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ExclusifRouen métropole : « L’enjeu est de reconstruire la ville sur la ville » (N. Mayer-Rossignol, président)

News Tank Cities - Paris - Interview n°201997 - Publié le 10/12/2020 à 18:00
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©  Métropole Rouen Normandie
Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen et président de la métropole - ©  Métropole Rouen Normandie

Les « questions de densification urbaine et d’artificialisation des sols font partie des grands projets de notre mandat, municipal et métropolitain. L’enjeu, qui n’est pas propre à Rouen, est de reconstruire la ville sur la ville. Les friches urbaines et industrielles sont nombreuses sur notre territoire, c’est aussi le résultat de l’histoire industrielle de la vallée de la Seine. Elles sont aussi plus coûteuses à remettre en état, ce qui a généré une pression mécanique poussant à artificialiser sans retenue dans les années 70. Nous devons inverser cette tendance, c’est une volonté nationale qu’il faut appliquer localement au travers du ZAN Zéro artificialisation nette - Objectif de réduction de la consommation d’espace à zéro unité nette de surface consommée en 2050, fixé par le plan Biodiversité du Gouvernement en juillet 2018  », déclare Nicolas Mayer-Rossignol Co-président de la Commission Transition écologique @ France urbaine • Président @ Métropole Rouen Normandie • Maire @ Ville de Rouen • Conseiller régional @ Région Normandie (Conseil régional de… , maire (PS) de la Ville de Rouen • Commune située dans le département de la Seine Maritime, Région Normandie• Population : 110 000 habitants• Superficie : 21,38 km2• Intercommunalité : Rouen Métropole• Maire : Nicolas… et président de la Métropole Rouen Normandie • Métropole située dans le département de Seine-Maritime en Normandie• 71 communes • Création : 01/01/2015 • Population : 490 000 habitants • Superficie : 663,8 km² • Budgets primitifs (2024) … , à News Tank le 08/12/2020.

Sur la réhabilitation des friches, « l’investissement et la prise de risque doivent être menés à l’échelon public. C’est du côté des collectivités publiques que les solutions avanceront, en l’occurrence la métropole à Rouen qui sera le bras armé de cette politique. Nous allons passer d’un budget d’investissement général de 1,5 Md€, sur 6 ans, à 2 Md€, une hausse de 33 %. Ce qui est beaucoup dans un environnement fiscal économique incertain, en raison de la crise Covid », indique Nicolas Mayer-Rossignol, avant le conseil métropolitain programmé le 14/12/2020 où seront présentées plusieurs délibérations : budget 2021, zone à faibles émissions, création d’un service public de la performance énergétique, « charte sans plastique »…

« Le cœur de notre projet municipal est la transition sociale et écologique. (…) Il se traduit par 3 axes emblématiques et prioritaires : la nature en ville, la lutte contre la pollution visuelle et lumineuse et la gestion des déchets », dit-il. La métropole compte 498 000 habitants dont 110 000 habitants dans la ville-centre de Rouen.

Nicolas Mayer-Rossignol répond aux questions de News Tank.


« Ces questions de densification urbaine et d’artificialisation font partie des grands projets de notre mandat, municipal et métropolitain »

Plusieurs métropoles ont choisi de mettre en place un dispositif réglementaire d’encadrement des loyers, dans le cadre de l’expérimentation permise par la loi ELAN (art. 140). Pourquoi pas Rouen ?

Les prix à l’acquisition sont raisonnables, autour de 2 500 € du m2 »

À Rouen, nous avons un marché locatif et immobilier plutôt attractif et abordable qui ne nous impose pas de mettre en place l’encadrement des loyers auprès des bailleurs privés, même s’il peut y avoir des abus ici ou là. Les prix à l’acquisition sont raisonnables, autour de 2 500 € du m2 dans le centre-ville et de 10 à 11 € du m2 à la location, et cela malgré notre proximité avec Paris et la région parisienne. Pour de jeunes couples ou jeunes actifs parisiens, ou des couples avec enfants, c’est intéressant. On l’a vu avec la crise Covid, les gens cherchent des endroits apportant une meilleure qualité de vie, de plus grandes surfaces habitables, tout en profitant des services d’une grande ville. Nous avons cet avantage à Rouen de faire bénéficier de coûts de la vie encore très raisonnables par rapport à d’autres métropoles. Nous sommes aussi l’agglomération la plus forestière de France.

L’explication est-elle dans le taux de vacance des logements ?

