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« Produire 4 500 logements par an dont 2 300 logements sociaux » (Benoît Payan, maire de Marseille)

News Tank Cities - Paris - Interview n°271245 - Publié le 21/11/2022 à 13:00
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©  Ville de Marseille
Benoît Payan, maire de Marseille depuis 2020 - ©  Ville de Marseille

« Le programme local de l’habitat est un document attendu sur le territoire et j’espère qu’il sera enfin adopté par le conseil métropolitain à la fin 2022. La Ville de Marseille • Commune située dans le département Bouches-du-Rhône en Région Provence-Alpes-Côte d’Azur• Population : 870 731 habitants• Superficie : 240,62 km2• Intercommunalité : Métropole… y a pris sa part et continuera de le faire puisque nous avons déposé notre contribution au début novembre 2022 dans laquelle nous nous fixons l’objectif de produire 4 500 logements par an dont 2 300 logements sociaux ou en accession sociale à la propriété. Le corollaire de la production de logements, c’est la création d’équipements publics, de transports publics et d’espaces de nature en ville accessibles aux habitants. C’est ce qu’on attend du PLH Programme local de l’habitat - document stratégique de programmation qui inclut l’ensemble de la politique locale de l’habitat (parc public et privé, constructions nouvelles…) , de sa traduction dans le PLUI Plan local d’urbanisme intercommunal demain, des documents concrets, chiffrés, ambitieux et opérationnels qui répondent aux urgences et dessinent la ville de Marseille », indique à News Tank Benoît Payan Maire @ Ville de Marseille • Conseiller départemental du 1er canton de Marseille, groupe socialiste et écologiste @ Conseil départemental des Bouches-du-Rhône (CG 13) • Président du groupe… , maire de Marseille, le 21/11/2022.

La Ville de Marseille organise ses 1e « États généraux du logement » à la friche la Belle de mai les 28 et 29/11/2022. « Plus qu’un événement d’interpellation politique, les États généraux du Logement sont un appel à l’action collective face à une urgence qui touche la 2e ville de France. C’est un moment de mobilisation de tous les acteurs du territoire, un moment où partant de constats partagés, nous apporterons collectivement des réponses concrètes et où la Ville, la Métropole et l’État prendront des engagements. Parce qu’avec les écoles, le logement est une de nos priorités et que la crise qui le traverse n’épargne aucun Marseillais. Il est très difficile de se loger à Marseille, de manière décente et accessible. Rendez-vous compte que nous avons 40 000 ménages en attente d’un logement social, 150 grandes copropriétés dégradées ou susceptibles de le devenir, que 73 % des ménages marseillais sont éligibles au logement social, 40 000 logements indignes et 15 000 personnes à la rue ou privées de logement ».

Pami les solutions proposées pour faire face à l’urgence, le maire de Marseille avance l’extension du périmètre d’action de la Spla-IN Société publique locale d’aménagement d’intérêt national au-delà des quartiers de centre-ville. Il demande à pouvoir bénéficier d’une opération de requalification des copropriétés dégradées d’intérêt national pour la ville et en appelle au législateur pour faciliter l’action des pouvoirs publics locaux.

Benoît Payan répond aux questions de News Tank.


« Très difficile de se loger à Marseille de manière décente et accessible »

Vous lancez les États généraux du Logement les 28 et 29 /11/2022 à Marseille, événement d’interpellation politique sur le sujet. Quel est l’appel que vous lancez en direction de l’État et des pouvoirs publics ?

Un appel à l’action collective face à une urgence qui touche la deuxième ville de France »

Plus qu’un événement d’interpellation politique, les États généraux du Logement sont un appel à l’action collective face à une urgence qui touche la 2e ville de France. C’est un moment de mobilisation de tous les acteurs du territoire, un moment où partant de constats partagés, nous apporterons collectivement des réponses concrètes et où la Ville, la Métropole et l’État prendront des engagements. Parce qu’avec les écoles, le logement est une des priorités de la ville et que la crise qui le traverse n’épargne aucun Marseillais. Il est très difficile de se loger à Marseille de manière décente et accessible. Rendez-vous compte que nous avons 40 000 ménages en attente d’un logement social, 150 grandes copropriétés dégradées ou susceptibles de le devenir, que 73 % des ménages marseillais sont éligibles au logement social, 40 000 logements indignes et 15 000 personnes à la rue ou privées de logement.

