Exclusif« Les conditions d’habitat donnent un cadre très inégal au confinement » (A. Audi, maire de Périgueux)
Depuis février 2020, la France est touchée par l’épidémie de Covid-19
Maladie virale provoquée par le coronavirus SARS-CoV-2. Il est responsable d’une épidémie qui a démarré à Wuhan en Chine en novembre 2019 évoluant au statut de pandémie en mars 2020
qui frappe tous les pays. Après avoir été en stade 1 (cas importés sur le territoire/freiner l’introduction), en stade 2 (existence de cas regroupés sur le territoire/freiner la propagation), en stade 3 (stade épidémique/circulation active du virus), puis en déconfinement « progressif » depuis le 11 mai, avec une carte bicolore… à 3 couleurs, et où la propagation du virus est souvent liée à la densité de population. Les pouvoirs publics et les entreprises ont mis en œuvre des mesures exceptionnelles et indispensables pour lutter contre une épidémie d’une ampleur inédite. Mais le confinement lié à l’urgence sanitaire a engendré un isolement inquiétant dans une période sans référence, écrit Antoine Audi
Conseiller régional @ Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine • 1er vice-président du Grand Périgueux @ CA du Grand Périgueux • Maire (LR) @ Mairie de Périgueux
, maire de Périgueux (en tête avec 19,3 % au 1e tour des élections municipales de mars 2020), dans une tribune adressée à News Tank le 11/05/2020.
Cette crise sanitaire va s’accompagner d’une importante récession économique sur fond de mal être social. Ce temps de confinement nous incite à réfléchir différemment aujourd’hui pour agir autrement demain. Nous avons plus de temps pour lire, et aucun média n’a échappé au thème : « Le monde d’après », « Ce qu’il faut changer », « Comment s’en sortir sans sortir »… Tous ces débats éclairent notre réflexion et notre action d’élus, confrontés à un combat quotidien pour accompagner nos citoyens empêtrés dans une crise sanitaire, économique, sociale et psychologue. Peu de médias ont corrélé les difficultés du confinement aux conditions de logement. Le confinement jette une lumière crue et accusatrice sur les inégalités de logement.
Maire de Périgueux, où 21 % de la population est en dessous du seuil de pauvreté, où 56 % des personnes vivent seules (35 % au niveau national), et dans laquelle se situent plus de 3 000 logements sociaux dont la compétence a échappé à la Ville, j’ai mis en place un n° vert dédié au Covid-19, auquel je réponds une heure par jour. Cette écoute est essentielle, elle permet de rassurer et de mieux comprendre. Elle pointe le fait que les conditions de logement donnent un cadre très inégal au confinement.
Voici la tribune d’Antoine Audi.
Changer en profondeur ou… en surfaces ?
Depuis février 2020, la France est touchée par l’épidémie de Covid-19 Maladie virale provoquée par le coronavirus SARS-CoV-2. Il est responsable d’une épidémie qui a démarré à Wuhan en Chine en novembre 2019 évoluant au statut de pandémie en mars 2020 qui frappe tous les pays. Après avoir été en stade 1 (cas importés sur le territoire/freiner l’introduction), en stade 2 (existence de cas regroupés sur le territoire/freiner la propagation), puis en stade 3 (stade épidémique/circulation active du virus), puis en déconfinement « progressif » depuis le 11 mai, avec une carte bicolore… à 3 couleurs et où la propagation du virus est souvent liée à la densité de population.
Les pouvoirs publics et les entreprises ont mis en œuvre des mesures exceptionnelles et indispensables pour lutter contre une épidémie d’une ampleur inédite, mais le confinement lié à l’urgence sanitaire a engendré un isolement inquiétant dans une période sans référence.
Cette crise sanitaire va s’accompagner d’une importante récession économique sur fond de mal être social. Ce temps de confinement nous incite à réfléchir différemment aujourd’hui pour agir autrement demain. Nous avons plus de temps pour lire, et aucun média n’a échappé au thème : « Le monde d’après », « Ce qu’il faut changer », « Comment s’en sortir sans sortir »… Tous ces débats éclairent notre réflexion et notre action d’élus, confrontés à un combat quotidien pour accompagner nos citoyens empêtrés dans une crise sanitaire, économique, sociale et psychologue.