Non, le taux de vacance n’est pas énorme. Nous y veillons, mais nous portons davantage notre attention sur la lutte contre l’habitat indigne, comme le font d’autres grandes villes. La mise en place du permis de louer sur le centre-ville sera débattu lors du prochain conseil municipal, le 17/12/2020. Il est déjà mis en place sur d’autres communes de l’agglomération.

La sobriété foncière et la densification sont des objectifs politiques dans nombre de métropoles. Quel message portez-vous avec le nouvel exécutif ?

Les friches urbaines et industrielles sont nombreuses sur notre territoire »

Ces questions de densification urbaine et d’artificialisation des sols font partie des grands projets de notre mandat, municipal et métropolitain. Je rappelle, au passage, que pour la 1e fois de son histoire, le maire de Rouen est aussi le président de la métropole Rouen Normandie. L’enjeu, qui n’est pas propre à Rouen, est de reconstruire la ville sur la ville. Les friches urbaines et industrielles sont nombreuses sur notre territoire, c’est aussi le résultat de l’histoire industrielle de la vallée de la Seine. Elles sont aussi plus coûteuses à remettre en état, ce qui a généré une pression mécanique poussant à artificialiser dans les années 70. Nous devons inverser cette tendance, c’est une volonté nationale qu’il faut appliquer localement au travers du ZAN Zéro artificialisation nette - Objectif de réduction de la consommation d’espace à zéro unité nette de surface consommée en 2050, fixé par le plan Biodiversité du Gouvernement en juillet 2018 . Les préfets ont envoyé une circulaire en juillet 2019. Les choses sont claires. La Convention citoyenne pour la climat (CCC) aussi, dans ses propositions, demande d’arrêter d’artificialiser.

Comment passer du discours aux actes et redonner vie à des terrains à l’abandon ?

L’investissement et la prise de risque doivent être menés à l’échelon public »

Il faut tenir compte des coûts supplémentaires, de dépollution ou de risque juridique, qui sont autant de barrières à l’entrée. La preuve, sur les 20 dernières années, le taux de réhabilitation a été très faible. Si l’on continue sur ce trend, on artificialisera encore et encore. Il faut changer changer de curseur. L’investissement et la prise de risque doivent être menés à l’échelon public. C’est du côté des collectivités publiques que les solutions avanceront, en l’occurrence la métropole à Rouen qui sera le bras armé de cette politique. Nous allons passer d’un budget d’investissement général de 1,5 Md€, sur 6 ans, à 2 Md€ pour la métropole Rouen Normandie, une hausse de 33 %, ce qui est beaucoup dans un environnement fiscal économique incertain, en raison de la crise Covid. Le PLUi a été voté en février 2020. Il sera actualisé et renouvelé chaque année pour tendre vers le zéro artificialisation nette, afin de continuer de l’améliorer au cours du mandat.

Concernant la zone à faibles émission (ZFE Zones à faibles émissions (mobilité) ), quel sont les projet, calendrier des vignettes Crit’Air et périmètre visés à Rouen Métropole ?

Un plan en 2 temps, en 2021 et 2022, pour la ZFE »

Le sujet de la qualité de l’air est évidemment très important et sera à l’ordre du jour du prochain conseil métropolitain, mi-décembre 2020. Nous présenterons un plan en 2 temps, d’abord en 2021 visant d’abord les poids lourds et les véhicules utilitaires dans le périmètre de l’intra-boulevard rive droite et rive gauche, puis l’extension à partir de janvier 2022 dans une quinzaine de communes. La ZFE visera ensuite les particuliers, avec des outils d’aide à la conversion. Nous avons cette même volonté avec les flottes publiques, dans le cadre d’un programme de renouvellement du parc de véhicules de transport en commun. En 2020, la Métropole a doté les Transports de l’Agglomération d’Elbeuf (TAE) de 3 nouveaux bus électriques en remplacement de 3 bus diesel. Et nous allons amplifier nos efforts. En 2021, 17 bus électriques et 11 fonctionnant à l’hydrogène seront déployés sur le territoire métropolitain. 20 à 25 M€ sont prévus pour le renouvellement des bus.

