« Urgent d’agir massivement pour favoriser les modes de transport durables » (P. Berteaud, Cerema)
Élisabeth Borne
Présidente des forums et du conseil stratégique @ Sistemic • Députée de la 6ᵉ circonscription du Calvados @ Assemblée nationale
, ministre de la Transition écologique et solidaire, vient d’annoncer (le 30/04/2020) un plan vélo pour les villes. Ce plan est exceptionnel par son ampleur et son objectif. Il peut changer profondément nos comportements et installer durablement un mode alternatif à nos modes de déplacements traditionnels. Il est temps d’agir massivement pour favoriser ces modes de transport éminemment durables et de faciliter le multimodal : marche, vélo, véhicules partagés…, écrit Pascal Berteaud
Directeur général @ Cerema
• Pascal Berteaud est X-Ponts. Il a occupé différents postes de management opérationnel dans le secteur parapublic, postes en administration centrale et fonctions en cabinet.
, directeur général du Cerema
• Établissement public à caractère administratif sous tutelle des ministères de la Cohésion des territoires et de la Transition écologique• Missions : appuyer les politiques publiques en matière…
, dans une tribune adressée à News Tank en mai 2020.
Les transports collectifs rendent difficile la distanciation physique et la voirie ne pourra pas absorber un report vers les automobiles individuelles, ce qui serait de plus impactant pour le climat et, plus largement, pour la qualité de vie. Voilà pourquoi, et pour répondre aux attentes du Gouvernement, le Cerema (établissement public de l’État) préconise la mise en place généralisée et en urgence sur tout le territoire, dès le 11 mai 2020, d’aménagements provisoires afin d’augmenter les capacités de déplacement à vélo ou à pied et de répondre aux besoins de déplacements permettant de respecter les impératifs de distanciation physique.
La mise en œuvre de réseaux de pistes cyclables temporaires est une alternative décarbonée facile à mettre en œuvre dans des délais courts, tout en portant une attention particulière à la continuité des itinéraires et à la coordination des projets portés par les différents gestionnaires de voirie.
Voici la tribune de Pascal Berteaud.
Et si le monde d’après devenait la République de la bicyclette ?
Nous traversons une crise sans précédent. Le monde d’après sera-t-il différent ? Nos modes de vie, nos modes de production, l’organisation de nos territoires seront forcément à réinterroger. Le temps des mutations, des transitions va probablement se heurter au traditionnel conservatisme. Certain, nous parle du monde d’avant-hier, d’autres d’une révolution écologique. Qu’en sera-t-il réellement ? Nous sommes au moins d’accord sur un point : il faudra nous réinventer.
Les citoyens eux-mêmes devront trouver un équilibre entre une aspiration consumériste, et un besoin de sobriété volontaire. L’État, trop centralisateur pour les uns et pas assez présent pour les autres. Le monde économique qui vient de comprendre que la globalisation pouvait avoir ses propres limites. Enfin, les collectivités territoriales qui ont démontré leur capacité a la résilience et ont joué un rôle d’amortisseur exemplaire.
« Ne pas faire du vélo nuit à la santé »
Ces dernières sont en première ligne pour accompagner le déconfinement. Elles répondront présentes aussi pour accompagner et ré-imaginer les territoires et le quotidien de celles et ceux qui y vivent, y travaillent, s’y déplacent. Parmi les sujets soudains et probablement à réinventer est apparu celui de nos déplacements. Les modes actifs ont survécu aux Gilets Jaunes, aux manifestations et longues grèves de cet hiver et comme un aimable virus se sont multipliés dans toutes les catégories sociales, à la ville comme dans nos campagnes… Et si la petite reine prenait le pouvoir ? Car je le crois, « ne pas faire du vélo nuit à la santé », et ce remède est totalement disponible.
Nous le savons, de l’étape longue du déconfinement progressif, l’expérience acquise survivra au Covid-19. La mise en place d’espaces de circulation élargis et d’espaces d’attente pour les piétons, particulièrement dans les espaces de centralité où l’activité économique est dense, permettra de pouvoir gérer l’attente à distance et en sécurité mais aussi de promouvoir les circuits courts.
Cette crise peut impacter profondément et durablement la morphologie de nos territoires. Imaginons…. Imaginons à partir du 11 mai des « territoires 100 % cyclables et des villes 100 % marchables ». Il ne s’agit pas de réserver la ville aux seuls modes actifs, mais de promouvoir un partage équilibré de la voirie et de l’espace public entre tous les modes, et de favoriser dans les agglomérations et le tissu péri-urbain des déplacements totalement décarbonés.
Reconquérir l’espace public, les élus locaux seront à l’avant-garde de la vélonomie
Il est regrettable que les modes actifs restent sous-utilisés. Villes et réseaux de voirie évoluent progressivement pour accueillir dans de meilleures conditions de circulation, de sécurité et d’agrément les utilisateurs du vélo, les piétons, notamment les personnes âgées et les personnes handicapées. Cependant les progrès restent lents au regard des bénéfices que l’on peut en attendre : bénéfices environnementaux (déplacements non carbonés, aménagements végétaux), bénéfices sur la santé des pratiquants de par l’aspect « activité physique modérée » et de tous, avec à la clé, une meilleure qualité de l’air, bénéfices économiques au niveau individuel (mode de déplacement peu coûteux) comme collectif (infrastructures moins coûteuses, développement des commerces de proximité) et, enfin, bénéfices sociaux avec une ville plus accessible donc plus inclusive.
