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Exclusif« Vendre, d’ici à 10 ans, pour environ 2 Md€ de biens » (B. Quignon, SNCF Immobilier)

News Tank Cities - Paris - Entretien n°122482 - Publié le 15/06/2018 à 09:00
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©  Bertrand Jacquot
Benoît Quignon. - ©  Bertrand Jacquot

« Notre stratégie est d’abaisser la facture immobilière, de valoriser dans le bons sens du terme nos actifs inutiles, de préserver le patrimoine ferroviaire, de le magnifier en quelque sorte et lui trouver des usages qui sont aussi d’intérêt général », affirme Benoît Quignon, directeur général de SNCF Immobilier SNCF Immobilier - filiale de la SNCF chargée de la gestion de son patrimoine immobilier , à News Tank, le 15/06/2018. 

« Parmi les opérateurs publics de l’État, nous sommes les premiers contributeurs dans la livraison de terrains pour de la construction de logements et de HLM. Sur les 3 dernières années, nous avons libéré 25 hectares par an. Au total, 10 000 logements dont 38 % de logement social seront construits sur nos terrains », indique le directeur général de SNCF Immobilier
 
La branche immobilière de la SNCF, créée en janvier 2015, se fixe d’ici à 10 ans « de réduire à près d’un quart le nombre de m2 détenus et de vendre environ 2 Md€ de biens. » « Contrairement à ce que pourraient croire certains professionnels de l’immobilier, nous ne vendons pas les bijoux de famille de l’État », indique Benoît Quignon. Il entend garder le cap pour « transformer les 8,5 millions de m² et les 25 000 bâtiments qui constituent le patrimoine ». Au total : SNCF Immobilier compte 34 de ses projets urbains réalisés ou programmés d’ici à 2026. « Cela représente un potentiel de 2 millions m2 de foncier urbain à construire en 10 ans », précise Benoît Quignon.

Benoît Quignon répond aux questions de News Tank.


« Nous ne vendons pas les bijoux de famille de l’État »

Comment SNCF Immobilier inscrit-il son action dans le territoire ?

Avec SNCF, 2e propriétaire foncier en France, SNCF Immobilier SNCF Immobilier - filiale de la SNCF chargée de la gestion de son patrimoine immobilier , un des 6 métiers du groupe SNCF est à la tête d’un patrimoine unique de 20 000 hectares de foncier, 8,5 millions de m² de bâtiments industriels et tertiaires (le groupe ferroviaire comptant au total 12,5 millions de m²), 100 000 logements et regroupe tous ses savoir-faire en matière de gestion et de valorisation immobilière, d’aménagement urbain et de logement.

À l’échelle métropolitaine et régionale en Ile-de-France, SNCF Immobilier entretient un dialogue étroit et continu avec les collectivités locales et les établissements qui l’accompagnent dans les projets d’aménagement, mais aussi les acteurs institutionnels. En 2016, nous avons signé un protocole foncier avec la Ville de Paris portant sur 7 sites parisiens et 50 hectares, soit une production de près de 10 000 logements et 500 000 m2 de tertiaire.

Contrairement à ceux que pourraient croire certains professionnels de l’immobilier, nous ne vendons pas les bijoux de famille de l’Etat.  »

En octobre 2016, nous avons signé un protocole foncier avec la SGP Société des Grands Projets - créée sous le nom de Société du Grand Paris par la loi du 03/06/ 2010 relative au Grand Paris dans le but de faciliter la réalisation du GPE Grand Paris Express - réseau de transport de la métropole du Grand Paris et la création de nouveaux quartiers de gare grâce au foncier SNCF. Ce protocole foncier pose les grands principes de mises à disposition des fonciers ferroviaires au profit de la SGP. Le protocole prévoit aussi, outre la mise en place d’une gouvernance entre nous, le financement d’études de valorisation sur 8 sites comme Le Bourget, Versailles Chantiers, Bécon ou encore Sevran-Livry…, nous associant ainsi en tant que propriétaire cédant à un périmètre plus large à l’échelle du futur quartier de gare.

Enfin, nous avons contribué à l’appel à projets « Inventons la Métropole du Grand Paris ». Parmi les 62 sites lauréats, SNCF Immobilier est plus directement concerné par 6 d’entre eux : Saint-Denis Pleyel ; Vitry-les-Ardoines ; Paris-Bercy ; Charenton-Bercy ; Argenteuil gare et, dans une moindre mesure, Pont de Rungis-Thiais. Enfin, nous sommes partenaires des CIN Contrat d’intérêt national . Il s’agit, dans ces contrats, de développer un cadre spécifique d’échanges et de coordination entre les principaux acteurs (État, collectivités, propriétaires).

Quelle est votre stratégie et vos enjeux ? 

