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ExclusifSmart city : « La ville intelligente est une ville cognitive » (E. François, Smart Buildings Alliance)

News Tank Cities - Paris - Interview n°128142 - Publié le 06/09/2018 à 20:16
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Emmanuel François, président de la Smart Buildings Alliance - ©  D.R.

« La ville intelligente est une ville cognitive, c’est-à-dire qu’elle s’adapte aux citoyens. En matière de smart city, tout part de l’usage. La technologie doit permettre d’optimiser et de rendre ces services accessibles au plus grand nombre. Ce doit être l’objet du smart territoire comme du smart building, en développant une plateforme de services dans les domaines de la mobilité partagée, de la santé, du commerce… », indique à News Tank Emmanuel François, président de la Smart Buildings Alliance • Association de professionnels Création : 2012 Missions : accompagner les acteurs de l’industrie du bâtiment et des territoires autour de la thématique du numérique, organiser la convergence… , aux universités d’été de l’association à Lyon, les 05 et 06/09/2018

« Il ne s’agit plus de développer des solutions verticales avec un usage ou un service unique. Il s’agit de développer une interopérabilité des usages et des services, avec une seule infrastructure (…). C’est l’objet du label R2S Ready2Services - Cadre de référence de la Smart building alliance (labellisé en 2017 par Certivéa) pour la maîtrise d’ouvrage afin que le bâtiment puisse s’interconnecter avec son environnement dédié au bâtiment intelligent que nous avons lancé avec Certivéa en juin 2018 ».

« Les principaux acteurs du secteur du bâtiment souhaitent, pour les projets de rénovation ou de construction neuve, adopter le label R2S. C’est un acquis. Dans le résidentiel, les principaux acteurs du résidentiel, la promotion immobilière ou les bailleurs sociaux (…), ont compris qu’il y avait matière à valoriser et à pérenniser les bâtiments. Parmi les bailleurs sociaux, CDC Habitat, I3F, Habitat 76 et, plus largement, l’USH sont très intéressés ».

« C’est la maîtrise d’ouvrage qui a tiré R2S et indiqué lors de son lancement en juin 2018, que ce label serait un critère primordial en France et à l’international. Je pense aux foncières comme CBRE et JLL… L’autre critère intéressant pour les investisseurs, c’est la santé. Avec R2S, on pourra avoir une meilleure connaissance de l’environnement extérieur et intérieur dans lequel vivent les personnes ».

Emmanuel François répond aux questions de News Tank.


« Nous répondons à un vide qui consiste à qualifier ce qu’est le bâtiment intelligent »

Vous avez lancé avec Certivéa le label Ready 2 Service (R2S Ready2Services - Cadre de référence de la Smart building alliance (labellisé en 2017 par Certivéa) pour la maîtrise d’ouvrage afin que le bâtiment puisse s’interconnecter avec son environnement ) pour le bâtiment intelligent en juin 2018. Quel est l’intérêt pour les constructeurs et les villes ?

Nous avons lancé Ready 2 Services (R2S) fin juin 2018, résultat d’un long travail collaboratif de tous les acteurs de la SBA. Plus on avançait, plus nous répondions à un vide, français et mondial, qui consiste à qualifier ce qu’est le bâtiment intelligent. Nous avons répondu à la problématique de la confidentialité des données, de leur sécurisation, de la sécurité des systèmes, de leur interopérabilité et leur connectivité.

L’ADN de Ready 2 Services, ce sont des systèmes ouverts, interopérables et sécurisés »

L’ADN de Ready 2 Services, ce sont des systèmes ouverts, interopérables et sécurisés. Parce que c’est interopérable il permet de mutualiser des équipements et des infrastructures, non plus pour un seul service mais pour X services. Cette évolution est fondamentale parce qu’elle a un impact économique et durable ; C’est évolutif. C’est sur cet aspect qu’on apporte une réponse à la problématique actuelle. Jusqu’à présent on se cantonnait à faire des bâtiments intelligents et même des villes intelligentes, simplement en se focalisant sur un service. Pour le bâtiment, c’était l’efficacité énergétique. Pour la ville intelligente, l’éclairage intelligent… Mais ça n’allait pas au-delà.

Aujourd’hui, on met en place une infrastructure et des équipements qui vont pouvoir servir pour d’autres services, avec un coût marginal. Il suffira de n’ajouter qu’un capteur, ou de développer une application sur la même infrastructure, pour apporter d’autres services.

