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Philadelphie : les "rues sans trottoir” (ou “curbless streets”), un espace partagé entre les usagers

News Tank Cities - Paris - Document n°127055 - Publié le
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©  Phil Gengler
Vue sur Philadelphie depuis le musée d’art (États-Unis) - ©  Phil Gengler

• Plus de sécurité (vitesse réduite, réduction du risque d’accident) ;
• une plus grande vitalité économique (augmentation de la valeur des biens, diminution de la vacance immobilière) ;
• une meilleure qualité de vie (accès à des espaces ouverts, des espaces visuellement plus agréables) ;
• et des déplacements plus efficaces (gain de temps, plus d’interactions).
Tels sont les bénéfices des rues sans trottoir Ou “curbless streets” - Rues partagées par les véhicules de faible volume (voiture, vélo…) et les piétons, conçues sans trottoir et avec un équipement qui la rend agréable à la manière d’une place (ou “curbless streets”), selon une étude qui évalue l’implantation de ce type de rue dans la ville de Philadelphie (États-Unis) publiée par la DVRPC, commission régionale d’aménagement de la Vallée du Delaware, en janvier 2018.

Les “rues sans trottoir” ou “curbless streets” sont des rues partagées par les véhicules de faible volume (voiture, vélo…) et les piétons, conçues sans trottoir et avec un équipement qui la rend agréable à la manière d’une place ou d’une cour pavée. « La conception sans trottoir indique aux conducteurs qu’ils doivent se comporter différemment que dans les rues conventionnelles (…). Circuler dans ces rues requiert davantage d’interactions et une vitesse limitée, ce qui rend l’espace plus sûr et plus agréable pour les piétons et les autres usagers vulnérables », explique l’étude. Le principe de la rue sans trottoir est particulièrement adapté aux rues étroites, très présentes dans le centre-ville de Philadelphie, car il garantit une priorité de circulation égale pour tous les utilisateurs, assurent les auteurs.

La mise en œuvre de ce principe nécessite une transformation « de la rue où l’on passe à celle où l’on va » et suppose un « changement de paradigme des rues conçues pour les voitures à celles pensées pour l’ensemble des modes de transport ». L’étude conclut que : « Il faudra peut-être adopter de nouvelles approches en matière d’accessibilité, de responsabilité, de règles de priorité, d’accès d’urgence, de maintien ou de modification du volume des véhicules, de respect des rues importantes sur le plan culturel et de partage du financement des projets ».


Rues sans trottoir à Philadelphie : « une coordination nécessaire entre les secteurs public et privé »

Plusieurs pays européens, tels que les Pays-Bas, l’Allemagne ou le Danemark, ont inclus ce type de rues partagées sans trottoir dans leurs manuels et documents d’urbanisme à partir des années 1990-2000, soulignent les auteurs. Si plusieurs caractéristiques de la rue sans trottoir sont universelles (espace partagé entre tous les modes de transport et sécurité/accessibilité), d’autres, plus spécifiques, sont liées à la nature de la rue : redynamisation économique et commerciale d’une rue, présence d’une école et circulation d’enfants, investissement ou partenariats potentiels, particularités architecturales ou culturelles…

L’étude explique que les urbanistes, aménageurs et avocats de Philadelphie incluent de plus en plus les rues sans trottoir dans leurs propositions. Elles s’inscrivent dans la stratégie “Vision Zero” lancée par Philadelphie en novembre 2016 pour « éliminer tous les décès et blessures graves liés à la circulation ».

  • 10 000 accidents environ liés à la circulation sont recensés chaque année par la ville de Philadelphie (population d’environ 1,6 million d’habitants en 2017) ;
  • 100 personnes meurent chaque année de ce type d’accident ;
  • 250 sont gravement blessés.

Les rues sans trottoir s’inscrivent également dans le plan de croissance “Philadelphia 2035” qui intègre notamment l’impact environnemental des infrastructures.

« L’implantation de rues sans trottoir dans le réseau urbain de Philadelphie nécessitera une coordination entre les secteurs public et privé, de l’ingéniosité, et une volonté d’expérimenter », estime l’étude.

Les auteurs formulent plusieurs recommandations destinées aux élus de Philadelphie :

  • Expérimenter les rues sans trottoir dans différents types de rues et évaluer les résultats ;
  • Évaluer les propositions des secteurs public et privé, l’intérêt de transformer une rue en une rue sans trottoir ;
  • Lister les rues sans trottoir et les projets sur une carte interactive et la soumettre aux particuliers en leur permettant de commenter et déposer un avis ;
  • Repérer les spectacles de rue, fêtes de quartier, et places piétonnes et voir s’il y a un intérêt à y appliquer le principe des rues sans trottoir ;
  • Créer une terminologie spécifique sur les rues sans trottoir au sein du manuel  des “rues conviviales Ou “rues complètes” (complete streets) - Rue aménagée intégrant tous les besoins des usagers, notamment des piétons, des cyclistes, des usagers de transport en commun et des automobilistes ” utilisé par les urbanistes à Philadelphie ;
  • Examiner les ordonnances municipales et de l’État, notamment celles qui concernent la responsabilité et les règles de priorité, qui risquent de limiter l’implantation de rues sans trottoir. Créer si besoin des ordonnances spécifiques pour ce type de rues ;
  • Augmenter la fréquence d’enlèvement des ordures et dissimuler les installations liées aux déchets.
  • Développer un plan stratégique pour identifier des zones spécifiques pour les livraisons en mettant en place des restrictions temporelles.
©  Phil Gengler
Vue sur Philadelphie depuis le musée d’art (États-Unis) - ©  Phil Gengler