Le 05/11/2018, rue d’Aubagne, 2 immeubles délabrés s’écroulaient, causant la mort de 8 personnes. Pour prendre le sujet à bras le corps, l’État, la Ville et la métropole ont créé une société (Spla-IN) en juin 2020, dont l’objet est de piloter la rénovation du centre-ville de Marseille (1 000 hectares) qui s’apprête à entrer en action. De quels moyens dispose-t-elle et quelles vont être ses priorités ?

« Le drame de la rue d’Aubagne a profondément marqué notre ville »

Le drame de la rue d’Aubagne a profondément marqué notre ville. Il a aussi été un révélateur, qui a jeté une lumière crue sur l’ampleur du fléau de l’habitat indigne à Marseille. Ce jour-là, et dans les semaines qui ont suivi, tous les Marseillais ont vu la vérité, l’état de délabrement d’une partie du bâti, les conditions de vie indigne de milliers d’entre eux. C’est ce regard qui nous oblige à faire preuve de beaucoup d’humilité, à sortir des oppositions traditionnelles et à travailler collectivement, main dans la main avec l’État et la Métropole, notamment, pour résorber, réparer, recoudre des quartiers entiers.

La SPLA-IN pourrait étendre son périmètre d’intervention sur d’autres quartiers de la ville »

Alors, bien sûr, il y a eu la création de la Spla-IN Société publique locale d’aménagement d’intérêt national qui va, dans les années qui viennent, traiter 500 immeubles, soit 2500 logements mais les défis sont encore devant nous. Le nombre de périls ne faiblit pas. Il faudra encore multiplier les interventions et se doter d’outils plus performants. La Spla-IN pourrait par exemple étendre son périmètre d’intervention sur d’autres quartiers de la ville.

« La Spla-IN va traiter 500 immeubles, soit 2 500 logements ».

Depuis 2020, nous faisons des travaux d’office de sécurisation en substitution aux propriétaires dans les immeubles en péril et leur adressons la facture. Mais nous ne pouvons pas faire de travaux de décence, là où l’état de vétusté ne menace pas d’effondrement, mais où ni vous ni moi n’accepterions de vivre ; où il manque des vitres aux fenêtres, où il n’y a pas d’eau chaude, où les murs sont imbibés d’eau avec tout l’impact que cela a sur la santé et la vie quotidienne d’enfants et de familles qui y vivent. Face aux propriétaires peu scrupuleux, la puissance publique devrait pouvoir faire des travaux d’office sur la décence et leur adresser la facture et pour cela, il faudrait une loi. Mais la situation de l’habitat indigne ne se résout pas à des propriétaires bailleurs délinquants, il y a aussi tous les petits propriétaires qui souhaitent pouvoir faire des travaux et qui n’en ont pas les moyens. Pour ceux-là, il nous faudra trouver un moyen pour passer de dizaines à des centaines de dossiers financés par l’ANAH • Établissement public sous la tutelle des ministères de la Transition écologique et de la cohésion des territoires et de l’Économie et des finances • Création : 1971 • Missions : améliorer l’état… par an.   

Enfin, nous avons travaillé à une nouvelle charte du relogement que nous avons co-construite avec les associations engagées de longue date dans la lutte contre l’Habitat indigne et l’accompagnement des personnes délogées. Elles font depuis des années un travail exceptionnel, remarquable. Leur mobilisation, leur engagement sont une chance pour Marseille.  

Le PLH Programme local de l’habitat - document stratégique de programmation qui inclut l’ensemble de la politique locale de l’habitat (parc public et privé, constructions nouvelles…) 2023-2028 doit être adopté fin 2022 au niveau métropolitain. Quel bilan tirez-vous en matière de construction de logements au sein de la ville de Marseille depuis le début de votre mandat, quel est l’état de la demande et quels sont vos objectifs pour y répondre ?

