Commerces : « Ne pas se tromper d’objectif, ni d’horizon » (Emmanuel Le Roch, Procos)
« L’urgence, c’est la trésorerie car le commerce, son talon d’Achille, c’est le cash. Il en consomme beaucoup et très vite. Et même fermé, il en gaspille beaucoup. Dans la phase actuelle, il faut que l’État s’assure de la très grande rapidité du remboursement du chômage partiel, sous 10 jours comme promis, et qu’il s’assure que les banques accordent très vite les prêts hors du rythme habituel après dossiers, comités… et qu’il sanctionne les banques qui n’auraient pas compris l’enjeu », indique Emmanuel Le Roch, délégué général de la fédération Procos
• Fédération représentative du commerce spécialisé
• Création : 1975
• Mission : valoriser le commerce spécialisé (habillement, équipement de la maison, sport, alimentaire spécialisé, luxe et…
, dans une tribune publiée dans la newsletter de la fédération, le 03/04/2020.
« Viennent ensuite les loyers. La grande majorité des commerçants, pour se protéger et survivre, se sont mis en position de piloter leurs loyers (fin des prélèvements automatiques, fin des règlements trimestriels, mise en place de règlements mensuels, fin de mois en fonction de l’activité réelle). Ce n’est pas un débat juridique, c’est un enjeu économique, social et sociétal. L’objectif n’est pas le règlement de 1 ou 2 mois de loyers pendant que les magasins sont fermés. La plupart des acteurs ne pourront pas les payer sans avoir généré de chiffre d’affaires car cela mettrait en danger leur avenir ».
« Y arriver ne peut passer par le report du remboursement des loyers non payés pendant la fermeture, cela reviendra à consacrer une partie des emprunts garantis pour les financer. Ce n’est l’objectif ni de l’État et ni de la société. L’objectif est que cet argent serve à sauver les emplois. Le plus simple serait que le Gouvernement décrète la suspension des baux commerciaux pendant la période de fermeture. (…) Bien entendu, il faut accompagner les bailleurs, s’assurer du report de leurs prêts, leur permettre de récupérer partiellement les franchises de loyers qu’ils auront fait par des crédits d’impôt. Il faut assurer aux petits bailleurs un revenu minimum au même titre que l’État l’a fait pour les TPE ».
« C’est cela l’enjeu. C’est ce qui doit nous préoccuper et ce sur quoi nous devons travailler et non sur le fait de savoir quelle est la clause du bail qui s’applique. (…) Si nous sommes immatures, sans vision, nous resterons sur ces sujets de court terme, la bataille juridique sera dure, longue, des milliers de magasins fermeront. La mise en redressement de l’enseigne André sera suivie de beaucoup d’autres… À la fin de nombreux bailleurs n’auront plus de locataires, la vacance commerciale explosera, la valeur des actifs immobiliers s’effondrera. Nous aurons gaspillé l’argent public ».
Voici la tribune d’Emmanuel Le Roch.
« L’enjeu, c’est l’emploi et la vie dans les territoires »
Nous vivons une période exceptionnelle, stressante, inconnue et dont nous ignorons l’issue. Chacun essaie de s’adapter au mieux. Il y a celles et ceux qui travaillent dans les hôpitaux, les Ehpad Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes que l’on admire et remercie tous. Il y a les collaborateurs des commerçants restés ouverts et que l’on remercie de répondre à nos besoins essentiels(alimentaires…). À tous nous disons : merci et prenez soin de vous et des vôtres. Puis, tous les autres dont je fais partie, ceux qui, en télétravail ou chômage partiel, gardant leurs enfants, sont enfermés chez eux, attendent et scrutent les évolutions de l’épidémie et, surtout, se demandent quand et comment tout ceci va se terminer ? Forcément un peu inquiétant et angoissant. J’ai la chance d’être très occupé, car Procos continue plus que jamais de jouer son rôle de plateforme d’échange entre des enseignes inquiètent de leur avenir, avec des magasins fermés, sans aucun chiffre d’affaires et quelques enseignes dont les magasins sont toujours ouverts pour répondre aux besoins urgents des Français mais qui ont très peu de clients.
Une question nous taraude : comment s’en sortir pour le commerce ? Comment passer cette crise de trop, après les Gilets jaunes et les grèves ?
Des enseignes dont beaucoup sont déjà fragilisées par l’année et demie qui vient de passer, des enseignes qui, lorsqu’elles sont à l’international, vivent la même chose dans presque tous les pays du monde. Certaines ont connu le confinement chinois et voient aujourd’hui les choses repartir très doucement (50 % à 60 % du CA Chiffre d’affaires plusieurs semaines après l’ouverture).
Quels sont les enjeux ? Quel est le combat collectif pour sauver les magasins et 1,2 million d’emplois de commerce non alimentaire ?
Par spécialité, presque par nature, au sein de Procos, nous avons beaucoup parlé des baux, des bailleurs, des loyers … de l’appréciation juridique. C’est important, mais ce n’est pas l’enjeu. L’enjeu c’est l’emploi et la vie dans les territoires. Nous avons la chance de vivre en France, le Gouvernement a été très efficace en mettant en place très largement le chômage partiel, pour sauver l’emploi et éviter le chômage tout court, et les prêts garantis par l’État.
