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Exclusif« Un profond réaménagement des lieux de travail sera nécessaire » (E. Duez, The Boson Project)

News Tank Cities - Paris - Interview n°183829 - Publié le 26/05/2020 à 09:03
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Emmanuelle Duez, fondatrice de The Boson Project - ©  D.R.

« Dans l’immédiat, les entreprises doivent réfléchir à la reprise de l’activité, au réaménagement express des locaux pour permettre le travail dans de bonnes conditions sanitaires. Mais nous sommes convaincus que dans quelques mois, quand entreprises et collaborateurs auront trouvé de nouveaux repères, de nouvelles raisons et manières de travailler ensemble, un profond réaménagement des lieux de travail sera nécessaire. Les bureaux ne vont pas disparaître. Ils vont se réinventer pour permettre à l’entreprise de se réinventer », indique Emmanuelle Duez Conseil de gouvernance externe @ Naval Group • Fondatrice @ Tchatche • Co-fondatrice @ La Croisée des mondes, The Boson Project, X MarineNationale • Fondatrice @ La Compagnie by Boson
, dirigeante et fondatrice de The Boson Project • The Boson Project. Missions : conception d’espaces de travail, conseil en management en entreprises, conseil en relations publiques et communication Statut : SASU Création … à Paris, le 20/05/2020.

« Avec la nouvelle composante santaire, le bureau ne peut plus être considéré comme le lieu de travail par défaut, systématique, imposé et jamais remis en question. C’était déjà la tendance avec le développement du télétravail, que la crise sanitaire a accéléré de façon fulgurante. Il n’y aura pas de retour en arrière sur ce point, et c’est très bien selon nous. Derrière le travail à distance se cache une révolution managériale à l’œuvre. L’autonomie, la responsabilisation, la confiance a priori et la transparence de l’information ne seront plus négociables », déclare Emmanuelle Duez, dont la société accompagne la transformation des organisations du travail provoquée par des projets immobiliers.

« À contre-courant de ce qu’on peut lire sur la mort des bureaux, je pense au contraire que les sièges sociaux et lieux de travail sont de plus en plus considérés, par une génération de dirigeants à l’avant-garde, comme un outil stratégique pour l’entrepris », dit-elle. « La direction immobilière, qui formait un binôme inséparable avec la direction financière, passe sous l’influence de la direction des ressources humaines. C’est un signal fort. La crise sanitaire renforce ces tendances. On ne peut pas isoler les projets immobiliers des enjeux humains ».

Emmanuelle Duez répond aux questions de News Tank.


« Le bureau n’est pas mort. Il reste un lieu de retrouvailles choisi, décliné en lieux multiples et pluriels sur le territoire »

Vous accompagnez les entreprises dans des processus visant le changement et la transformation des organisations. Comment l’immobilier de bureau risque-t-il d’être impacté par l’après Covid-19 ?

Peut-être que les sièges sociaux vont prendre la forme, à l’avenir, d’écosystèmes éclatés »

Avec la nouvelle composante sanitaire, le bureau ne peut plus être considéré comme le lieu de travail par défaut, systématique, imposé et jamais remis en question. C’était déjà la tendance avec le développement du télétravail, que la crise sanitaire a accéléré de façon fulgurante. Il n’y aura pas de retour en arrière sur ce point, et c’est très bien selon nous. Derrière le travail à distance se cache une révolution managériale à l’œuvre. L’autonomie, la responsabilisation, la confiance a priori et la transparence de l’information ne seront plus négociables. Cette situation inédite force l’excellence humaine de l’entreprise, questionne les racines de l’engagement individuel et collectif mais surtout elle impose en creux une qualité managériale redoutable, corollaire de la résilience des organisations. Pour les amoureux du management, les forces à l’œuvre sont positives. Il en va de même pour l’immobilier, le retour en arrière semble peu probable. Puisqu’on peut travailler chez soi, en réseau et en visioconférence, le bureau tertiaire est-il voué à disparaître ? Ce serait négliger notre instinct grégaire. L’homme est un animal social. Le bureau n’est pas mort. Il reste un lieu de retrouvailles choisi. Il va probablement au contraire se décliner en lieux multiples et pluriels sur le territoire, « relais d’étapes » ou « refuges » à mi-chemin entre l’endroit où l’on habite et le siège où l’on ira moins. Plus incarnés, plus durables, plus petits, plus modulables, plus variés, peut-être que les sièges sociaux vont prendre la forme, à l’avenir, d’écosystèmes éclatés répartis sur le territoire.

Comment transposer des constats, résultant d’un contexte sanitaire très particulier, sur le long terme ?

Tant mieux si la fast fashion dans l’immobilier tertiaire ralentit »

Personne ne peut prédire l’avenir. Mais ce qui est sûr c’est que la ligne d’horizon a changé. Il ne nous faut plus construire du tendance périssable mais du personnalisé valable sur le temps long. Tant mieux si la fast fashion dans l’immobilier tertiaire, le même mobilier, les mêmes matériaux, les mêmes mots, le même agencement… ralentit. Nous pourrons nous concentrer sur l’essentiel. C’est l’alignement de toutes les dimensions de l’entreprise, stratégique, humaine, managériale et spatiale, qui permettra l’engagement durable des collaborateurs, la résilience et la pérennité des organisations.

Vous en appelez à « l’entreprise fraternelle ». Que peut recouvrir cette notion dans l’immobilier d’entreprise ?