Cela fait trop longtemps à Marseille que nous n’avons plus de feuille de route stratégique pour répondre aux urgences, aux préoccupations de la vie quotidienne des Marseillaises et des Marseillais et anticiper, construire la ville de demain. Le Programme Local de l’Habitat est donc un document attendu sur le territoire et j’espère qu’il sera enfin adopté par le Conseil métropolitain à la fin de cette année.

Produire 4500 logements par an, dont 2300 logements sociaux ou en accession »

La ville de Marseille y a pris sa part et continuera de le faire puisque nous avons déposé notre contribution au début du mois de novembre 2022 dans laquelle nous nous fixons comme objectif de produire 4500 logements par an, dont 2300 logements sociaux ou en accession sociale à la propriété. Et bien sûr, le corollaire de la production de logements, c’est la création d’équipements publics, de transports publics et d’espaces de nature en ville accessibles aux habitants. C’est ce qu’on attend du PLH aujourd’hui, de sa traduction dans le PLUI demain, des documents concrets, chiffrés, ambitieux et opérationnels qui répondent aux urgences et dessinent la ville de Marseille.

Le PLH doit favoriser la mixité sociale et l’équilibre territorial à l’échelle métropolitaine »

Enfin, le PLH Programme local de l’habitat - document stratégique de programmation qui inclut l’ensemble de la politique locale de l’habitat (parc public et privé, constructions nouvelles…) doit favoriser la mixité sociale et l’équilibre territorial à l’échelle métropolitaine. Sur ce point, je serai vigilant à ce que chaque commune de la Métropole contribue aux efforts de production de logements, notamment sociaux. La Ville de Marseille ne peut pas être la seule à répondre à la diversité des besoins en logements qui s’expriment sur le territoire.

Vous aviez effectué 80 demandes de modifications du PLUI Plan local d’urbanisme intercommunal dont en particulier un abaissement à 30 logements du seuil de déclenchement de l’obligation de réaliser 30 % de logements sociaux. Comment évolue le dialogue avec la Métropole sur ce sujet ? et plus largement qu’attendez-vous de vos partenaires (la Métropole, l’État) ?

40 000 Marseillaises et Marseillais en attente d’un logement social »

Avec 40 000 Marseillaises et Marseillais en attente d’un logement social, la construction et la bonne répartition de l’habitat accessible est un enjeu majeur à Marseille sur lequel les Marseillaises et les Marseillais attendent un engagement total de notre part. Parmi eux, les jeunes ménages de Marseillais qui ne trouvent pas à se loger en ville mais qui y travaillent pourtant. C’est pour cela que nous avons demandé un abaissement du seuil à partir duquel se déclenche l’obligation de prévoir du logement social et nous attendons une réponse de la métropole. Mais cette demande n’a rien d’exceptionnel, rien d’idéologique non plus, c’est plutôt un rattrapage vis-à-vis des autres communes de notre territoire.

À Aix-en-Provence, ils ont obtenu de pouvoir imposer 25 % de logement social à partir de 2000 m² de surface de plancher. Et c’est normal car dans tous les quartiers de la ville, du sud au nord, on ne rééquilibrera pas l’offre de logement si on ne nous permet pas de baisser ce seuil et de lancer de grands programmes d’aménagement, en mobilisant une politique foncière ambitieuse. 

« On ne rééquilibrera pas l’offre de logement si on ne nous permet pas de baisser ce seuil ».

Dès votre prise de fonction, vous avez fait part de votre volonté de reprendre le contrôle d’un grand nombre de fonciers délabrés dont la Ville est propriétaire. Où en êtes-vous dans votre action ?

L’état des lieux du patrimoine dégradé de la ville de Marseille vient de se terminer. La plus grande partie de ce patrimoine est ou sera très vite affectée après réhabilitation à la réalisation de logements sociaux ou de lieux d’hébergement pour les plus précaires, en lien avec la Spla-IN notamment. Certains ont fait l’objet de ventes aux enchères ou le seront, ceux-là sont destinés aux ménages Marseillais primo-accédant ou aux propriétaires bailleurs qui le destinent à la location à prix modéré.