L’urgence, c’est la trésorerie car le commerce, on le sait, son talon d’Achille, c’est le cash. Il en consomme beaucoup et très vite. Et, même aujourd’hui, fermé, il en gaspille beaucoup. Dans la phase actuelle, il faut que l’État s’assure de la très grande rapidité du remboursement du chômage partiel, sous dix jours comme promis, et qu’il s’assure aussi que les banques accordent très vite les prêts hors du rythme habituel après dossiers, comités… et qu’il sanctionne les banques qui n’auraient pas compris l’enjeu. Ensuite viennent les loyers. Aujourd’hui, la grande majorité des commerçants, pour se protéger et survivre, se sont mis en position de piloter leurs loyers (fin des prélèvements automatiques, fin des règlements trimestriels, mise en place de règlements mensuels, fin de mois en fonction de l’activité réelle). Ce n’est pas un débat juridique, c’est un enjeu économique, social et sociétal.
L’objectif n’est pas le règlement de 1 ou 2 mois de loyers pendant que les magasins sont fermés. La plupart des acteurs ne pourront pas les payer sans avoir fait de chiffre d’affaires car cela mettrait en danger leur avenir ! Il faut donc changer de sujet et s’intéresser à l’avenir. Créons les conditions d’une reprise de l’activité, gérons sa progressivité, pour que fin 2020 le moins possible de magasins aient fermé, le moins d’emplois disparu. Y arriver ne peut passer par le report du remboursement des loyers non payés pendant la fermeture, cela reviendra à consacrer une partie des emprunts garantis pour les financer. Ce n’est l’objectif ni de l’État et ni de la société. L’objectif est que cet argent serve à sauver les emplois.
Le plus simple serait que le Gouvernement décrète la suspension des baux commerciaux pendant la période de fermeture. Aucun loyer et aucune charge ne seraient dus. Cela évitera d’engorger les tribunaux. Cela évitera des fermetures de magasins. Cela permettra aux acteurs, bailleurs comme preneurs de se consacrer à la période de réouverture pour qu’elle se passe au mieux. Car cette réouverture, progressive, nécessitera un accompagnement particulier. Il faudra adapter les loyers à la réalité du chiffre d’affaires. Impossible de payer 100 % du loyer quand on réalise 60 % de chiffre d’affaires. Bailleurs et preneurs vont devoir inventer ces dispositifs. C’est à cela qu’il faut travailler.
Bien entendu, il faut accompagner les bailleurs, s’assurer du report de leurs prêts, leur permettre de récupérer partiellement les franchises de loyers qu’ils auront fait par des crédits d’impôt, par exemple. Il faut assurer aux petits bailleurs un revenu minimum au même titre que l’État l’a fait pour les TPE.
C’est cela l’enjeu. C’est ce qui doit nous préoccuper et ce sur quoi nous devons travailler et non sur le fait de savoir quelle est la clause du bail qui s’applique. Ce qui pourrait devenir un sujet si on apprécie mal les enjeux, si on se concentre sur des objectifs futiles, marginaux, les loyers de magasins fermés ! Si nous sommes immatures, sans vision, nous resterons sur ces sujets de court terme, la bataille juridique sera dure, longue, des milliers de magasins fermeront et la mise en redressement de l’enseigne André sera suivie de beaucoup d’autres….et, à la fin de nombreux bailleurs n’auront plus de locataires, la vacance commerciale explosera, la valeur des actifs immobiliers s’effondrera ! Par ailleurs, nous aurons gaspillé l’argent public car chômage partiel, emprunts garantis, n’auront pas atteint leur but sociétal : sauver les magasins, sauver les emplois.
Les pertes sociétales seraient énormes : désertification commerciale des centres-villes, de centres commerciaux. Pour les collectivités, une perte durable de recettes fiscales, pour les habitants, à nouveau le sentiment d’abandon, source du mouvement des Gilets jaunes. Pour le commerce, hausse du chômage donc baisse de la consommation, vacance commerciale donc baisse de l’attractivité des lieux de commerce, donc augmentation de la vacance commerciale… Il n’y a pas d’autre issue, des locaux libérés ne trouveront pas si vite de nouveaux locataires. Lesquels ? Tous les acteurs sont fragilisés, français comme étrangers !
Ne nous trompons pas d’enjeux, faisons les bons choix, et consacrons notre énergie à préparer l’avenir. C’est notre souhait à Procos avec le conseil d’administration, les équipes, de positionner notre ambition pour travailler avec optimisme sur un avenir le plus radieux possible
Parcours
Délégué général
Directeur Immobilier et expansion
Établissement & diplôme
Master Commerce distribution
Fiche n° 33915, créée le 21/01/2019 à 15:03 - MàJ le 02/07/2024 à 11:23
Procos
• Fédération représentative du commerce spécialisé
• Création : 1975
• Mission : valoriser le commerce spécialisé (habillement, équipement de la maison, sport, alimentaire spécialisé, luxe et beauté, chaussure, restauration…)
• Adhérents : 310 enseignes
• Président Fondateur : Marc Goguet
• Président : André Tordjman (Du Bruit dans la Cuisine et Du Bruit dans la Maison)
• Vice-présidente : Véronique Léger (Yves Rocher)
• Délégué général : Emmanuel Le Roch
• Contact : Sophie Madignier, directrice marketing - relations publiques
• Tél. : 01 44 88 95 60
• club@procos.org
Catégorie : Fédération professionnelle
Adresse du siège
31 rue du 4 septembre75002 Paris France
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Fiche n° 6476, créée le 06/02/2018 à 12:05 - MàJ le 02/07/2024 à 09:25
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