Notre stratégie est d’abaisser la facture immobilière, de valoriser dans le bons sens du terme nos actifs inutiles ; préserver le patrimoine ferroviaire, le magnifier en quelque sorte et lui trouver des usages qui sont aussi d’intérêt général. Nous donc sommes dans un processus de rationalisation de l’ensemble de nos installations. Quand vous le faites dans tous les domaines d’activité (…) de manière systématique, ça finit par améliorer quand même très considérablement la rentabilité des opérations industrielles. Nous nous fixons comme objectifs, d’ici à 10 ans de réduire à près d’un quart le nombre de m2 détenus et de vendre environ 2 Md€ de biens. Contrairement à ceux que pourraient croire certains professionnels de l’immobilier, nous ne vendons pas les bijoux de famille de l’État. 

La planification, région par région, devrait être achevée d’ici à fin 2018. Elle sera mise en œuvre sur 5 ans. En détails, les bâtiments détruits permettent d’économiser 20€ par mchaque année. Les terrains peuvent ainsi être cédés ou concédés, afin notamment de construire de nouveaux logements. Au total, SNCF Immobilier a touché 234 M€ de produits de cessions en 2016. L’analyse de l’occupation et l’utilisation du parc ferroviaire ont permis en 2016 de détecter l’opportunité de réduction de 25 % environ du parc, tout en construisant de nouveaux locaux moins énergivores et plus adaptés au mode d’entretien moderne.

« Nous avons à la SNCF fait la chasse à tous les sites de stockage de matériel le long des voies, ce qui permet de réduire de 90 % le nombre de stocks. »

Nous avons également à la SNCF fait « la chasse » à tous les sites de stockage de matériel le long des voies, ce qui permet de réduire de 90 % le nombre de stocks. Quand vous les regroupez, vous retrouvez des matériels que vous pouvez réutiliser, vous rationalisez vos commandes, et là aussi, en moins de 5 ans, vous rentabilisez votre investissement immobilier. Ce sont des centaines de millions d’euros, de fonds de roulement économisé et de matériel récupéré, avec ensuite une gestion beaucoup plus centralisée et rigoureuse de l’approvisionnement des chantiers.

Quels sont les principaux projets engagés par SNCF Immobilier ? Quelle est votre méthode ? 

Nous allons au-devant des collectivités, nous partageons avec elles nos capacités de faire mais, surtout, nous sommes à l’écoute de leurs projets urbains. »

Les projets sont conduits dans une logique partenariale. C’est une manière de travailler qui change un peu dans les méthodes de la SNCF, puisque nous allons au-devant des collectivités, nous partageons avec elles nos capacités de faire mais, surtout, nous sommes à l’écoute de leurs projets urbains qui, souvent tournent autour des nœuds de communication. Ils sont le cœur battant des villes. Nœuds de communication où, souvent, les actifs immobiliers de la SNCF ont été un petit peu délaissés au fil du temps.

« L’ancien tri postal à Toulouse laissera la place à la Tour d’Occitanie, programme immobilier mixte de 30 000 m2 développé par La Compagnie De Phalsbourg. »

Il s’agit donc de réaliser des projets ensemble. Nous l’avons vu en 2018 avec la signature de 3 protocoles avec des métropoles : le Grand Lyon, ce qui ouvre la voie à l’urbanisation de 30 ha répartis sur 7 sites ; Reims, pour 15 hectares sur 6 sites ; Chartres, pour l’urbanisation de 2,6 ha sur une ZAC de 32 ha. Lille est en train de s’ajouter. En 2018, nous signons à Bordeaux, Rennes, Toulouse, Marseille et Strasbourg. Dans d’autres villes, à l’image de Toulouse, nous sommes entrés en phase opérationnelle, avec la société publique locale d’aménagement Europolia, Espaces Ferroviaires contribue à la transformation du quartier de la gare Matabiau. L’ancien tri postal va alors laisser la place à la Tour d’Occitanie, un programme immobilier mixte de 30 000 m2 développé par La Compagnie De Phalsbourg. L’ancien îlot Sernam pourra accueillir un programme immobilier mixte de 70 000 m². À Rennes, en lien avec SEM Territoires, Espaces Ferroviaires aménage un site de 0,5 hectare au cœur de la ZAC EuroRennes pour créer un îlot mixte d’environ 23 000 m2.

« Le protocole signé en novembre 2016 avec la Ville de Paris a ouvert à l’urbanisation 50 hectares de foncier ferroviaire du groupe SNCF. »

Enfin, à Paris, les projets sont nombreux. Le protocole signé en novembre 2016 avec la Ville de Paris a ouvert à l’urbanisation 50 hectares de foncier ferroviaire du groupe SNCF. Un potentiel d’environ 1 000 000 m2 de programmes immobiliers, répartis sur sept sites et qui incluent 8 000 logements. 4 de ces sites seront aménagés et développés par Espaces Ferroviaires, représentant sur 20 hectares un potentiel de 378 000 m2 de programmes immobiliers.