Les transports collectifs rendent difficile la distanciation physique
Élisabeth Borne, ministre de la transition écologique et solidaire, vient d’annoncer (le 30/04/2020) un plan vélo pour les villes. Ce plan est exceptionnel par son ampleur et son objectif. Il peut changer profondément nos comportements et installer durablement un mode alternatif à nos modes de déplacements traditionnels. Il est temps d’agir massivement pour favoriser ces modes de transport éminemment durables et de faciliter le multimodal : marche, vélo, véhicules partagés…
Les transports collectifs rendent difficile la distanciation physique et la voirie ne pourra pas absorber un report vers les automobiles individuelles ce qui serait de plus impactant pour le climat et, plus largement, la qualité de vie. Voilà pourquoi, et pour répondre aux attentes du Gouvernement, le Cerema (établissement public de l’État) préconise la mise en place généralisée et en urgence sur tout le territoire, dès le 11 mai, d’aménagements provisoires afin d’augmenter les capacités de déplacement à vélo ou à pied et de répondre aux besoins de déplacements permettant de respecter les impératifs de distanciation physique.
Engagé dans la réduction des « zones blanches de la mobilité”
La mise en œuvre de réseaux de pistes cyclables temporaires est une alternative décarbonée facile à mettre en œuvre dans des délais courts tout en portant une attention particulière à la continuité des itinéraires et à la coordination des projets portés par les différents gestionnaires de voirie.
En territoires peu denses, le défi sera d’adapter ces nouvelles solutions de mobilité et leurs modèles économiques pour les rendre compétitives par rapport à la voiture individuelle. Le Cerema est très engagé dans la réduction des »zones blanches de la mobilité” qui affectent les zones rurales et périurbaines, notamment à travers le déploiement de cellules locales d’appui à l’ingénierie dans le cadre de la démarche France Mobilités. Le vélo à assistance électrique permet d’envisager des déplacements efficaces au-delà de 10 km. Il peut être utilisé dans tous les territoires : urbains, périurbains ou ruraux, et permettre de franchir des distances encore plus importantes en l’associant au transport public. Le covoiturage de courte distance, le déploiement de navettes autonomes pour le “dernier kilomètre” sont autant de réponses complémentaires.
L’enjeu pour les politiques publiques est de repenser l’avenir des territoires en construisant un projet global qui intègre les enjeux d’habitat, d’urbanisme, de déplacement, de travail, de loisir dans une préoccupation essentielle et croissante d’adaptation au changement climatique. Le mot de la fin je voudrais l’emprunter à René Dubos : « Le problème n’est pas de savoir si l’homme modifiera ou non les systèmes natures, mais bien plutôt comment il le fera ». Je suis convaincu que l’avenir de nos territoires se fera avec quelques ingrédients essentiels comme la mobilisation collective, notre capacité à imaginer et porter des solutions innovantes mais aussi la volonté de la puissance publique d’accompagner les territoires dans la mise en œuvre de leurs projets durables. La mutualisation des expertises en ingénierie, celles détenues par les collectivités et celles mises à disposition des territoires par l’État par le biais de ses opérateurs sera essentielle : elle est le socle d’une intelligence territoriale commune et partagée. La carte des territoires de demain se dessine aujourd’hui et elle se dessine à pied et à vélo.
Pascal Berteaud
Directeur général @ Cerema
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Parcours
Directeur général
Coordinateur général des contrats de transition écologique
Directeur de cabinet du groupe Les Républicains
Directeur général
Directeur adjoint de cabinet
Directeur général
Directeur de l’eau
Directeur adjoint de l’eau
Directeur du service public
Conseiller technique
Sous-directeur de la prospective et des projets
Chef du département de l’aménagement et de l’urbanisme
Établissement & diplôme
Master of business administration
Ingénieur
Fiche n° 30321, créée le 02/05/2018 à 08:03 - MàJ le 05/05/2020 à 16:37
Cerema
• Établissement public à caractère administratif sous tutelle des ministères de la Cohésion des territoires et de la Transition écologique
• Missions : appuyer les politiques publiques en matière d’aménagement, de cohésion territoriale et de transition écologique et énergétique ; centre de ressources et d’expertises techniques et scientifiques ; lien entre les administrations centrales, les services déconcentrés de l’État, les collectivités territoriales et l’ensemble des acteurs qui contribuent à la mise en œuvre des politiques publiques
• Champs d’intervention : expertise et ingénierie territoriale ; bâtiment ; mobilités ; infrastructures de transport ; environnement et risques ; mer et littoral
• Création : 2014
• Présidente du conseil d’administration : Marie-Claude Jarrot (depuis 2020)
• Directeur général : Pascal Berteaud
• Directeur général adjoint, directeur de la stratégie, des relations institutionnelles et de la communication : Pascal Terrasse
• Directeur de la communication externe : Benoît Ronez
• Tél. : 06 12 73 55 56
Contact
Catégorie : Etat et autorités publiques
Adresse du siège
Cité des mobilités25 avenue François Mitterrand
69674 Bron Cedex France
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Fiche n° 6305, créée le 23/01/2018 à 11:26 - MàJ le 18/11/2024 à 12:47