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Thierry Déau (Meridiam) : « Les PPP ont fait l’objet de rapports, à charge, de la Cour des comptes »

News Tank Cities - Paris - Interview n°113676 - Publié le 26/02/2018 à 12:00
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©  Hervé THOUROUDE ©  Hervé THOUROUDE/MERIDIAM
Thierry Déau. - ©  Hervé THOUROUDE ©  Hervé THOUROUDE/MERIDIAM

« En France, les PPP Partenariat public-privé ont donné lieu à des rapports successifs, à charge, de la Cour des comptes qui, par ailleurs, analyse très peu les dérives des projets en loi MOP Loi du 12 juillet 1985 relative à la maîtrise d’ouvrage publique . L’approche dogmatique l’a emporté, quel que soit le gouvernement. Les collectivités et les administrations sont devenues prudentes quant à l’utilisation de cet outil. C’est dommage », indique à News Tank Thierry Déau, président et fondateur de Meridiam, le 23/02/2018.

« Au Royaume-Uni, en Turquie, en Espagne, aux Pays-Bas, en Norvège…, l’appel aux partenaires privés et le principe des concessions font partie du paysage économique. Les grands projets de Londres, le tram de Florence ou les écluses aux Pays-Bas montrent que les partenariats public-privé ont du sens », précise le dirigeant. Or en France, les « réseaux de distribution d'énergie, l’économie circulaire ou l’expansion de la fibre optique nécessitent aussi d’importants moyens financiers et sont prioritaires ».

Thierry Déau répond aux questions de News Tank.


Utilisés comme moyen de financer des projets d’infrastructures et modèle économique propre, les PPP n’ont pas la cote en France. Pourquoi ?

Il faut ré-étoffer les personnels qui gèrent la commande publique »

Les PPP ont donné lieu à des rapports successifs, à charge, de la Cour des comptes qui, par ailleurs, analyse très peu les dérives des projets en loi MOP. Au final, l’approche dogmatique l’a emporté, quel que soit le gouvernement. Les collectivités et les administrations sont devenues prudentes quant à l’utilisation de cet outil. C’est dommage. Même si le dispositif des PPP a des avantages et des inconvénients, son objet peut être efficace pour permettre des investissements complexes et lourds. On ne doit pas faire un PPP parce qu’on n’a pas le financement public, mais bien pour maîtriser les risques dans la durée. Pour moi, la vraie question est de ré-étoffer les personnels qui gèrent la commande publique devenue de plus en plus complexe. Ils doivent s’appuyer sur tous les outils disponibles.

L'élection d’Emmanuel Macron, en mai 2017, a-t-elle changé les esprits ?

L'élection du nouveau Président de la République a envoyé des signaux positifs. Les entreprises se sentent mieux valorisées dans un écosystème redevenu bienveillant. Les perspectives de croissance, de 1,9 %, sont bonnes, comme le montrent aussi les offres d’embauches. Mais dans les collectivités et parmi les élus locaux, cet enthousiasme apparaît moins évident. La baisse des dotations engagée sous la précédente mandature grippe déjà certains budgets en région et dans les villes. Mais c’est l’exercice logique d’une première partie de mandat présidentiel de fixer les priorités.

À l’étranger, les esprits sont-ils plus ouverts aux PPP ?

Les réseaux de transport secondaires doivent être rénovés »

Au Royaume-Uni, en Turquie, en Espagne, aux Pays-Bas, en Norvège…, l’appel aux partenaires privés et le principe des concessions font partie du paysage économique. Ils ne sont pas soumis à des seuls critères idéologiques. Les grands projets de Londres, tel le tunnel routier, le tram de Florence ou les écluses aux Pays-Bas montrent que les partenariats public-privé ont du sens, dans le cadre d’un intérêt marqué pour les infrastructures, à bâtir ou à renouveler. En France, certains craignent qu’il y ait moins de grands projets, mais il faut jauger leur raison d'être sous deux angles : ces grandes infrastructures sont-elles vraiment nécessaires ? Serviront-elles dans la durée ? Par contre, les réseaux de transport secondaires doivent être rénovés. Les réseaux de distribution d'énergie, l’économie circulaire telle le biogaz, ou l’expansion de la fibre optique nécessitent aussi d’importants moyens financiers et sont prioritaires.

Les doutes sérieux sur le financement du GPE Grand Paris Express - réseau de transport de la métropole du Grand Paris , mis à l’index par la Cour des comptes critiquant la SGP Société du Grand Paris , vous ont-ils surpris ?

Non, c'était couru d’avance. Tout le monde savait que le montage financier tel qu’il a été fait au départ n'était pas tenable. On s’est aussi privé de faire appel au privé pour le financement par dogme.

Où sont les motifs d’investissements et pour quelles perspectives ?

Les mobilités propres, la transition énergétique, la connectivité dans les villes… sont de vrais sujets d’avenir, qui vont nécessiter des moyens et des savoir-faire. Mais ils n’impliquent pas forcément de gros objets, de grandes infrastructures ou de lourds équipements. Au contraire. La ville durable est un amalgame de beaucoup de petits projets, à programmer dans un continuum. Tout est interconnecté. Et la somme de ces projets, variés, innovants, peut quand même représenter des montants importants.

Thierry Déau


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Parcours

Meridiam
Président-directeur général
ENPC (École des ponts ParisTech)
Membre du conseil d’administration
Aecom
Directeur
Egis
CEO, Concession Director, Project director

Établissement & diplôme


Fiche n° 28607, créée le 06/02/2018 à 10:46 - MàJ le 06/02/2018 à 10:51

Meridiam

Société française (SAS) spécialisée dans le développement, le financement et la gestion de projets d’infrastructures publiques sur le long terme (en Europe, aux États-Unis, en Afrique, au Moyen-Orient…).
• Création : 2005
• Filiales : France, Luxembourg, États-Unis, Canada, Turquie, Jordanie, Autriche…
• Président : Thierry Déau
Direction générale : Sandrine Goldenberg et Emmanuel Rotat
Directrice générale : Sandra Lagumina, en charge de la gestion d’actifs
Chiffre d’affaires (2021) : 2,195 M€
• Effectif : 150 salariés
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Catégorie : Fonds d’investissement et Financeur


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