Dans l’immédiat, les entreprises doivent réfléchir à la reprise du travail, au réaménagement express des locaux pour permettre le travail dans de bonnes conditions sanitaires. Mais dans quelques mois, lorsque entreprises et collaborateurs auront trouvé de nouveaux repères, de nouvelles raisons et de nouvelles manières de travailler ensemble, un profond réaménagement des lieux de travail sera nécessaire pour entériner la nouvelle réalité. Les bureaux ne vont pas disparaître. Ils vont se réinventer pour permettre à l’entreprise de se réinventer. Nous pensons humblement que, dans un futur plus ou moins proche, immobilier et fraternité, même si le terme paraît désuet en France, devront faire bon ménage.

Comment traduire cette vision ou ambition en termes d’aménagement d’espaces de travail ou de réunions ?

Si la fraternité est le lien, l’espace sera le liant. La fraternité désigne une solidarité spécifique à ceux qui croient aux mêmes valeurs et s’engagent dans un même combat. La fraternité est avant tout un concept révolutionnaire, esthétique. Elle est un sursaut de défense et de survie. Comme le souligne le sociologue Bruno Latour, « chaque entité de la planète possède une façon bien à elle d’accrocher ensemble les autres éléments qui composent, à un moment donné, le collectif. » La fraternité sera au cœur de l’entreprise, portée par les murs et les comportements, ou l’entreprise ne sera plus car l’engagement déclinera.

Comment le secteur immobilier doit-il appréhender la distanciation physique, le télétravail, l’exode urbain, la démobilité… ?

On ne peut pas isoler les projets immobiliers des enjeux humains »

À contre-courant de ce qu’on peut lire ici et là sur la mort des bureaux, je pense au contraire que les sièges sociaux et lieux de travail sont de plus en plus considérés, par une génération de dirigeants à l’avant-garde, comme un outil stratégique pour l’entreprise. L’aménagement des bureaux impacte les modes de vie, de travail, les modèles de management, suscite ou pas l’engagement, incarne ou pas la culture d’entreprise auprès des clients, partenaires et jeunes talents, véhicule le bullshit ou est au contraire gage d’authenticité et d’alignement des organisations. Avant la crise, on observait une prise de conscience émergente du fait que l’espace est un levier de transformation et d’incarnation, de modification des comportements. La direction immobilière, qui formait un binôme inséparable avec la direction financière, passe sous l’influence de la direction des ressources humaines. C’est un signal fort. La crise sanitaire renforce ces tendances. On ne peut pas isoler les projets immobiliers des enjeux humains. Si l’espace, dans le tertiaire notamment, devenait stratégique, je pense qu’à terme et au sortir de la crise il sera vital pour l’entreprise, au sens où il incarnera ou pas la qualité de ce lien social.

Quelles sont les entreprises qui devront faire face à des transformations profondes et durables ?

Le rapport à l’espace-temps est au cœur du monde de demain »

Nous travaillons avec 2 typologies de clients : les usagers (entreprises ou collectivités) et les bâtisseurs (équipes dédiées aux grands projets urbains, architectes, designers, consortium…). À leur demande, nous décryptons les grandes tendances sociétales et dynamiques pour projeter les usages de demain et les futurs souhaitables. Le travail ou l’école en 2050, l’obsolescence des compétences et des connaissances, la génération alpha, les sièges sociaux dans 2 ans, le management 5.0… Nous augmentons les projets immobiliers de cette matière prospective pour passer de la maîtrise d’ouvrage à la maîtrise d’usage. Le confinement a été propice à la réflexion chez les Bosons. Cette période inédite doit nous poser la question des essentiels.

The Boson Project accompagne la transformation des organisations, jugée comme un « levier de performance durable », depuis 8 ans. En 2017, les « Bosons » ont développé une offre déclinant leur expertise dans l’espace, de l’accompagnement à la transformation humaine provoquée par de grands projets immobiliers, jusqu’à l’aménagement de bureaux ou de quartiers avec la marque The Boson Space. « Nos missions spatiales, c’était au départ un pari ambitieux de clients qui voulaient connecter les projets de réaménagement des espaces de vie et de travail aux enjeux stratégiques transformationnels. Nous nous sommes lancés en 2016 avec la fintech La Parisienne Assurances et avons travaillé avec les architectes (Studio Razavi) pour concevoir des espaces à l’image des défis humains, métiers et stratégiques de l’entreprise », indique Emmanuelle Duez.

Emmanuelle Duez


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Parcours

Naval Group
Conseil de gouvernance externe
Tchatche
Fondatrice
La Croisée des mondes, The Boson Project, X MarineNationale
Co-fondatrice
La Compagnie by Boson
Fondatrice

Établissement & diplôme

Università Commerciale 'Luigi Bocconi'
M2 Business
Sciences Po Paris
Master, droit

Fiche n° 38751, créée le 12/03/2020 à 10:11 - MàJ le 11/05/2020 à 19:12

The Boson Project

• The Boson Project.
Missions : conception d’espaces de travail, conseil en management en entreprises, conseil en relations publiques et communication
Statut : SASU
Création : 2013
Fondatrice : Emmanuelle Duez
Effectif : 10 salariés
Contact

Catégorie : Média, Communication, RP


Adresse du siège

15 Passage de la Trinité
75002 Paris France


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Fiche n° 9866, créée le 11/05/2020 à 08:28 - MàJ le 26/05/2020 à 08:47


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Emmanuelle Duez, fondatrice de The Boson Project - ©  D.R.