Plusieurs projets visant à améliorer à la fois la qualité de vie dans l’espace public et la protection de l’environnement ont déjà été annoncés : filets collecteurs de déchets sur la Seine, mobilisation contre la pollution lumineuse, projet de recyclage des déchets du BTP… Quelles autres actions entendez-vous mener pour opérer localement la transition écologique ? 

nature en ville, lutte contre la pollution visuelle et lumineuse et gestion des déchets »

Le cœur de notre projet municipal est la transition sociale et écologique, donc il intervient dans l’ensemble des actions que nous mènerons au cours du mandat. Il se traduit par 3 axes emblématiques et prioritaires : la nature en ville, la lutte contre la pollution visuelle et lumineuse et la gestion des déchets. Le centre-ville de Rouen, notamment la rive droite, est très minéral. Les quais de la rive gauche, qui ont été travaillé il y a de cela quelques années, ont déjà été en partie re-naturés, et la ville a d’ailleurs remporté pour cela le prix national du paysage. Il s’agit de généraliser cela à l’ensemble de la ville. Notre plan de renaturation représente des millions d’euros pour financer la débitumisation des écoles, des trottoirs, la création de corridors écologiques, la mise en place de conopées dans les endroits où, pour des raisons techniques, il est impossible de planter des arbres, la renaturation de places de parking… L’objectif est de faire de Rouen la ville aux 100 jardins, en plus d’être celle aux 100 clochers.

mettre à jour le règlement local de la publicité (RPL) d’ici 2022 »

Ensuite, il y a la lutte contre la pollution visuelle et lumineuse, dont celle liée à la publicité. Nous avons l’obligation réglementaire de mettre à jour le règlement local de la publicité (RPL) d’ici à 2022, notamment sur les entrées de ville. À l’heure actuelle, nous manquons de cohérence et de qualité. Cela cible également la pollution lumineuse. Les actions visant à la réduire sont déjà bien engagées sur le territoire, avec une mesure progressive expérimentales pour réduire l’éclairage public dans les communes la nuit. Plus d’une soixantaine de communes (sur les 71 de la métropole) éteignent leurs lampadaires. 

Le 3e axe vise les déchets et la propreté. Nous menons un grand nombre de projets à ce sujet. Nous mettons par exemple en place une application numérique visant à faciliter l’information et à proposer une bonification en cas de tri effectif. Nous allons également étudier le projet d’expérimenter la tarification incitative à partir de 2021. 

Dans quelle mesure entendez-bous mettre en œuvres de politiques publiques visant à réduire les consommations, à optimiser la distribution et/ou à produire des EnR Énergies renouvelables à l’échelle de la métropole ?

mise en place d’une service public de la performance énergétique »

Nous lançons le 14/12/2020 la 1e délibération sur la mise en place d’une service public de la performance énergétique, sur le volet diagnostic, rénovation, amélioration de la performance et sobriété énergétique. Cela prendra sûrement la forme d’une SPL Société publique locale - structure juridique (société anonyme) à la disposition des collectivités locales françaises pour la gestion de leurs services publics ou équivalent. Cela représente un fort investissement et du recrutement pour des actions qui cibleront l’habitat collectif et privé, et les équipements publics. C’est un axe prioritaire de notre mandat. Sur le volet production, nous cherchons à faire de l’économie circulaire en utilisant notre tissu industriel à des fins énergétiques, avec la réhabilitation de certaines friches pour y installer des fermes photovoltaïques. 

Rouen va-t-elle bénéficier de la production énergétique des installations  d’éolien en mer prévues dans le Cotentin ?

Oui, il est prévu que le territoire en profite, tout dépend la taille des fermes éoliennes prévues. C’est un vrai sujet d’intérêt économique pour Rouen. Tout un système économique se crée avec des sujets de stockage de l’énergie, de modélisation, de maintenance… Cela demande d’abord des compétences, donc des formations, et crée ensuite des emplois. Or, la vallée de la Seine et sa tradition industrielle présente beaucoup de salariés autour de la sidérurgie, ferronnerie, métallurgie, industrie automobile et aéronautique, qui pourront, à terme, se reconvertir vers les énergies marine renouvelables. Nous avons notamment lancé un chantier-école à Fécamp à cet effet, et nous avons à l’INSA Institut national des sciences appliquées de Rouen une unité de recherche sur les unités de production d’énergie marine renouvelables, avec Siemens.

Concernant la gestion de l’eau à l’échelle du territoire, quel est le régime actuel ? Quels sont les projets pour le mandat ? 

La plus grande régie publique de l’eau de France »

Nous avons la plus grande régie publique de l’eau de France, lancée il y a 10 ans et dont nous sommes très fiers. Elle a permis de faire baisser sensiblement le prix de l’eau. Le prix au mètre cube est bien inférieur à la moyenne de la Seine maritime et plus largement à la moyenne nationale des agglomérations. Pour l’amélioration de la qualité de l’eau, nous avons un programme d’investissement fort sur la maîtrise foncière des bassins de captage. L’objectif est de maitriser l’endroit où l’eau est captée, ce que demande de l’acquisition foncière puis de l’entretien. Nous voulons travailler à réduire la pollution à la source. La source, c’est très souvent l’espace public (chaussée, canalisations…). Pour lutter contre ce risque, nous avons mis en place des expérimentations de filtration avec des filets collecteurs de déchets. 

