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Exclusif« 8 thèmes vont guider l’action du Plan BIM 2022-2024 avec un budget de 6 M€ » (Yves Laffoucrière)

News Tank Cities - Paris - Interview n°242216 - Publié le 23/02/2022 à 09:00
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Yves Laffoucrière, président du Plan BIM 2022 - ©  D.R.

« Nous devons augmenter le niveau de connaissance et d’utilisation du BIM Building Information Modeling - Maquette numérique ou modélisation des informations (ou données) du bâtiment et des infrastructures liées auprès de la maîtrise d’ouvrage, de la maîtrise d'œuvre, des entreprises de travaux, des artisans des bureaux de contrôle…. Le renouvellement du Plan BIM pour 2022-2024 avec un budget de 6 M€ sur 3 ans, mieux que les 5 M€ de la période précédente, a été confirmé lors du premier Copil Comité de pilotage de l’année, le 15/02/2022. Il nous permettra d’accentuer notre action », déclare Yves Laffoucrière Président @ Plan “BIM 2022” • Président fondateur @ YL Consult • Conseiller spécial de la présidence @ Action Logement (AL)
, président du Plan BIM 2022, le 21/02/2022.

8 thèmes choisis par les organisations professionnelles de la filière « vont guider le Plan BIM pour les trois prochain années. Nous allons, au 1er semestre 2022, mettre en valeur les résultats de plusieurs appels à projets qui concernent le permis de construire numérique, le démonstrateur Olympi (pour un DCE numérique BIM), les critères qualité et le BIM chantier », déclare Yves Laffoucrière. Il annonce, pour la fin du 1er trimestre 2022, une cartographie des réalisations en BIM qui « permettra aux acteurs de la filière de les mettre en valeur ».

« La formation, dans son ensemble, est aussi une façon d’intégrer les indispensables évolutions des process de conception, de production et d’exploitation des bâtiments en France. Il y a 2 types d’approche dans le monde : une approche plus industrielle visible dans les pays anglo-saxons et une approche itérative et progressive en France. C’est un modèle collaboratif que nous devons préserver », dit-il.

Yves Laffoucrière répond aux questions de News Tank.


« Mise en valeur, au 1er semestre 2022, des résultats de plusieurs appels à projets »

En 2019, lors de votre prise de fonction, vous disiez que les 2 priorités étaient la « généralisation et la structuration de la demande de BIM ». Qu’en est-il en 2022 ?

Les priorités n’ont pas changé. Nous devons augmenter le niveau de connaissance et d’utilisation du BIM auprès de la maîtrise d’ouvrage, de la maîtrise d'œuvre, des entreprises de travaux, des artisans des bureaux de contrôle… Le renouvellement du Plan BIM pour 2022-2024 avec un budget de 6 M€ sur 3 ans, mieux que les 5 M€ de la période précédente, a été confirmé à l’occasion du premier Copil de l’année le 15/02/2022. Il va nous permettre d’accentuer notre action. 8 thèmes ont été choisis par les organisations professionnelles de la filière qui vont guider le Plan BIM pour les trois années à venir :

  • généralisation de la commande par les maîtres d’ouvrage ;
  • dictionnaire national des propriétés et la normalisation ;
  • observatoire du numérique, avec sa cartographie, pour mesurer annuellement l'évolution de l’usage du BIM ;
  • aide à la formation initiale et continue pour augmenter l’acculturation nécessaire ;
  • déploiement du BIM Tour qui va à la rencontre des acteurs dans les territoires (après 4 régions visitées en 2021 qui sont Occitanie-Aquitaine, Bretagne, Normandie et Grand Est) ;
  • appels à projets et expérimentations permettant de partager les pratiques innovantes ;
  • numérique et amiante ;
  • communication.

Quel est le calendrier des prochains appels à projets du Plan BIM ?

Nous allons, au 1er semestre 2022, mettre en valeur les résultats de plusieurs appels à projets qui concernent le permis de construire numérique, le démonstrateur Olympi (pour un DCE numérique BIM), les critères qualité et le BIM chantier.

