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« Comment adapter la ville de demain, plus peuplée, à l’urgence climatique » (Joël Le Goff, Cobaty)

News Tank Cities - Paris - Tribune n°196312 - Publié le 16/10/2020 à 16:54
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Joël Le Goff (Cobaty) - ©  D.R.

L’environnement, un des 3 piliers de notre démarche avec la construction et l’urbanisme, fait l’objet de nombreux travaux au sein de nos commissions tant au plan de notre fédération qu’au niveau des associations locales. Après une réflexion sur l’économie circulaire dans le BTP au Congrès de Mâcon en 2018, nous nous sommes penchés lors du congrès à Paris en octobre 2019 sur les « métropoles et mégapoles » avec l’interrogation : où et comment vivrons-nous demain ? À cette occasion, nous avons pensé qu’il fallait adapter la ville de demain qui héberge une majorité de plus en plus large de la population, à l’urgence climatique. La situation la plus aigüe se rencontre là où la densité de population est la plus forte, où l’occupation du sol est trop élevée par rapport aux possibilités du territoire, écrit Joël Le Goff président fédéral @ Cobaty
, président de la fédération internationale Cobaty • Cobaty est une fédération internationale d’associations, dédiées à l’activité professionnelle concernée par l’acte de bâtir, l’urbanisme ou l’environnement. Revendique 134 associations et 4709… , dans une tribune adressée à News Tank, le 15/10/2020.

Rien qu’en France, les espaces métropolitains concentrent sur moins de 10 % du territoire plus de 50 % de la population et 80 % des constructions nouvelles. Ce sont bien les problèmes liés à cette concentration humaine, aujourd’hui inéluctable, qui doivent nous interroger. Dans ces conditions, on doit s’engager sur le « bien construire » dans la mesure où il est difficile de concilier le fait urbain et la gestion globale des ressources.

Voici la tribune de Joël Le Goff.


Des propositions pour contribuer à améliorer le cadre de vie de nos concitoyens

La fédération Cobaty réunit une grande pluralité d’hommes et de femmes, tous décideurs dans leur domaine d’activité, issus des différents métiers œuvrant dans les domaines de la construction, de l’urbanisme et de l’environnement et issus de territoires divers et même disparates. Les « cobatystes » sont dans l’action mais s’interrogent sur leurs métiers et rencontrent régulièrement à l’échelon de leurs associations locales les parlementaires, les élus locaux et les représentants des administrations centrales implantées dans nos régions et départements.

Ils ont tissé des liens de partenariat privilégiés pour approfondir leurs réflexions dans leur domaine professionnel. Une quinzaine de membres de nos associations Cobaty ont participé aux Entretiens d’Inxauseta sur le thème : « Imaginons une politique du logement ambitieuse, juste et éco-responsable ». Les échanges ont suscité un réel intérêt parmi les participants. Si nous ne sommes pas des experts en matière de politique publique, nos réflexions d’acteurs de terrain nous permettent d’émettre des propositions pour contribuer à l’amélioration du cadre de vie de nos concitoyens.

De l’éco-responsabilité à la réflexion environnementale comme leitmotiv

Dans la conjoncture actuelle largement impactée par la pandémie du Covid-19, cette démarche n’en est que plus motivée. Dans les termes « ambitieuse », « juste » et « éco-responsable », il peut apparaitre à priori difficile d’associer l’ambition à la notion d’éco-responsabilité qui peut avoir un caractère contraignant voire malthusien. Il semble donc intéressant de voir comment on peut conjuguer l’ambition d’améliorer la qualité de nos logements en répondant aux justes et légitimes besoins des familles avec le respect de notre environnement. Cobaty poursuit depuis une décennie une réflexion approfondie sur « l’éco-responsabilité » qui est la nôtre : celle de ceux qui interviennent dans l’acte de bâtir au service de l’Homme et dans le respect de son environnement.

L’environnement, 1 des 3 piliers de notre démarche avec la construction et l’urbanisme, fait l’objet de nombreux travaux au sein de nos commissions tant au plan de notre fédération qu’au niveau des associations locales. Après une réflexion sur l’économie circulaire dans le BTP au Congrès de Mâcon en 2018, nous nous sommes penchés lors du congrès à Paris en octobre 2019 sur les « métropoles et mégapoles » avec l’interrogation : « Où et comment vivrons-nous demain ? ». À cette occasion, nous avons pensé qu’il fallait adapter la ville de demain qui héberge une majorité de plus en plus large de la population, à l’urgence climatique. La situation la plus aigüe se rencontre là où la densité de population est la plus forte, où l’occupation du sol est trop élevée par rapport aux possibilités du territoire.

Rien qu’en France, les espaces métropolitains concentrent sur moins de 10 % du territoire plus de 50 % de la population et 80 % des constructions nouvelles. Ce sont bien les problèmes liés à cette concentration humaine, aujourd’hui inéluctable, qui doivent nous interroger. Dans ces conditions, on doit s’engager sur le « bien construire » dans la mesure où il est difficile de concilier le fait urbain et la gestion globale des ressources. Les Nations-Unies ont défini parmi leurs objectifs de développement durable à horizon 2030, de faire en sorte que « la ville et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables ».

Pas certain que les moyens mis en place soient à la hauteur des besoins

La consommation de nouveaux espaces urbanisés passe en premier lieu par le recyclage de l’existant, que l’on pourrait qualifier d’économie circulaire urbaine. Dans les villes moyennes de province et de la périphérie francilienne, le programme des Actions Cœur de Ville va dans le bon sens. Outre la revitalisation des centres-villes, il doit conforter le rôle moteur de ces villes dans le développement du territoire. Néanmoins, il n’est pas certain que les moyens mis en place soient à la hauteur des besoins pour assurer la reconquête et la réappropriation des centres anciens.