Vous avez rencontré des obstacles ?

Il suffira parfois de n’ajouter qu’un capteur ou de développer une application, sur la même infrastructure, pour apporter d’autres services »

Il est clair que c’est disruptif. Cela dérange les habitudes des acteurs qui fonctionnent de manière uniquement verticale. Avec le label R2S, vous faites une croix sur ce type de fonctionnement. Si vous déployez un équipement, il faut qu’il puisse être utilisé par d’autres services. C’est fondamental, même si cela heurte beaucoup de modèles économiques. On a pu avoir du mal à avancer au départ, parce que cette logique dérange. Mais le secteur de la maîtrise d’ouvrage et les villes ont été décisifs sur le sujet. Ils ont montré leur grand intérêt pour ce label qui permet non seulement de maîtriser les coûts, mais également d’arrêter de construire des bâtiments qui, dès leur livraison sont obsolètes parce qu’ils ne sont pas interopérables avec le quartier.

C’est la maîtrise d’ouvrage qui a tiré R2S et indiqué lors de son lancement en juin 2018, que ce label serait un critère primordial en France et à l’international. Je pense aux foncières comme CBRE et JLL… L’autre critère intéressant pour les investisseurs, c’est la santé. Avec R2S, on va pouvoir avoir une meilleure connaissance de l’environnement extérieur et intérieur dans lequel vivent les personnes, et piloter le bâtiment en fonction. Il sera possible de piloter un bâtiment devenu cognitif, c’est-à-dire qui s’adapte aux usagers. La ville intelligente est une ville cognitive, c’est-à-dire qu’elle s’adapte aux citoyens.

Comment est accueilli le label, après 3 mois d’existence ?

Nous l’avons lancé dans le tertiaire, avec déjà depuis juin quelques bâtiments R2S, environ une quinzaine. Mais surtout la plupart des principaux acteurs du secteur souhaitent, pour les projets de rénovation ou de construction neuve adopter le label R2S. C’est un acquis. Dans le résidentiel, les principaux acteurs du résidentiel, que ce soit la promotion immobilière ou les bailleurs sociaux souhaitent porter R2S parce qu’ils ont compris qu’il y avait matière à valoriser et à pérenniser les bâtiments. Parmi les bailleurs sociaux, CDC Habitat, I3F, Habitat 76 et plus largement l’USH sont très intéressés. Forts de cela, nous pouvons internationaliser le label et nous avons de très bons retours. Nous allons internationaliser la SBA.

Quels pays visez-vous ?

Nous démarrons en Suisse dans un mois. Un pré-lancement en Angleterre est prévu en octobre 2018. En 2019, nous visons l’Allemagne, l’Italie, la Belgique, le Luxembourg, le Canada, l’Espagne »

Nous démarrons en Suisse dans 1 mois, un pré-lancement en Angleterre est prévu pour le mois d’Octobre 2018, et à partir de l’année 2019 nous souhaitons démarrer l’Allemagne, l’Italie, la Belgique, le Luxembourg, le Canada, l’Espagne. À chaque fois nous nous associerons avec des acteurs en place. Par exemple en Allemagne, le syndicat DGNB qui porte 400 adhérents souhaite porter R2S parce qu’il y trouve un véritable intérêt. La Commission européenne nous encourage également à déployer ce label au niveau des pays européens en complément du SRI qui est le Smart Readyness Indicator, qui est un indicateur de performance de services pour les bâtiments.

Concernant la charte du BIM Building Information Modeling - Maquette numérique ou modélisation des informations (ou données) du bâtiment et des infrastructures liées éditée en février 2018, l’idée était de faire le pont entre maquette statique et maquette dynamique des bâtiments, en intégrant le RGPD Règlement général sur la protection des données , et d’aller vers la création d’un label sur le modèle de R2S Ready2Services - Cadre de référence de la Smart building alliance (labellisé en 2017 par Certivéa) pour la maîtrise d’ouvrage afin que le bâtiment puisse s’interconnecter avec son environnement . Où en est-on ?

