

La difficulté vient du fait que le financement des projets de renouvellement urbain ne s’arrête pas aux subventions de l’ANRU. Quand on parle des 48 Md€ de l’ANRU 1, il ne s’agit pas strictement des subventions de l’ANRU mais bien de l’ensemble des dépenses des acteurs de la rénovation urbaine. Il y a un effet multiplicateur par 4 de ce que l’ANRU investit dans des projets de renouvellement urbain en moyenne. Sur les 10 Md€ prévus pour le NPNRU, nous serons à 40 Md€ de dépenses totales. Tout le monde souhaite qu’on accélère mais nous avons des bailleurs sociaux qui apportent localement près de la moitié du financement des projets qui sont une situation financière parfois complexe. Une grande partie des mesures d’accélération adoptées lors de notre conseil d’administration du 25/05/2018 étaient justement de nature mieux financer les opérations sur lesquels nous les sentions particulièrement frileux. C’était le cas des démolitions ou des reconstructions en zone tendue par exemple. Cela ne compensera pas, bien entendu, l’ensemble de leurs pertes de recettes. Mais ça va permettre de débloquer de nombreuses situations.

Comment allez-vous travailler avec l’agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) dont le préfigurateur, Serge Morvan, est membre du Conseil d’administration de l’ANRU ?

Le président de la République s’exprimera probablement sur l’Agence de la cohésion des territoires dans les prochaines semaines. Attendons donc ses conclusions mais je ne crois pas à une fusion ou une absorption de l’ANRU dans l’agence de cohésion des territoires. L’ANRU sera un partenaire privilégié, déjà par la présence de Serge Morvan au conseil d’administration de l’ANRU, ensuite et surtout par le lien avec les dispositifs de politique de la ville qu’elle animera.

Comment voyez-vous l’évolution de la gouvernance de l’ANRU, qui fait l’objet de spéculations ?

Ce sont les porteurs de projets qui doivent être impliqués dans les grandes décisions que prend l’Agence »

L’évolution de la gouvernance de l’ANRU fait partie des propositions portées par Jean-Louis Borloo dans son rapport. Nous discutons avec nos partenaires et le Gouvernement pour en apprécier l’opportunité. À titre personnel, si des évolutions étaient décidées, je pense que les élus et les collectivités locales devraient jouer un rôle important. Ce sont eux, les porteurs de projets, qui doivent être impliqués dans les grandes décisions que prend l’Agence.

Olivier Klein


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Parcours

Académie de Strasbourg
Recteur
Ville de Clichy-sous-Bois
Maire
DILCRAH
Délégué interministériel contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT
Société des grands projets (SGP)
Président du conseil de surveillance
Ville de Clichy-sous-Bois
Maire
Ville de Clichy-sous-Bois
Premier adjoint, chargé de la politique de la ville et du renouvellement urbain
Communauté de communes puis Communauté d’agglomération de Clichy-sous-Bois Montfermeil
Vice-président, chargé des équipements publics communautaires et de la politique de la ville
Ville de Clichy-sous-Bois
Premier adjoint, chargé de l’enfance et de la jeunesse

Fiche n° 28634, créée le 06/02/2018 à 15:06 - MàJ le 27/06/2024 à 10:02

Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru)

• Établissement public à caractère industriel et commercial
• Création :
2004
• Missions : apporter son soutien financier aux collectivités locales, aux établissements publics et aux organismes privés ou publics qui conduisent des opérations de rénovation urbaine, agir dans divers domaines : renouvellement urbain, habitat dégradé, investissements d’avenir, investissement privé, innovation en faveur de la jeunesse, innovation environnementale, urbanisme, aménagement, logements et équipements.
• Siège social : Paris
• Budget : 12 Md€ au titre du Nouveau programme national de rénovation urbaine (NPNRU) sur la période 2014-2030
• Président  : Jean-Baptiste Dolci (par intérim depuis le 07/02/2024)
• Directrice générale : Anne-Claire Mialot
• Directeur de cabinet de la directrice générale, chargé de la direction des relations publiques et de la communication : Maxance Barré
• Effectifs (siège) : 130 collaborateurs
• Contact : Camille Maire, chargée de relations presse et relations institutionnelles
• Tél. : 01 53 63 56 89


Catégorie : Etat et autorités publiques


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Fiche n° 6344, créée le 25/01/2018 à 10:22 - MàJ le 31/10/2024 à 15:38

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Nicolas Grivel (à g.) et Olivier Klein. - ©  BB