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QPV : « Traiter les questions éducatives pour éviter une hausse des inégalités » (Marc Vuillemot)

News Tank Cities - Paris - Interview n°180034 - Publié le 07/04/2020 à 14:54
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Marc Vuillemot, maire de La-Seyne-sur-Mer et président de l’association Ville & banlieue - ©  D.R.

« Une question importante est celle de la poursuite de la scolarisation dans la mesure où la plupart de nos quartiers sont en REP Réseau d'éducation prioritaire - ex ZEP ou REP+. Il y a déjà une difficulté en termes d'égalité des chances, en vue de l’insertion sociale et professionnelle. Pendant la période de confinement, la situation est d’autant plus compliquée en raison des fractures numériques. Même si les jeunes ont un smartphone, ils n’ont pas forcément de tablette ou d’ordinateur pour travailler, ni d’accès internet ou de débit suffisant. Il faut traiter les questions éducatives pour éviter une hausse des inégalités », indique Marc Vuillemot Vice-président @ Métropole Toulon Provence Méditerranée
, président de l’association d'élus Ville & Banlieue • Activité : Association d'élus des villes concernées par la Politique de la ville.- Missions : favoriser le développement des quartiers les plus fragiles, valoriser l’image des villes de banlieues… et maire de La-Seyne-sur-Mer (Var), à News Tank le 07/04/2020.

Depuis le début de la crise sanitaire de l'épidémie de Covid-19 Maladie virale provoquée par le coronavirus SARS-CoV-2. Il est responsable d’une épidémie qui a démarré à Wuhan en Chine en novembre 2019 évoluant au statut de pandémie en mars 2020 et du confinement de la population, les services de la commune de La-Seyne-sur-Mer sont « en relation avec l'Éducation nationale, pour identifier les jeunes scolarisés en maternelle et en primaire avec lesquels il est difficile d'établir un contact, pour essayer d’autres stratégies », dit-il. Avec l’arrivée des vacances scolaires de printemps, Marc Vuillemot craint que les élèves soient « inactifs et risquent de vouloir sortir ».

« Contrairement à ce qu’on peut lire ou entendre sur le fait que le respect du confinement serait plus compliqué dans les quartiers populaires, selon nos retours de la police municipale, il y a le même taux de verbalisation dans tous les quartiers », indique-t-il. « Dans les quartiers populaires, le confinement a lieu dans des appartements qui peuvent être surpeuplés, rassemblant plusieurs générations », déclare l'élu. Des stratégies doivent donc être mises en place « par les polices qui doivent faire preuve de pédagogie et sanctionner de façon égalitaire ».

La continuité des crédits de la politique de la ville est assurée dans la commune. « Nous pouvons attribuer des subventions aux associations sur certificat administratif en fonction des budgets alloués en 2019 », indique Marc Vuillemot. «  Il s’agit de ne pas les fragiliser car nous aurons besoin des associations après la crise quand il s’agira de compenser les inégalités sociales et éducatives ».

Marc Vuillemot répond aux questions de News Tank.


« Nous mobilisons les crédits en fonction des besoins pour l’achat de fournitures scolaires ou de clés 3G »

Les maires de la politique de la ville s’entretiennent régulièrement avec le ministre Julien Denormandie depuis le début du confinement. Quels sont les sujets évoqués ?

Il y a déjà une difficulté en termes d'égalité des chances, en vue de l’insertion sociale et professionnelle, là les choses sont d’autant plus compliquées en raison des fractures numériques.  »

Nous travaillons sur l’ensemble des sujets qui nous amènent à adapter nos fonctionnements territoriaux du fait de l'épidémie. Nous traitons des questions concrètes qui nous permettent d’expliquer au ministre les situations telles que nous les vivons, les stratégies que nous avons pu imaginer et les besoins qui sont les nôtres. Avec les questions d’approvisionnement de nos concitoyens par les marchés et les commerces, notamment. Il y a des des questions d’ordre sociales et économiques pour les familles, avec le règlement des loyers pour des personnes déjà précaires, qui ont des statuts professionnels qui ne leur permettent pas de bénéficier d’une compensation de salaire, voire des familles qui ont des revenus non déclarés.

Même si les jeunes ont un smartphone, ils n’ont pas forcément de tablette ou d’ordinateur pour travailler, ni d’accès internet ou de débit suffisant »

Une autre question importante est la poursuite de la scolarisation, dans la mesure où la plupart de nos quartiers sont en REP Réseau d'éducation prioritaire - ex ZEP ou REP+. Il y a déjà une difficulté en termes d'égalité des chances, en vue de l’insertion sociale et professionnelle. Pendant cette période de confinement, la situation est d’autant plus compliquée en raison des fractures numériques. Même si les jeunes ont un smartphone, ils n’ont pas forcément de tablette ou d’ordinateur pour travailler, ni d’accès internet ou de débit suffisant. Dans les familles nombreuses, se pose la difficulté du partage des outils. Il y a aussi une problématique d’accompagnement par les parents qui pour certains sont illettrés ou victimes d’illectronisme. Il faut traiter ces questions éducatives pour éviter un accroissement des inégalités. Nous préparons aussi les vacances scolaires. En temps d'école, le travail scolaire contraint les jeunes à rester chez eux. Pendant les vacances, ils vont être inactifs et risquent de vouloir sortir.