Nous travaillons avec le Syntec sur la partie BIM construction et exploitation, pour déboucher sur un label BIM »

Il y a encore du travail, en étroite collaboration avec le Syntec sur la partie BIM Building Information Modeling - Maquette numérique ou modélisation des informations (ou données) du bâtiment et des infrastructures liées construction et exploitation et qui est sur le point de déboucher sur un label BIM. L’objectif est de rapprocher R2S Ready2Services - Cadre de référence de la Smart building alliance (labellisé en 2017 par Certivéa) pour la maîtrise d’ouvrage afin que le bâtiment puisse s’interconnecter avec son environnement de ce label, pour qu’il y ait un lien dynamique entre la maquette numérique et les données qui émergent du bâtiment. Il s’agit d’un point clé. Les 2 sont intimement liés. À terme, le label R2S intégrera de facto cette dimension BIM.

Ce sera une évolution de R2S ou une coopération des 2 labels ?

L’un ou l’autre mais de toutes façons ils seront liés. C’est simplement une question de timing. R2S est lié aux systèmes, aux équipements et on peut le faire maintenant. La maquette numérique à ce jour n’est pas encore une obligation. Il serait trop contraignant de lier R2S au BIM de ce fait.

Le secrétaire d’État, Julien Denormandie, a indiqué lors du BIM World que le Gouvernement hésitait entre : l’imposer par la réglementation ou faire adhérer à la démarche, avant d’opter pour la 2e option. Pensez-vous que le marché va l’imposer ?

Oui. Cela va s’imposer de toutes façons. La convergence se fera d’ici à 2 à 3 ans. Nous travaillons sur ce sujet avec Syntec. Mais la SBA a comme toujours une politique de la main tendue et de la porte ouverte, notamment avec HQE qui a été notre partenaire sur R2S, et aux autres fédérations et syndicats professionnels. C’est important car ne nous faisons pas les choses dans notre coin. Simplement, nous sommes convaincus qu’il faut agir et nous laissons de côté le politique pour l’action. Le politique est parfois nécessaire mais en l’occurrence il faut agir.

Comment définissez-vous la Smart city ?

La Smart-city devrait être l’association de la ville, telle qu’elle était dans l’antiquité ou au moyen-âge en utilisant les technologies. L’homme n’a pas foncièrement changé. On essaie de le mettre dans des cases mais il ne change pas. Ce n’est pas la technologie qui va changer l’homme. Aujourd’hui on a accouché de ghettos, la majeure partie des gens veulent quitter la ville. Il faut redonner une dimension humaine à la ville, revenir à l’activité économique locale. Il y a cette notion d’intelligence, cette notion de service. C’est la raison pour laquelle dans mon discours introductif des universités d’été de la SBA ce matin, j’ai parlé de plateforme de service. Ce retour à une échelle humaine passe par le développement d’une ou plusieurs plateformes de services à l’échelle du bâtiment, à l’échelle d’un quartier, à l’échelle d’une ville ou d’une métropole. Il faut déjà que cela se développe dans un rayon local, et c’est pour cela que c’est une et des plateformes qu’il faut, et que l’interopérabilité est d’une importance majeure.

La plateforme de services fédère et agrège les services. Elle permet à un usager connecté d’y avoir accès en temps réel »

La plateforme de services fédère et agrège les services. Elle permet à un usager connecté d’avoir accès à ces services, de les connaître en temps réel. Par exemple de savoir qu’un commerce éphémère a ouvert et que l’usager peut en profiter, de savoir qu’une cabine d’e-santé est disponible, qu’une livraison est arrivée dans tel casier, que telle personne a besoin d’un service et que c’est maintenant… Tout cela n’est possible aujourd’hui que parce qu’on a une plateforme et une interconnexion entre le citoyen, son environnement et le quartier. Ça passe par une organisation humaine : l’opérateur de service, le tiers de confiance, je citerai le rôle du community organizer. Cela peut être le shérif, le majordome, le concierge ou que sais-je encore… C’est-à-dire qu’à l’échelle d’un quartier, d’une organisation humaine, cette personne est là pour organiser la bonne marche des services. Cela peut être bien sûr une ou plusieurs personnes, mais l’important c’est qu’il y a forcément des hommes qui agissent.

