Rénovation énergétique des logements : « Sur 1,5 million visés, 750 000 sont probables » (M. Pelenc)
« Il y a globalement, sur le 1,5 million de logements rénovés en 10 ans pour les propriétaires occupants, 750 000 probables et 750 000 improbables », indique Michel Pelenc, directeur général de Soliha
• Fédération nationale, réseau associatif national au service de l’habitat privé à vocation sociale avec 123 organismes d’aide aux particuliers, collectivités locales et institutions…
, lors des Entretiens d’Inxauseta, à Bunus (Pyrénées-Atlantiques), le 31/08/2018, au sujet des objectifs du plan de rénovation énergétique des bâtiments.
« Il y a un angle mort pour les locataires qui représentent 1,7 million de rénovations, d’ici à 2025. Il n’existe pas d’outil spécifique sur ce segment de population. Or 45 % des locataires occupent un logement énergivore. Ils ont des charges et les loyers à payer, donc un problème de taux d’effort réel et qui augmente. Par ailleurs, il y a une difficulté supplémentaire c’est que c’est au propriétaire bailleur de déclencher des travaux. Mais ce dernier n’a pas d’intérêt immédiat à déclencher des travaux qui bénéficieront au locataire », précise Michel Pelenc.
« Les aides sont illisibles. Chaque fois, il faut monter des dossiers différents avec de multiples financeurs. Nous demandons depuis des années la mise en place d’un dossier unique mais c’est impossible parce que personne ne veut le faire. Chacun a son logiciel. Il y a en général 4 ou 5 financeurs par dossier (caisses de retraite, collectivités, État) avec leurs logiques propres. Nous sommes des absorbeurs de difficultés. Au final, nous faisons de l’ingénierie financière adaptée aux objectifs des politiques publiques. »
7,4 millions de passoires thermiques sur un parc de 26 millions de logements
Chez Soliha, nous travaillons sur 3,7 millions de passoires thermiques occupées par des ménages avec peu de moyens. Sur les 3,7 millions, 1,5 million sont des propriétaires occupants et 1,7 million des locataires »
- « Chez Soliha, on s’intéresse aux 4 premiers déciles des personnes en termes de revenus. Il s’agit en grande partie de personnes au seuil de pauvreté. Quelqu’un qui gagne 900-1200 €, ne se lancera pas dans des travaux de rénovation sans aide. Il faut donc des aides, ensuite il est toujours possible de discuter du curseur ou du type d’aide apportée.
- La loi pour la Transition énergétique et la croissance verte, votée en 2015, fixe des objectifs très précis pour lutter contre le dérèglement climatique :
- Pour 2025 est prévue la disparition des passoires énergétiques, soit les logements F et G qui correspondent aux logements énergivores et dans lesquels ont peut avoir froid dans son logement.
- Pour 2050, un parc totalement BBC Bâtiment basse consommation - dont la consommation énergétique globale est inférieure à 50 kWh d’énergie/an/m² dans le neuf ; 40 à 75 kWh/an/m² selon l’altitude et 80 kWh/an/m² dans l’existant rénové , c’est-à-dire dans le haut des étiquettes énergétiques, soit A et B.
- Ces objectifs posent un sacré problème. On a 7,4 millions de passoires thermiques aujourd’hui. Il y a 26 millions de logements environ en France. Un parc public à l’intérieur et 20 millions de logements privés. Pour ce qui concerne Soliha, nous travaillons sur 3,7 millions passoires thermiques occupées par des ménages avec peu de moyens. Sur les 3,7 millions, nous avons 1,5 million de propriétaires occupants et 1,7 million de locataires.
- Pour les propriétaires occupants, j’ai 1,5 million et un objectif dans le plan de rénovation énergétique de 150 000 rénovations par an sur 10 ans. Il devrait donc y avoir éradication des passoires thermiques en 10 ans, soit en 2028 ce qui représente déjà un décalage de 3 ans avec l’objectif de 2025.
- Dans ces 150 000 rénovations par an, j’ai 75 000 rénovations financées par des aides à la pierre. Essentiellement les aides de l’Anah, mais aussi des collectivités territoriales ou d’autres aides comme celles des caisses de retraites qui s’ajoutent. Donc, on devrait à peu près arriver à remplir cet objectif.