Si en France le parc de logements locatifs sociaux fait l’objet d’un niveau de rénovation bien avancé, il n’en est pas de même du parc privé où la réhabilitation thermique n’en est qu’à ses débuts. En cela les dernières dispositions prises par le gouvernement grâce à la toute nouvelle aide Ma Prim Renov' sont de nature à encourager les propriétaires privés à procéder à une remise à niveau du bâti ancien. Espérons que les mesures seront suffisamment incitatives pour débloquer la situation.

D’autre part, il est maintenant acquis que les bâtiments neufs doivent être économes en espace et en énergie. Les « Cobatystes » se sont engagés dans ce domaine en signant une charte de l’environnement par laquelle ils s’imposent une gestion vertueuse des chantiers et s’engagent à promouvoir et encourager la réalisation de projets limitant la consommation d’énergie et les gaz à effet de serre.

Mettre en valeur les espaces non bâtis, lieux de respiration de la ville

Au-delà du traitement strict du bâti et afin de rendre nos villes, métropoles et mégapoles encore plus vivables, il convient de mettre en valeur les espaces non construits. La création de ceintures vertes à la périphérie de nos villes, espaces tampons entre l’urbain et le rural, s’impose. Aujourd’hui Paris et, à un autre niveau, l’Ile de France ont hérité d’espaces boisés très anciens datant de plusieurs siècles. Mais toutes les métropoles ne sont pas logées à la même enseigne et c’est pourquoi il faut continuer à intégrer la nature au cœur des espaces urbains, bien au-delà des parcs urbains existants. Il peut être proposé de ne laisser de côté aucune piste comme la reconversion de friches urbaines, de voies ferrées abandonnées pour en faire des lieux plantés avec des cheminements doux.

À plus petite échelle, il est possible d’imaginer que les espaces interstitiels comme les « trous urbains » et « dents creuses », deviennent aussi des lieux végétalisés gérés par des coopératives ou des associations comme c’est déjà le cas dans la ville de Québec.

Répondre aux besoins des familles pour leur bien-être

Outre l’aspect incontournable de la réflexion environnementale, il s’agit maintenant de savoir comment on peut répondre à une politique du logement juste et ambitieuse. Il nous paraît difficile de stopper l’extension périurbaine qui répond à des aspirations de bien-être pour les familles par un besoin de contact avec la nature. Une des réponses est d’adapter le fonctionnement de nos villes et sans doute demain de nos entreprises de manière à limiter les déplacements par un développement du télétravail et par une politique de transport adaptée. Avec la révolution numérique, le télétravail, tout au moins partiel, est inscrit dans l’évolution de notre société pour les décennies à venir.

Reste à savoir à quel rythme le télétravail se développera et à quel rythme les employés et les chefs d’entreprise s’y adapteront. Il suffit de voir à quel point ces derniers mois nous avons eu recours à la visioconférence au sein de nos entreprises et de nos réseaux professionnels pour imaginer une évolution rapide de la situation. Quant aux déplacements, on peut les envisager moins nombreux, mais ils pourraient être plus longs, d’où la nécessité de mieux mailler les espaces périurbains. La politique de transports publics devra répondre le mieux possible aux besoins de déplacement et de mobilité. Nombre de villes et métropoles ont bien avancé dans le domaine mais l’exercice n’est pas encore abouti. La politique ambitieuse, juste et éco-responsable du logement ne peut être déconnectée d’une réflexion plus large sur l’aménagement du territoire, le développement des transports et la reconquête des centres urbains.

À l’instar de ce qui s’est fait dans les années 60 avec la création de villes nouvelles en complément d’un programme d’Aménagement du Territoire, il conviendrait d’avoir l’ambition de redéfinir les espaces urbains à reconquérir en reconstruisant la ville sur la ville et en libérant des espaces urbanisables raisonnés et respectueux de l’environnement.

La rubrique est dirigée par Jean-Luc Berho (berhoji@laposte.net), créateur des Entretiens d’Inxauseta, événement annuel dédié aux politiques du logement et de l’habitat. L'édition 2020 a eu lieu le 28/08/2020 à Bunus (Pyrénées-Atlantiques). Il est également président de la Coopérative de l’immobilier, à Toulouse. La rubrique a vocation à mettre en exergue des avis experts sur l’accès au logement, le parcours résidentiel, la politique de la ville, l’urbanisme et l’aménagement des territoires, en France et à l’international.

Joël Le Goff


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Parcours

Cobaty
président fédéral
Agen Habitat
Directeur Général

Établissement & diplôme

Insa Toulouse (Institut national des sciences appliquées de Toulouse)
Ingénieur en Génie civil

Fiche n° 41278, créée le 16/10/2020 à 16:14 - MàJ le 16/10/2020 à 16:42

Cobaty

• Cobaty est une fédération internationale d’associations, dédiées à l’activité professionnelle concernée par l’acte de bâtir, l’urbanisme ou l’environnement. Revendique 134 associations et 4709 membres
Création : 1957
Statut : association loi 1901
Mission : représenter diverses professions (architecte, avocat, ingénieur, notaire, entrepreneur, promoteur, géomètre…)
Président : Joël Le Goff
Secrétaire fédéral : Alain Merlaud
Tél. : 01 40 23 94 13
contact


Catégorie : Association, Fondation


Adresse du siège

6, rue de Clichy
75009 Paris France


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Fiche n° 10688, créée le 16/10/2020 à 11:09 - MàJ le 10/02/2021 à 18:54

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Joël Le Goff (Cobaty) - ©  D.R.