Sur 6 hectares, le projet Gare de Lyon-Daumesnil sera engagé dès 2018. Un projet urbain de 90 000 m², offrant 600 logements, 45 000 m2 de bureaux, des commerces avec, naturellement, espaces verts et circulations douces. Parlons également d’Hébert, dans le 18e arrondissement. Il proposera 800 logements, 40 000 m2 de bureaux et un pôle d’activités sur une ancienne emprise ferroviaire de 5,2 hectares. Ordener, sur un foncier ferroviaire de 3,7 hectares, mixant bureaux, logements, commerces, équipements de loisirs et de culture, espaces verts, devra être le premier quartier parisien bas carbone.

Dans le nord-est de Paris, sur un ancien site ferroviaire de 7 hectares, Chapelle International, inauguré, le 08/06/2018, devient un nouveau quartier de ville, avec un programme mixte et multifonctionnel de 150 000 m2. Le programme, déjà commercialisé à 80 %, doit s’achever d’ici à 2022, pour accueillir environ 2 500 nouveaux habitants et 2 500 salariés.

Parmi les 34 projets de SNCF Immobilier, pouvez-vous rappeler les 3 sites industriels engagés depuis 2017 ? 

Nous sommes des acteurs au service du projet de la SNCF et au coeur du projet de transformation du groupe ferroviaire. »

Parmi les 34 projets, 3 autres sites industriels ferroviaires sont dans le viseur de Sncf Immobilier : Romilly-sur-Seine, Lyon Vénissieux et Pagny-sur-Moselle. Concernant Romilly-sur-Seine (Aube), la promesse de vente a été signée le 17/05/2018 pour un site de 6 ha et la construction du nouvel atelier du futur. À Lyon Vénissieux, la première pierre du nouveau Technicentre industriel du Matériel ferroviaire sur un terrain de 8,5 ha, dont 33 000 m² d’atelier industriel, a été posée ce 14/06/2018. Le permis de construire a été obtenu le 10/08/2017 et la 1ère pierre a été posée en janvier 2018. Enfin, sur Pagny-sur-Moselle (Meurthe-et-Moselle), la conception et la réalisation d’un nouvel établissement pour le personnel de SNCF Réseau, assurant l’entretien et la maintenance de la ligne à grande vitesse Est Européen, se poursuit. La livraison des bâtiments est prévue en juin 2018. 

Quel regard portez-vous sur la réforme actuelle de la SNCF ? 

Nous sommes des acteurs au service du projet de la SNCF et au cœur du projet de transformation du groupe ferroviaire. Ce que nous comprenons pour la SNCF et ses différentes entités est la chose suivante : il y aura 2 nécessités pour faire face en particulier à la concurrence et aux enjeux de stabilisation des besoins économiques. Premièrement, les charges doivent évoluer à la baisse et en second lieu, il est indispensable de travailler différemment. Par exemple, pour être compétitif sur un appel d’offres provenant d’une collectivité, il faut être capable de bâtir un projet et de mettre à disposition des espaces de travail qui sont à la fois tertiaires mais aussi industriels et ferroviaires. Ces nouveaux espaces vont ainsi permettre aux équipes de SNCF Mobilités ou de SNCF Réseau de répondre aux défis suivants, d’une part travailler différemment et d’une manière beaucoup plus collaborative et d’autre part que cela coûte moins cher aussi. 

Benoît Quignon


• Benoît Quignon est directeur général de SNCF Immobilier, président d’ICF Habitat et d’Espaces Ferroviaires.

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Parcours

GIE La Ville Autrement
Président
Benoît Quignon Conseil
Président-fondateur
ICF Habitat
Président
Ville de Marseille
Directeur général des services
SNCF Immobilier
Directeur général
Métropole de Lyon
Directeur général
Ville de Lyon
Directeur général des Services

Fiche n° 31299, créée le 14/06/2018 à 23:42 - MàJ le 11/09/2023 à 12:05

SNCF Immobilier

• Filiale du groupe SNCF
• Création :
2015
• Mission : assurer, pour les cinq sociétés du groupe, la gestion et l’optimisation immobilière du parc d’exploitation ainsi que le facility management, l’aménagement et la valorisation des biens fonciers et immobiliers non utiles au système ferroviaire, avec notamment sa filiale d’aménagement et de promotion immobilière Espaces Ferroviaires, et la mission d’opérateur du logement et de bailleur social avec sa filiale ICF Habitat
• Chiffres-clés : 8 millions de m² de bâtiments industriels, tertiaires et sociaux, 30 000 hectares de foncier, près de 100 000 logements dont 85 % de sociaux
7 directions immobilières territoriales qui travaillent avec les acteurs locaux sur l’ensemble du territoire national
• Effectif : 2 800 collaborateurs
• Président groupe SNCF : Jean-Pierre Farandou
• Directeur général : Antoine de Rocquigny
Contact : Magali Bouarfe
• Tél. : 06 16 77 87 89


Catégorie : Promoteur et constructeur


Adresse du siège



SNCF Immobilier
10, rue Camille Moke
93210 La plaine saint denis France


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Fiche n° 7028, créée le 27/04/2018 à 03:11 - MàJ le 01/10/2024 à 12:33

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