C’est la 1e fois depuis la création de la Métropole Rouen Normandie que la mairie et la métropole sont présidées par le même élu. Jugez-vous cette situation bénéfique ?

Si la légitimité est restée au niveau municipal pour des raisons historiques, l’autorité règlementaire et financière a été transférée au niveau de l’intercommunalité »

Je pense que c’est fondamental. Pour agir sur les sujets du siècle, il faut des leviers. Un des sujets du siècle est la transition écologique, ce qui passe par l’adaptation de notre environnement et de notre économie. Les leviers se trouvent un peu au niveau de la ville, et beaucoup voire énormément au niveau de la métropole. Par exemple, pour réduire les émissions de CO2, il faut agir sur la voiture, favoriser le vélo, les transports en commun… Cela dépend donc des compétences de la métropole. Même chose pour l’urbanisme, qui est principalement géré par le PLUi Plan local d’urbanisme intercommunal . Si la légitimité est restée au niveau municipal pour des raisons historiques, l’autorité règlementaire et financière a été transférée au niveau de l’intercommunalité. Les budgets l’illustrent bien : le budget d’investissement de la Ville de Rouen en 2020 représente 22 M€ alors que celui de la Métropole représente 250 M€. C’est donc évident que pour agir sur des sujets de taille, et c’est ce qui est nécessaire en matière écologique, il est nécessaire de passer par l’intercommunalité. Le fait que la même personne soit en charge des deux échelons permettra de simplifier les procédures afin d’enclencher un véritable changement. 

Nicolas Mayer-Rossignol


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Parcours

France urbaine
Co-président de la Commission Transition écologique
Ville de Rouen
Maire
Nutriset SAS
Directeur général délégué
Région Normandie
Président

Établissement & diplôme

École normale supérieure - PSL (ENS - PSL)
Agrégation

Fiche n° 39857, créée le 01/07/2020 à 12:40 - MàJ le 19/10/2020 à 17:36

Métropole Rouen Normandie

• Métropole située dans le département de Seine-Maritime en Normandie
• 71 communes

• Création : 01/01/2015
• Population : 490 000 habitants
• Superficie : 663,8 km²
• Budgets primitifs (2024)  : 1,018 Md€ (619,9 M€ M€ en fonctionnement/344 M€ en investissement - (2023) : 961,3 M€ (605,9 M€ en fonctionnement/309,2 M€ en investissement) - (2022) 899,2 M€ - (2021) : 851 M€ - (2020) : 811,6 M€
• Président : Nicolas Mayer-Rossignol, maire PS de Rouen (élu en 2020)
• Exécutif : 40 élu(e)s dont 16 vice-présidents
• Directeur général des services : Frédéric Althabe
• Effectifs : 1 700 agents
• Contact : Anne Becherel, directrice de l’information et de la communication ou Louis Petit, collaborateur de cabinet
• Tél. : 02 35 52 68 10 / 06 67 44 49 45


Catégorie : Collectivités


Adresse du siège

108, Allée François Mitterrand
76006 Rouen Cedex France


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Fiche n° 6318, créée le 23/01/2018 à 05:36 - MàJ le 04/06/2024 à 17:47

Ville de Rouen

• Commune située dans le département de la Seine Maritime, Région Normandie
Population : 110 000 habitants
Superficie : 21,38 km2
Intercommunalité : Rouen Métropole
• Maire
 : Nicolas Mayer-Rossignol, depuis 2020
Adjointe au logement : Amèle Mansouri
Adjointe à l’urbanisme  : Fatima El Khili
Budget primitif (2023) : 240,2 M€ (177,8 M€ de dépenses de fonctionnement et 62,3 M€ d’investissements)
Tél. : 02 35 08 69 00

Contact


Catégorie : Collectivités


Adresse du siège

Place du général de Gaulle
76000 Rouen France


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Fiche n° 10010, créée le 01/07/2020 à 12:56 - MàJ le 18/01/2023 à 12:10


© News Tank Cities - 2024 - Code de la propriété intellectuelle : « La contrefaçon (...) est punie de trois ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende. Est (...) un délit de contrefaçon toute reproduction, représentation ou diffusion, par quelque moyen que ce soit, d'une oeuvre de l'esprit en violation des droits de l'auteur. »

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Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen et président de la métropole - ©  Métropole Rouen Normandie