- Après, j’ai 750 000 qui doivent être atteints avec d’autres aides : les CEE Certificat d’économie d’énergie - dispositif réglementaire obligeant les fournisseurs d’énergie à réaliser des économies d’énergie en entreprenant différentes actions auprès des consommateurs (il s’agit du droit de polluer des énergéticiens) et il y a le CITE Crédit d’impôt transition énergétique - concerne les travaux d’amélioration énergétique de l’habitation principale . Le problème du crédit d’impôt pour les personnes qui n’ont pas d’argent c’est qu’il arrive après avance des frais. C’est moins intéressant que les aides à la pierre. Cela pose la question du ciblage et de la pertinence des aides selon les personnes visées.
- Le problème de ces 75 000 par an, c’est qu’il est impossible de le suivre et de l’évaluer. Dans la loi ELAN Évolution du logement et aménagement numérique - Loi « Logement » adoptée le 23/11/2018 par le Parlement , il est prévu le carnet numérique, mais ça va être long à mettre en place. Il devrait permettre une traçabilité dans le temps des propriétaires occupants qui font des travaux, pour aller dans le temps vers les objectifs visés.
Il y a globalement, sur les 1,5 million de logements rénovés en 10 ans pour les propriétaires occupants, 750 000 probables et 750 000 improbables.
Là où il y a vraiment un angle mort, c’est pour les locataires qui représentent 1,7 million de rénovations d’ici à 2025. Il n’y a pas d’outil spécifique pour ce segment de population, or 45 % des locataires occupent un logement énergivore. Ils ont des charges et les loyers à payer, donc un problème de taux d’effort réel et qui augmente. Par ailleurs, il y a une difficulté supplémentaire c’est que c’est au propriétaire bailleur de déclencher des travaux, mais ce dernier n’a pas d’intérêt immédiat à déclencher des travaux qui bénéficieront au locataire.
Ce que l’on propose c’est d’utiliser le décret décence prévu par la loi de transition énergétique, qui prévoit un indicateur de performance énergétique. Pour un ménage locataire qui occupe un logement humide : Il est possible d’aller voir la CAF qui établit le diagnostic. Selon le diagnostic, l’APL qui est versée au propriétaire-bailleur est consignée. Ensuite pour l’indécence on pourrait dire simplement que les logements F et G ne sont pas à mettre sur le marché. »
« Nous demandons la mise en place d’un dossier unique »
Il faut cibler les différents outils d’aide, selon les types de populations et de logements dans lesquels ils vivent : le fiscal pour les classes moyennes, les aides à la pierre pour les ménages en difficultés financières… »- « Le problème c’est que ces objectifs relèvent de la loi. Donc soit il n’y a pas les moyens, soit la loi n’est pas bonne mais c’est ennuyeux et c’est un problème de cohérence globale entre les outils et les objectifs fixés. On voit bien qu’il faut cibler les différents outils d’aide, selon les types de populations et de logements dans lesquels ils vivent : le fiscal pour les classes moyennes, les aides à la pierre pour les ménages en difficultés financières… Ensuite vous avez des prêts que vous pouvez chaîner dessus. C’est cette équation qu’il faut résoudre pour réussir la rénovation énergétique des bâtiments à grande échelle.
- Les aides sont illisibles. Chaque fois il faut monter des dossiers différents avec de multiples financeurs. Nous demandons depuis des années la mise en place d’un dossier unique mais c’est impossible parce que personne ne veut le faire. Chacun a son logiciel, fait à sa manière. Il y a en général 4 ou 5 financeurs par dossier (caisses de retraite, collectivités, État) avec leurs logiques propres. Nous sommes des absorbeurs de difficultés. Au final, nous faisons de l’ingénierie financière adaptée aux objectifs des politiques publiques. »
Parcours
Président
Directeur général
Directeur
Établissement & diplôme
Doctorat en économie / MBA Management du développement
Fiche n° 32673, créée le 10/09/2018 à 14:34 - MàJ le 09/11/2022 à 10:54
Soliha
• Fédération nationale, réseau associatif national au service de l’habitat privé à vocation sociale avec 123 organismes d’aide aux particuliers, collectivités locales et institutions sociales
• Missions : améliorer les conditions d’habitat des populations défavorisées, fragiles et vulnérables et revitaliser les bourgs et quartiers dégradés
• Création : 1942
• Président : Alain Régnier
• Directrice générale : Juliette Laganier
• Effectif : 3 550 salariés
• Contact : Thomas Bachelet, responsable du pôle communication
• Tél. : 06 60 18 44 36
Catégorie : Association, Fondation
Adresse du siège
10, rue du Plâtre 75004 Paris75009 Paris France
Consulter la fiche dans l‘annuaire
Fiche n° 6341, créée le 24/01/2018 à 05:12 - MàJ le 17/10/2024 à 12:05