Mise en place l’outil web Orelie, gratuit, pour aider à la rédaction d’un cahier des charges BIM »

Pour aider les maîtres d’ouvrage, nous avons mis en place l’outil web Orelie, gratuit, qui permet d’aider à la rédaction d’un cahier des charges BIM, en fonction des niveaux de maturité en BIM ou des typologies d’opérations, et de fiabiliser la commande BIM. La plateforme a pour objectif de compléter les référentiels BIM et guides préexistants. Pour chacun de ces appels à projets ceux sont des représentants des organisations professionnelles qui pilotent les travaux ce qui permet une bonne appropriation des démarches par les utilisateurs.

Comment jugez-vous l’appropriation du numérique CAO Conception assistée par ordinateur (en anglais, computer aided design ou CAD) comprend l’ensemble des logiciels et des techniques de modélisation géométrique et BIM par les principaux acteurs de la filière ? La crise sanitaire a-t-elle en 2020 et 2021 ralenti les projets et déploiements ?

Elle est inégale selon les acteurs de la profession. Chez les maîtres d’ouvrage et architectes, elle est plus forte que dans les entreprises ou chez les artisans. Ce qui n’est pas surprenant en soi. Le Covid a incontestablement ralenti les actions immédiates, mais la période a été paradoxalement un accélérateur vers la numérisation et l’utilisation d’outils de travail à distance. La comparaison des résultats du baromètre annuel a montré également que les acteurs qui s’engagent dans des démarches BIM sont de plus en plus nombreux.

Les deux associations ont pour rôle d’animer le réseau »

Un nouvel acteur, l’association AQC (Agence Qualité Construction), va accompagner ADN (association pour le développement du numérique dans la construction) et apporter son savoir faire sur les sujets de la qualite et de l’assurance dans le domaine de la construction. Il va suivre et animer notre feuille de route, en complémentarité avec ADN Construction qui a animé le plan BIM 2022. Les deux associations ont pour rôle d’animer le réseau, sous la direction du Copil, chaque action étant pilotée par une ou plusieurs organisations professionnelles. Rappelons que le Plan BIM 2022 fédère plus de  17 organisations professionnelles.

Où sont les freins à la digitalisation du secteur du bâtiment malgré les efforts de sensibilisation ?

Les freins peuvent être économiques mais le plus important, c’est la formation. La question est encore plus aiguë dans les petites structures pour lesquelles les périodes d’absence, justifiées pour la formation, sont plus coûteuses que pour les grandes entreprises. Face à cette difficulté, nous devons continuer d’insister. La formation, dans son ensemble, est aussi une façon d’intégrer les indispensables évolutions des process de conception, de production et d’exploitation des bâtiments en France.

Il y a 2 types d’approche dans le monde »

Il y a 2 types d’approche dans le monde : une approche plus industrielle visible dans les pays anglo-saxons et une approche itérative et progressive en France. C’est un modèle collaboratif que nous devons préserver car il permet à la chaîne de tous les acteurs d’apporter leur propre valeur ajoutée. L’industrialisation ne peut pas se faire au détriment de la qualité. En Chine, nous voyons des choses pires que ce que nous faisions il y a 50 ans. Ce n’est pas le chemin à suivre en sachant que la RE2020 Réglementation environnementale 2020  pousse à la prescription plus précise en amont, mais attention à la qualité qui suppose un développement itératif des solutions.

L’observatoire du BIM permet-il de mettre en valeur les bonnes pratiques des acteurs et de capitaliser les savoir-faire ?

Nous allons, à la fin du 1er trimestre 2022, produire une cartographie des réalisations en BIM qui permettra aux acteurs de la filière de les mettre en valeur. Nous allons aussi publier la 3ème édition du baromètre sur l’usage du numérique et du BIM, à l’automne 2022. Le 2ème baromètre édité en juin 2021 nous avait permis de tirer des enseignements très intéressants sur le recours au BIM et les typologies d’utilisateurs les plus sensibilisés.

Comment évolue la plateforme numérique de services Kroqi du CSTB Centre scientifique et technique du bâtiment qui vise à faciliter la transition numérique des acteurs du domaine de la construction ?

Cette plateforme, créée et opérée par le CSTB, a trouvé son public. Nous recensons 105 000 utilisateurs uniques et 19 500 espaces de travail actifs. Pour continuer son développement, une société privée, avec le CSTB partie prenante, prendra le relais à partir de l'été 2022 avec toujours pour ambition de faciliter les projets de construction, par la collaboration sécurisée et simplifiée entre les acteurs.