Se pose également la question de la Poste, surtout dans sa fonction de Banque postale, qui est souvent le dernier établissement bancaire dans les quartiers fragiles.  »

Des questions d’ordre religieuses se posent aussi. Nous sommes dans une période qui précède le ramadan (23/04 au 23/05/2020), qui amène des regroupements. Il y a aussi la question des stratégies funéraires au regard des cultures des uns et des autres. Se pose également la question de la Poste, surtout dans sa fonction de Banque postale, qui est souvent le dernier établissement bancaire dans les quartiers fragiles. C’est aussi le moyen de récupérer les allocations familiales qui sont pour beaucoup, les seuls ou presque, revenus pour la famille. Nous parlons aussi de la réalité du trafic de stupéfiants qui est perturbé dans certains endroits. Cela génère aussi des adaptations, pour certains foyers c’est une source de revenus indispensable. 

Quelles solutions d’accompagnement avez-vous mises en place à La-Seyne-sur-Mer en matière d'éducation et de paiement des loyers ?

Nous sommes en relation avec l’Éducation nationale, pour identifier les jeunes scolarisés en maternelle et en primaire avec lesquels il y a une difficulté pour établir un contact et essayer d’autres stratégies. »

Nous avons mis en place une cellule de crise dans laquelle sont mobilisés l’ensemble des directeurs généraux et directeurs généraux adjoints des différents services de la ville. S’agissant de l’éducation, notre pôle 0-25 ans, et même si les espaces d’accueil pour les jeunes et centre de loisirs sont fermés, est mobilisé. Nous contactons les parents et les jeunes par mail et par téléphone. Nous sommes en relation avec l’Éducation nationale, pour identifier les jeunes scolarisés en maternelle et en primaire avec lesquels il y a une difficulté d’établir un contact et essayer d’autres stratégies.

C’est plus compliqué avec les collégiens et les lycéens mais un dispositif mobilisant les animateurs socio-éducatif communaux et associatifs, les éducateurs et les acteurs des services des sports et de la culture est mis en place. Les éducateurs sportifs communaux font des vidéos d’activité physique à la maison. Les services de la médiathèque fonctionnent à distance. Sur la question des loyers, nous avons mis en place avec notre bailleur social, qui est quasi unique sur notre commune, un dispositif de contact par téléphone et mail pour que les locataires qui pensent être en difficulté puisse être en relation avec un conseiller en économie sociale et familiale. Si besoin, le Fonds de solidarité pour le logement sera mobilisé.

L’accès à l’alimentation est-il perturbé pour les familles ?

Nous intervenons lorsque tous les dispositifs habituellement en service n’ont pas pu être mobilisés.  »

Habituellement les enfants mangent à la cantine le midi avec des repas qui coûtent un euro. Pendant cette période, il faut les nourrir le midi et le soir mais il est difficile d’acquérir des denrées alimentaires pour 1 €. Un dispositif est mis en place avec des fonctionnaires territoriaux, en relation avec les familles et le CCAS Centre communal d’action sociale à partir des réalités socio-économiques des familles, qui permet d’acheter des denrées et produits de première nécessité, quitte à les donner si on considère que c’est nécessaire. Les Resto du cœur et l'épicerie solidaire du Secours catholique fonctionnent. Nous intervenons lorsque tous les dispositifs habituellement en service n’ont pas pu être mobilisés. Cela représente peu de personnes parce que les structures existantes continuent à fonctionner, avec plus de difficulté qu’habituellement.

La situation nous permet de croiser nos informations sur la réalité d’un certain nombre de familles, entre celles suivi par le CCAS, les associations, le Resto du cœur. La situation nous permet d’échanger et d’avoir une vue plus juste. 
Pour les personnes âgées, malades, fragiles, en situation de handicap, qui ne peuvent pas se déplacer nous mobilisons des volontaires pour leur faire les courses et les déposer.

Des associations et des élus ont dénoncé la stigmatisation des quartiers populaires quant au respect du confinement. Quelle est la situation à La-Seyne-sur-Mer ?

