Logement des jeunes : comment 3 étudiants de l’ESPI utilisent leur vécu pour faire des propositions
Les logements étudiants ne couvrent que 8 % des besoins de cette jeune population. En France, 800 000 jeunes âgés de 18 à 29 ans sont en attente d’un logement social. La part des ménages de moins de 30 ans dans le parc HLM est passée de 24 % en 1984 à seulement 6 % en 2023, illustrant leur marginalisation dans l’accès au logement social. Au regard de ces chiffres, quelles mesures prendre pour répondre efficacement à la lutte contre le mal logement chez les jeunes ?, écrivent Léa Quilan, Hugo Pommier et Raphaël Adanjo, étudiants en classe de diplôme supérieur en immobilier en bac+5 à l’ESPI
École supérieure des professions immobilières
(École supérieure des professions immobilières
Groupe ESPI (École Supérieure des Professions Immobilières)• Activité : établissement d’application spécialisé dans l’immobilier (dont les titres sont reconnus par l’État)• Création …
), dans une tribune adressée à News Tank le 13/03/2025.
Les trois étudiants se sont essayé à la formulation d’analyses et de propositions en faveur du logement des jeunes à partir de leur vécu et au regard du rapport sur le logement des jeunes du Conseil national de l’Habitat
• Missions : instance de consultation placée auprès du ministre chargé de la construction et de l’habitation. Le CNH est consulté sur toutes mesures relatives au barème, au financement et au…
et du Conseil d’orientation de la Jeunesse. Ils s’accordent sur ces constats : insuffisance de l’offre adaptée et critères de solvabilité trop stricts.
Beaucoup de jeunes, faute de solutions adaptées, sont contraints d’accepter des logements insalubres ou trop exigus. Certains n’ont d’autre choix que de se loger en foyer, dans des hébergements temporaires, voire chez des proches. Cette instabilité accentue leur précarisation et peut engendrer des troubles psychologiques liés au stress et à l’incertitude de leur situation.
Voici la tribune de Léa Quilan, Hugo Pommier et Raphaël Adanjo.
Marginalisation dans l’accès au logement social
Trois étudiants en classe de diplôme supérieur en immobilier en bac+5 à l’ESPI, Léa Quilan, Hugo Pommier et Raphaël Adanjo, se sont essayé à la formulation d’analyses et de propositions pour le logement des jeunes à partir de leur vécu et au regard du rapport sur le logement des jeunes du Conseil national de l’habitat et du Conseil d’orientation de la Jeunesse (COJ Conseil d’orientation des politiques de jeunesse - une commission administrative consultative placée auprès du Premier ministre sur les politiques publiques à l’égard des jeunes ). Les trois étudiants s’accordent sur les constats : insuffisance de l’offre adaptée et critères de solvabilité trop stricts.
Les logements étudiants ne couvrent que 8 % des besoins de cette population. En France, 800 000 jeunes âgés de 18 à 29 ans sont en attente d’un logement social. La part des ménages de moins de 30 ans dans le parc HLM est passée de 24 % en 1984 à seulement 6 % en 2023, illustrant leur marginalisation dans l’accès au logement social.
Dans le parc privé, l’un des principaux obstacles rencontrés - outre le niveau des loyers - est l’exigence de garanties financières importantes de la part des bailleurs. Beaucoup de jeunes n’ont pas de revenus fixes, et ceux en alternance ou en stage se voient souvent refuser des logements faute de garanties suffisantes. La nécessité de présenter un garant solvable (souvent avec trois fois le montant du loyer) exclut une partie des jeunes issus de milieux modestes. Pour les étudiants n’ayant aucun revenu, les bourses ne sont souvent pas suffisantes pour leur permettre d’accéder à un logement.
Beaucoup de jeunes, faute de solutions adaptées, sont contraints d’accepter des logements insalubres ou trop exigus. Certains n’ont d’autre choix que de se loger en foyer, dans des hébergements temporaires, voire chez des proches. Cette instabilité accentue leur précarisation et peut engendrer des troubles psychologiques liés au stress et à l’incertitude de leur situation.