Pour un bâtiment disposant d’une plateforme de services, il y a forcément un “community organizer” »

Pour un bâtiment disposant d’une plateforme de services, il y a forcément un community organizer qui s’assure que les services se font bien. Si on a, comme le proposait Bouygues hier, des bâtiments à haute qualité d’usage, donc avec une optimisation de l’utilisation, cela veut dire qu’on a un partage des usages dans le temps pour des usages différents. Entre ces usages différents il faut bien entendu assurer une transition. Elle ne peut se faire que par l’intervention humaine, donc cela crée de l’emploi. Certaines choses peuvent être automatisées ou robotisées, mais il y aura toujours un community organizer, suivant l’échelle où l’on se situe (Bâtiment/quartier/ville) et il y aura également un maire qui doit se réinventer.

Dans cet univers technologique, qui décide, qui dirige et avec quelle légitimité ?

La smart city passe par une gouvernance partagée entre public, privé et citoyens. Tous les acteurs doivent être impliqués »

La smart city passe par une gouvernance partagée public, privé et citoyens. Tous les acteurs doivent être impliqués et responsabilisés. Quelque part il faut réinventer la démocratie et la notion de gouvernance doit être repensée. Nous vivons une vraie révolution qui impacte toute notre organisation sociale. Il y a un défi identitaire. L’identité qui était liée à l’écrit est en train de changer au profit d’une époque qui est dans la réécriture permanente. Pour vous donner une image, il y a plus d’adhérents sur Facebook que de catholiques dans le monde. Cela montre les enjeux autour de la notion d’identité. C’est un des défis auxquels il faut répondre, et je tente de le faire à travers la création de la fondation MAJ que j’ai annoncée le 05/09 en ouverture des universités d’été de la SBA. Il faut recréer le lien social et éviter que le seul repère pour les citoyens soit un repère lié aux réseaux sociaux.

Entre une vision technologique de la smart city et une autre privilégiant les usages, comment vous situez-vous ?

En matière de smart city, tout part de l’usage. La technologie doit permettre d’optimiser et surtout de rendre ces services accessibles au plus grand nombre »

En matière de smart city, tout part de l’usage. C’est pourquoi j’évoquais les services comme un élément primordial. La technologie doit permettre d’optimiser et surtout de rendre ces services accessibles au plus grand nombre. Ce doit être l’objet du smart territoire comme du smart-building, en développant une plateforme de services par exemple dans les domaines de la mobilité partagée, de la santé, du commerce… C’est là où la Smart Buildings Alliance est importante. Il ne s’agit plus de développer des solutions verticales avec un usage ou un service unique. Il s’agit de développer une interopérabilité, avec des usages et des services, mais avec une seule infrastructure C’est l’objet du label R2S dédié au bâtiment intelligent que nous avons lancé avec Certivéa en juin 2018.

Emmanuel François


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Parcours

Enocean
Directeur commercial Europe de l’Ouest et directeur de marché « Smart Building »
Wirecom technologies
Directeur commercial
Wieland Electric
Directeur général France
Capri
Directeur commercial
ABB
Directeur commercial
Exide electronics (UPS)
Directeur des ventes
Schneider Electric
Ingénieur commercial grands comptes informatiques
Bayer
Ingénieur commercial Grand Est

Établissement & diplôme

EBS Paris (European Business School Paris)
Diplômé

Fiche n° 32648, créée le 06/09/2018 à 17:10 - MàJ le 06/09/2018 à 17:30

Smart Buildings Alliance (SBA)

• Association de professionnels
Création :
2012
Missions : accompagner les acteurs de l’industrie du bâtiment et des territoires autour de la thématique du numérique, organiser la convergence des différents métiers de la filière : collectivités, aménageurs, foncières, bailleurs, promoteurs, constructeurs, architectes, bureaux d’études, cabinets de conseil, équipementiers, intégrateurs, installateurs, opérateurs télécom, industriels de l’informatique et des réseaux, éditeurs de solutions logicielles, énergéticiens, exploitants, sociétés de services. À l’origine du référentiel Ready2Services labellisé Certivéa.
Adhrents : 300 membres
Président : Emmanuel François
Tél. : 06 60 65 56 18
Contact : Dominique Briquet, assistante

Catégorie : Association, Fondation


Adresse du siège

21, chemin des Esses
69370 Saint-Didier-au-Mont-d’Or France


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Fiche n° 6688, créée le 28/02/2018 à 02:22 - MàJ le 26/04/2019 à 12:30

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Emmanuel François, président de la Smart Buildings Alliance - ©  D.R.