Contrairement à ce qu’on peut lire ou entendre sur le fait que le respect du confinement serait plus compliqué dans les quartiers populaires, selon nos retours de la police municipale, il y a le même taux de verbalisation dans tous les quartiers.  »

Concernant la gestion du confinement, nous avons essayé de faire preuve de pédagogie mais nous sommes passés très vite à la sanction. Avec pour parti pris de ne pas distinguer les quartiers de la ville. Contrairement à ce qu’on peut lire ou entendre sur le fait que le respect du confinement serait plus compliqué dans les quartiers populaires, selon nos retours de la police municipale, il y a le même taux de  verbalisation dans tous les quartiers. La-Seyne-sur-Mer est une ville très diverse en matière de mixité sociale. Nous constatons que c’est plutôt dans les quartiers résidentiels et en particulier les week-end les gens ont tendance à sortir de chez eux pour aller dans des lieux interdits au public comme la plage.

Dans les quartiers populaires, le confinement a lieu dans des appartements qui peuvent être surpeuplés, rassemblant plusieurs générations. Il se pose la question des regroupements de jeunes dans les parties communes des HLM, des stratégies sont à mettre en place par les polices qui doivent faire preuve de pédagogie et sanctionner de façon égalitaire. Nous avons cependant une inquiétude avec l’arrivée des vacances scolaires. Nous sommes entrain de voir comment dès le début des vacances, nous pourrions être plus présents, avec des uniformes, pour faire entendre raison aux jeunes.

Les habitants des quartiers populaires rencontrent-ils des difficultés particulières d’accès aux soins ?

L’hôpital est situé entre les deux quartiers prioritaires et sert habituellement pour la médecine générale. Ce service public fonctionne, le problème, comme partout, est son encombrement.  »

Nous avons mis en place un centre de consultations dans une école fermée pour travaux. Nous avons travaillé avec un groupe de médecins libéraux organisé en association à l'échelle territoriale. Ce lieu évite que les patients aillent encombrer les consultations et les services des urgences. Les médecins et infirmiers se relaient chaque après-midi pour recevoir les patients, avec un cheminement sécurisé. Nous n’avons pas de difficulté particulière car l’hôpital est situé entre les deux quartiers prioritaires et sert habituellement pour la médecine générale. Ce service public fonctionne, le problème, comme partout, est son encombrement. Nous sommes préoccupés pour ceux qui travaillent pour la santé, dans la logistique, pour les taxis. Nous avons donné tous les équipements de protection disponibles et aujourd’hui nous sommes en attente de notre commande.

Comment assurez-vous la continuité des crédits de la politique de la ville et de la rénovation urbaine ?

Il s’agit de ne pas les fragiliser car nous aurons besoin des associations après la crise, quand il s’agira de compenser les inégalités sociales et éducatives.  »

Nous sommes en attente concernant la rénovation urbaine, tout en évitant de mettre en difficulté les petites entreprises. Les crédits de la politique de la ville fonctionnent normalement, il n’a pas été question de proratiser les subventions aux associations. Au-delà des appuis aux associations pour la mise en œuvre du contrat de ville et ce qui relève du droit commun, nous avons négocié la possibilité de délibérer sans conseil municipal. Nous pouvons attribuer des subventions aux associations sur certificat administratif en fonction des budgets alloués en 2019.

Même si ces associations n’ont pas un fonctionnement habituel, les salariés et bénévoles continuent de travailler. Il s’agit de ne pas les fragiliser car nous aurons besoin des associations après la crise, quand il s’agira de compenser les inégalités sociales et éducatives. Nous mobilisons les crédits en fonction des besoins, pour l’achat de fournitures scolaires ou de clés 3G par exemple. Nous avons convenu avec le ministre Julien Denormandie de pouvoir mobiliser les crédits des cités éducatives. 

Ville & Banlieue

• Activité : Association d'élus des villes concernées par la Politique de la ville.
- Missions : favoriser le développement des quartiers les plus fragiles, valoriser l’image des villes de banlieues, assurer un dialogue avec l'État sur les questions de la politique de la ville
• Création
 : 1983
• Organisation
 : 9 commissions (mobilités et cadre de vie, éducation et petite enfance, sport et culture, sécurité, justice et tranquillité publique, image des quartiers et lutte contre les discriminations, logement, politique de peuplement et rénovation urbaine, transition écologique, emploi et développement économique, fiscalité et finances locales, santé)
• Président
 : Gilles Leproust, maire PCF d’Allonnes (Sarthe)
• 1e Vice-présidente : Catherine Arenou, maire de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines)
• Contact
 : Sylvie Thomas, déléguée générale


Catégorie : Association, Fondation


Adresse du siège

18/20 rue Tronchet
69000 Lyon France


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Fiche n° 9780, créée le 07/04/2020 à 02:22 - MàJ le 31/03/2023 à 15:19

Marc Vuillemot


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Parcours

Ville & Banlieue
Président
La-Seyne-sur-Mer
Maire (Gauche républicaine et socialiste)

Fiche n° 39143, créée le 07/04/2020 à 14:19 - MàJ le 29/09/2020 à 17:18

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Marc Vuillemot, maire de La-Seyne-sur-Mer et président de l’association Ville & banlieue - ©  D.R.