Corréler les difficultés du confinement aux conditions de logement
Peu de médias ont corrélé les difficultés du confinement aux conditions de logement. Le confinement jette une lumière crue et accusatrice sur les inégalités de logement.
Les plus précaires, les plus fragiles, confinés dans des logements petits et inconfortables ont perdu un bien très précieux : la liberté de passer le plus de temps possible hors de chez eux. Comme moi, vous avez sûrement le souvenir de ces personnes âgées qui avaient l’habitude de venir se chauffer à La Poste centrale, plus confortable que leur logement. Sans faire allusion aux excès de celles et ceux qui étalent leurs difficultés à vivre le confinement au bord de leur piscine, ou dans leur appartement (ou palais) spacieux, je suis convaincu que le confinement éclaire de manière cruelle les conditions de logement des Français.
Maire de Périgueux, une ville-préfecture, où 21 % de la population est en-dessous du seuil de pauvreté, où 56 % des personnes vivent seules (contre 35 % au niveau national), et dans laquelle se situent plus de 3 000 logements sociaux dont la compétence a échappé à la Ville, j’ai mis en place un n° vert consacré au Covid-19, auquel je réponds une heure par jour. Cette écoute est essentielle, elle permet de rassurer et de mieux comprendre.
Elle pointe le fait que les conditions de logement donnent un cadre très inégal au confinement :
- En temps normal, quand vous êtes mal logés, le travail et les activités extérieures vous permettent d’échapper quelques heures (ou quelques jours à l’occasion des vacances), à votre logement étroit et inconfortable.
- En temps de confinement, ce même logement peut devenir « carcéral ». Vous vous heurtez aux murs, vous vous heurtez parfois aux personnes avec lesquelles vous êtes confinés, vous heurtez à votre propre condition et ce, à temps plein.
Pas d’espace, pas de balcon, pas de terrasse, pas de jardin
Cette crise sanitaire est bien l’occasion d’éclairer en profondeur le sujet… des surfaces. Le moment est donc venu de « déconfiner » le dossier du logement, et il appartient aux différents acteurs en responsabilité du logement, habitat et cadre de vie, responsables d’organismes HLM, présidents de fédérations ou d’organismes d’habitat et, bien sûr, des élus de porter ce sujet, exacerbé par la crise sanitaire. Voici quelques pistes concrètes :
- revoir le principe de l’affectation définitive d’un logement social à une famille. Lorsque les enfants sont partis, la famille -parfois devenue monoparentale- continue d’occuper une surface « familiale » au détriment de jeunes familles en attente de logement ;
- augmenter et lier les aides à la rénovation de l’habitat ancien à la location à des familles ;
- engager un travail sur les aménités des logements collectifs, c’est-à-dire leurs conditions de confort et d’attractivité : notre révision du PSMV Plan de sauvegarde et de mise en valeur, visant des secteurs sauvegardés créés par la loi Malraux du 4 août 1962 permettra d’améliorer l’habitabilité des logements collectifs en secteur sauvegardé avec plus de facilités réglementaires pour créer des balcons, des loggias et des terrasses ;
- mettre en place une densification douce grâce au programme BIMBY (Built in my backyard, Construire dans mon jardin). À Périgueux, il a permis de générer 147 projets en 40 mois. Le projet Built in my backyard facilite la construction de logements supplémentaires sur des terrains déjà occupés. Ce dispositif permet une production douce de nouveaux logements sans accentuer l’étalement urbain.
Soyons inventifs, soyons courageux, soyons ambitieux, soyons généreux.
Rubrique animée par Jean-Luc Berho
La rubrique est dirigée par Jean-Luc Berho (berhoji@laposte.net), créateur des Entretiens d’Inxauseta sur le logement et l’habitat, qui auront lieu le 28/08/2020 à Bunus (Pyrénées-Atlantiques), et président de la Coopérative de l’immobilier, à Toulouse.
La rubrique a vocation à mettre en exergue des avis experts (élus locaux, responsables associatifs, présidents de syndicats professionnels, entrepreneurs…) sur le logement, la politique de la ville, l’urbanisme et l’aménagement des territoires, en France et à l’international.
Antoine Audi
Conseiller régional @ Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine
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Fiche n° 36225, créée le 04/09/2019 à 11:49 - MàJ le 15/05/2020 à 11:24