J’ai sollicité les grands propriétaires fonciers à Marseille »

Au-delà des fonciers qui appartiennent à la ville, j’ai sollicité les grandes institutions, grands propriétaires de foncier à Marseille pour qu’ils contribuent. J’ai bon espoir que nous puissions lors des États généraux du Logement faire des progrès en termes de mobilisation et peut-être des annonces dans ce sens.

L’État a lancé en 2019 un plan national initiative Copropriété pour lutter contre les copropriétés dégradées. Qu’en est-il à Marseille ?

40 000 Marseillais vivent dans une grande copropriété dégradée ou fragile »

40 000 Marseillais vivent dans une grande copropriété dégradée ou fragile. Pour certaines d’entre elles, on parle de lieux en crise, d’immeubles où plus rien ne fonctionne, où les syndics ont manqué à leur devoir - et c’est dit pudiquement - où se concentrent difficultés sociales et insécurité, il y a eu des morts, des trafics de toutes sortes, où des marchands de sommeil exploitent la misère de locataires vulnérables - souvent des familles ou des personnes isolées - à côté de propriétaires aux revenus très modestes qui se sont endettés pour acheter leur logement et se retrouvent dans un bien acquis à la sueur de leur front, déprécié et invendable.

Il nous faut sonner la mobilisation générale. On a engagé le travail mais cela prend du temps, trop de temps et ce temps perdu est dévastateur. Alors je cherche avec la métropole et les représentants de l’État des solutions pour accélérer et je pense que nous devrons passer par la loi pour le faire. Car nous devrons pouvoir trouver les voies et moyens d’accélérer le processus pour permettre à la puissance publique de prendre le relais en rachetant plus rapidement les biens quand cela est la seule issue.

La ville demande à pouvoir bénéficier d’une opération de requalification des copropriétés dégradées d’intérêt national (ORCOD-IN) »

Enfin, je l’ai déjà dit ailleurs, la Ville demande à pouvoir bénéficier d’une opération de requalification des copropriétés dégradées d’intérêt national (Orcod-IN Opération de requalification des copropriétés dégradées d’intérêt national ). Des communes comme Grigny, Clichy-sous-Bois ou encore récemment Nîmes en ont bénéficié. Il s’agit pour faire simple d’un dispositif massif, spécial et dérogatoire qui permet à son titulaire d’accélérer les interventions publiques sur des copropriétés dégradées sur un périmètre déterminé. Comme c’est un décret en Conseil d’État, j’en ai fait la demande auprès du Ministre du Logement, Olivier Klein.

Benoît Payan


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Parcours

Conseil départemental des Bouches-du-Rhône (CG 13)
Conseiller départemental du 1er canton de Marseille, groupe socialiste et écologiste
Ville de Marseille
Président du groupe socialiste
Ville de Marseille
Premier adjoint au maire
Ville de Marseille
Conseiller municipal

Fiche n° 42240, créée le 15/12/2020 à 17:01 - MàJ le 17/10/2024 à 14:39

Ville de Marseille

• Commune située dans le département Bouches-du-Rhône en Région Provence-Alpes-Côte d’Azur
Population : 870 731 habitants
Superficie : 240,62 km2
Intercommunalité : Métropole d’Aix-Marseille-Provence
Maire : Benoît Payan, depuis 2020
Adjoint au logement  : Patrick Amico
Adjoint à l’urbanisme  : Éric Mery
Budget primitif 2023 : 1,86 Md€ (479 M€ d’investissements)
- 2022  : 1,8 Md€ (488 M€ d’investissements)
Tél. : 04 91 14 65 23
Contact


Catégorie : Collectivités


Adresse du siège

Quai du Port
13002 Marseille France


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Fiche n° 8152, créée le 24/01/2019 à 14:26 - MàJ le 18/10/2024 à 12:53

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Benoît Payan, maire de Marseille depuis 2020 - ©  Ville de Marseille