Leurs expériences
« Des factures énergétiques exorbitantes »
« Personnellement, après avoir déposé des dizaines de dossiers pour des locations, je n’ai reçu que des refus ou pire, aucune réponse. Confronté à l’urgence, j’ai dû accepter un appartement classé en DPE Diagnostic de performance énergétique - évaluation pour un logement ou d’un bâtiment, en évaluant sa consommation d’énergie et son impact en terme d’émissions de gaz à effet de serre G, à la limite de l’indécence, avec une isolation inexistante et des factures énergétiques exorbitantes. Cependant, en m’appuyant sur la loi Climat et résilience, j’ai envoyé un courrier recommandé à mon bailleur, lui rappelant ses obligations légales. Grâce à cette démarche, j’ai obtenu une diminution de loyer (ce dernier ne pouvant pas excéder celui payé par le précédent locataire) ainsi que le gel du loyer. Ce combat a été éprouvant et montre qu’il est difficile d’obtenir un logement. De plus, si je ne connaissais pas la législation, j’aurais payé le loyer du marché pour un logement respectant à peine les critères de décence. »
Hugo Pommier
« J’habite encore chez mes parents à 24 ans »
« J’habite encore chez mes parents à 24 ans, faute de solution de logement abordable. En 2019 dans le cadre de mon BTS Brevet de technicien supérieur Professions Immobilières, j’avais envisagé d’intégrer une résidence étudiante afin de découvrir la vie en autonomie. Dans le cadre d’un devoir de fin d‘année concernant les résidences services, je me suis intéressé aux chambres étudiantes des Résidences Les Estudines. Avec mes parents, nous étions stupéfaits lorsque nous avons constaté les montants des loyers pour une simple chambre. Assumer un loyer de 800 à 900 € pour studio de 20 m2 était tout simplement inaccessible pour un étudiant en formation initiale comme moi ».
Raphaël Adanjo
« 65 % disent être éligibles aux APL »
« Dans le cadre de mon mémoire de fin de master, j’ai interrogé par le biais d’un questionnaire 100 personnes sur l’impact de la crise du logement sur le phénomène de mal logement afin d’approfondir mon étude, mais aussi dans l’idée de leur donner la parole. Toutes les personnes interrogées s’accordent à dire que la situation du logement en France est préoccupante. Certaines jugent même la situation catastrophique, compliquée et inquiétante. Parmi les personnes interrogées, 34 % ont entre 18 et 25 ans. Sur l’ensemble des jeunes interrogés, 65 % disent être éligibles aux APL Aides personnelles au logement correspondant à 3 types d’aides : l’aide personnalisée au logement, l’allocation de logement à caractère familial et l’allocation de logement à caractère social . Cependant, l’État a décidé de faire des économies sur ces aides aux jeunes, impactant la possibilité des jeunes ménages les plus modestes de se loger dignement. 60 % des jeunes interrogés confient avoir réduit leurs dépenses essentielles comme l’alimentation, la santé ou les loisirs pour pouvoir se loger. 84 % pensent que l’augmentation du prix des loyers aggrave le phénomène de mal logement, car cela pousse les locataires à vivre dans des logements plus petits, précaires ou insalubres. En outre, 71 % pensent que les politiques actuelles sont insuffisantes pour lutter contre cette crise. »
Léa Quilan
Leurs préconisations
Au regard de ces chiffres, quelles mesures prendre pour répondre efficacement à la lutte contre le mal logement chez les jeunes ?
« Besoin d’un engagement réel des collectivités territoriales »
« Mon opinion est que l’on ne sortira pas de la crise du mal-logement des jeunes sans un engagement réel des collectivités territoriales et la mise en oeuvre de politiques locales soutenues par l’État. Les disparités territoriales sont telles que les politiques définies à l’échelle nationale ne peuvent à elles seules résoudre le problème. Il est nécessaire d’adapter les stratégies en fonction des besoins locaux. Dans les grandes villes, où les tensions locatives sont extrêmes, il faut accélérer la construction de logements sociaux et intermédiaires. Dans les villes moyennes présentant un fort taux de vacance, une refonte de l’offre doit être envisagée pour mieux répondre aux besoins des jeunes. »
Léa Quilan
« La garantie Visale doit être mieux promue »
« La garantie Visale
Contrat de cautionnement gratuit et dématérialisé d’Action Logement, qui garantit les loyers et les charges impayés des parcs locatifs privés pour accompagner les locataires vers l’emploi
, qui permet aux jeunes de louer un logement sans garant physique, doit être mieux promue et élargie à davantage de profils. Le législateur pourrait proposer des incitations fiscales aux bailleurs choisissant de signer un bail avec un locataire ayant souscrit une garantie Visale, encourageant les bailleurs à privilégier ce genre de candidat locataire. Dans certaines zones, l’encadrement des loyers permettrait aux jeunes de se loger en limitant les hausses excessives des loyers, notamment dans les zones tendues où la demande dépasse largement l’offre. En imposant un plafond aux loyers, cette mesure empêche les propriétaires de fixer des prix prohibitifs, rendant ainsi l’accès au logement plus abordable pour les étudiants et jeunes actifs. Cela leur permettrait de consacrer une part moins importante de leurs revenus au logement, réduisant ainsi leur précarité financière et facilitant leur autonomie. L’APL
Aides personnelles au logement correspondant à 3 types d’aides : l’aide personnalisée au logement, l’allocation de logement à caractère familial et l’allocation de logement à caractère social
est un levier essentiel pour soutenir les jeunes dans leur accès à un habitat stable. Une augmentation de cette aide ou une meilleure adaptation aux loyers des grandes villes serait un levier essentiel. De la même façon, une réévaluation des bourses étudiantes selon leur lieu d’étude permettrait d’aligner le coût des logements avec la bourse accordée, permettant aux étudiants de mieux se loger. »
Hugo Pommier
« Inciter les propriétaires à mettre leur bien en location »
« Il me semble aussi primordial de réformer la fiscalité immobilière afin d’inciter les propriétaires à mettre leur bien en location. La suppression du dispositif Pinel et d’autres régimes de défiscalisation freine l’investissement locatif alors que des dispositifs incitatifs, à destination des propriétaires comme des locataires, pourraient relancer l’offre de logements. Créer un système d’investissement locatif dédié aux étudiants et qui générerait une rentabilité ou une défiscalisation permettrait aux bailleurs investisseurs de continuer d’acheter dans le neuf et de créer de l’offre de logement pour les étudiants en demande ».