Comment jugez-vous les chiffres de la production de logements en 2021 ?

Les chiffres ne sont pas à la hauteur des espoirs. L’envie de construire chez les promoteurs et les bailleurs est élevée, pour répondre à une demande qui reste forte mais qui doit être appréciée selon les territoires. Mais il ne faut pas s’arrêter au nombre de logements produits. Les besoins en termes de réhabilitations et de transformation sont également élevés, y compris à l'échelle des quartiers et centres-villes, ou de réemploi de friches. Ce que permet de faire le dispositif Action Cœur de Ville, par exemple, va dans le bon sens.

Je suis favorable à une politique du logement plus décentralisée »

Il n’y a pas de temps à perdre face à une certaine impatience. Or l'échelle du temps des habitants n’est pas celle de l’urbanisme. Je suis favorable à une politique du logement plus décentralisée avec, pour les bailleurs sociaux, un rôle plus important car leurs propriétés foncières et leur proximité des élus sont des atouts considérables pour accélérer.

Les éléments des DPE Diagnostic de performance énergétique - évaluation pour un logement ou d’un bâtiment, en évaluant sa consommation d'énergie et son impact en terme d'émissions de gaz à effet de serre et des audits énergétiques apportent-ils une contribution au BIM ?

Nous devons mieux faire dans le domaine du diagnostic et de l’utilisation des data d’exploitation surtout quand on voit le coût de l'énergie et la tournure que ce sujet prend en 2022 avec la forte hausse des prix. Les données générées par une utilisation plus dynamique et massive des informations sont clairement indispensables pour une gestion plus efficiente des équipements.

Nous devons mieux faire dans le domaine du diagnostic »

La vraie révolution de la décarbonation, elle est là, dans cette capacité à faire des simulations, à anticiper des scénarios, à faire des choix de matériaux et d’ équipements sur des critères multiples… Le gisement de progrès est énorme. La capacité à faire des relevés plus rapides et plus fiables, notamment dans le cadre de transformations, permet de se décider plus vite. Dans cette perspective, le BIM ouvre des voies et ne se limite pas à une maquette numérique.

Il y a eu certaines remises en cause sur la qualité du logement en France (voir le rapport Girometti-Leclercq en octobre 2021) repris par la ministre Emmanuelle Wargon. Le plan BIM doit-il intégrer cette constatation ?

Ce rapport ne traduit pas la réalité profonde et m’apparaît trop  caricatural.Que les locataires demandent de la lumière ou des appartements traversants est bien connu et pris en compte par de nombreux maîtres d’ouvrage professionnels.

Il ne faut pas limiter le logement à son seul intérieur »

Que ce soit les surfaces, les balcons ou les espaces extérieurs, il est excessif de généraliser sans tenir compte des situations géographiques et des contextes locaux. Il faut laisser les maîtres d’ouvrage faire leurs choix et ne pas sur-réglementer. Mais, surtout, il ne faut pas limiter le logement à son seul intérieur . Il faut tenir compte de son intégration dans un quartier et son environnement social.ce n’est pas l’accumulation de normes et labels qui donne la qualité mais le professionnalisme des maîtres d’ouvrage et des collectivités locales qui permet de produire de la qualité pérenne.

Yves Laffoucrière


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Parcours

Plan “BIM 2022”
Président
YL Consult
Président fondateur
Action Logement (AL)
Conseiller spécial de la présidence
3F
Directeur général
Caisse des Dépôts
Directeur inter-régional Île-de-France
Siemp
Directeur général
Paris Habitat
Directeur général
SEM Paris Commerces
Directeur général
Société anonyme de gestion immobilière (SAGI)
Directeur adjoint des opérations nouvelles
Bureau d’ingénierie Séchaud et Bossuyt
Ingénieur en chef

Établissement & diplôme

Ecole nationale d’architecture de Paris
Architecte DPLG
ENPC (École des ponts ParisTech)
Ingénieur civil des Ponts et Chaussées

Fiche n° 33351, créée le 19/11/2018 à 14:54 - MàJ le 22/02/2022 à 14:12

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