Raphaël Adanjo
Rubrique dirigée par Jean-Luc Berho
La rubrique est dirigée par Jean-Luc Berho
Président @ Les Entretiens d’Inxauseta (rendez-vous annuel sur le logement) • Président @ Soliha Pays Basque • Directeur Analyses Débats et Tribunes Cities @ News Tank (NTN) • Président @ Supastera…
(berhoji@laposte.net) créateur des Entretiens d’Inxauseta, événement annuel dédié aux politiques du logement et de l’habitat. La prochaine édition est prévue le 29/08/2025 à Bunus (Pyrénées-Atlantiques) sur le thème du logement. Jean-Luc Berho est président de Soliha
Solidaires pour l’habitat, réseau PACT et réseau Habitat & Développement
Pays Basque, président du conseil de surveillance de la Coopérative de l’immobilier à Toulouse, administrateur de l’association Aurore, administrateur d’Espacité et membre du Conseil national de l’habitat (CNH
Conseil national de l’habitat
). La rubrique a vocation à mettre en exergue des avis experts sur l’accès au logement, le parcours résidentiel, la politique de la ville, l’urbanisme et l’aménagement des territoires, en France et à l’international.
École supérieure des professions immobilières (ESPI)
Groupe ESPI (École Supérieure des Professions Immobilières)
• Activité : établissement d’application spécialisé dans l’immobilier (dont les titres sont reconnus par l’État)
• Création : 1972
• Président du groupe : Christian Louis-Victor
• Directeur général : Bernard Pinat
• Directeur du conseil scientifique et de perfectionnement : Jean-Michel Mangeot
• Tél. : 01 45 67 20 82
• Relations Presse : Florencia Simpore-Konan
• Tél. : 07 48 11 14 15
Catégorie : Enseignement supérieur et formation
Adresse du siège
23 rue de Cronstadt75015 Paris France
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Fiche n° 12179, créée le 13/05/2021 à 16:22 - MàJ le 14/03/2025 à 09:54

Conseil national de l’habitat
• Missions : instance de consultation placée auprès du ministre chargé de la construction et de l’habitation. Le CNH est consulté sur toutes mesures relatives au barème, au financement et au versement des aides personnelles au logement, ainsi que sur les mesures destinées à favoriser la mixité sociale, à réhabiliter l’habitat existant, et sur les aides à l’accession à la propriété. Il peut également émettre des avis sur toute question relative à la politique du logement. Il est composé, outre de membres de l’administration, de représentants des élus de la nation et des collectivités territoriales, et de représentants des professionnels et des usagers du secteur du logement. mène des travaux spécifiques dans le cadre de groupes de travail sur 4 thèmes (habitat et territoires, accession à la propriété des ménages à revenus non-salariés à durée indéterminée, décentralisation et l’Europe
• Présidente : Annaïg Le Meur, députée de la 1ère circonscription du Finistère
• Vice-président : Damien Botteghi, DHUP
• Adresse : Grande Arche Paroi Sud Paris La Défense
• Tel. : 01 40 81 96 25
Catégorie : Etat et autorités publiques
Adresse du siège
Grande Arche Paroi Sud Paris La Défense92055 Paris La Défense France
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Fiche n° 6799, créée le 20/03/2018 à 04:58 - MàJ le 14/03/2025 à 16:23