Think Cities : « Personne ne paye le coût réel de la logistique » (K. Adbdellaoui, APRC Group)
• 3 Md€ d’investissements dans la logistique par an en France ;
• « des grandes villes qui ont conscience de la nécessité de faire quelque chose pour la logistique urbaine », mais une « véritable volonté politique » et un « courage politique » nécessaires face aux craintes des riverains pour parvenir à une logistique urbaine massifiée ;
• « se donner les espaces et structures pour faire face à d’autres crises qui pourraient survenir » ;
• s’appuyer sur un cahier des charges commun dans le cadre de DSP
Délégation de Service Public
pour permettre aux pouvoirs publics d’organiser la logistique à l’échelle des territoires et de clarifier les attentes pour les opérateurs ;
• prendre conscience que « personne ne paye le coût réel de la logistique » dans un contexte de fort développement du e-commerce ;
• réinvestir dans les délaissés en zones urbaines pour exploiter des sites stratégiques abandonnés sans pour autant re-privatiser ces espaces « que nous cherchons justement à rendre à la ville » ;
• « remettre les fleuves au centre des villes en matière de logistique en déclinant les grands axes de développement et d’innovation du fret fluvial de marchandise à l’échelle de la ville » et les utiliser pour le e-commerce tout en prenant en compte le fait que les ports urbains acceptant des marchandises sont limités ;
• mailler le territoire avec des points de recharge pour véhicule dans la perspective de l’utilisation de l’électrique pour le transport massifié et le dernier kilomètre et travailler sur « les incitations qui permettent aux transporteurs de faire le choix d’aller vers des solutions zéro émissions ».
Telles sont les conclusions de la plénière « Construire, stocker et livrer : comment la logistique urbaine se réinvente ? » organisée dans le cadre des conférences Think Cities, à l’Institut Léonard de Vinci à Courbevoie (Hauts-de-Seine) le 03/09/2020.
En présence de Jean-Louis Foessel, vice-président de l’Afilog
• Association professionnelle rassemblant tous les métiers de la supply chain et de l’immobilier logistique
• Création : 2001
• Mission : permettre l’insertion permanente et cohérente de la…
, Karim Adbdellaoui, président de l’APRC
• Société commerciale
• Création : 2006
• Mission : promoteur immobilier logistique et immobilier d’entreprise commerces, industrie, construction, gestion de sites, recherche de foncier et…
, Juliette Berthon, directrice de projets, développement et innovation au sein de Sogaris
Société immobilière • Activités : conception, construction et gestion de sites logistiques (en particulier les installations logistiques de l’espace urbain du Grand Paris)
• Création …
, Marc Bazenet, fondateur de Green Switch Meridian (logistique fluviale), et Jean-Yves Kerbrat
Directeur Général @ MAN Truck & Bus France
, directeur général de MAN Truck & Bus France
• Société anonyme, filiale de MAN SE (groupe Volkswagen Truck & Bus), MAN est présent en France depuis 1982, MAN Truck & Bus le 01/01/2011. Constructeur et motoriste, fournisseur de véhicules…
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« Le Covid-19 a changé la donne pour la logistique car les usagers s’interrogent désormais sur la nécessité de devoir toujours consommer plus. Cela crée une réaction des collectivités, voire du Gouvernement. Nous entendons qu’il faudrait faire un moratoire sur l’implantation des entrepôts destinés au e-commerce. Interdire ces entrepôts serait une erreur puisque cela ne freinera pas la tendance mondiale de recours au e-commerce et n’empêchera pas les opérateurs de livrer depuis les pays frontaliers. Cela entrainera un peu plus de camions et de pollution », indique Jean-Louis Foessel.
« Personne ne paye le coût réel de la logistique. Car il y a une guerre économique entre les e-commerçants qui vendent à perte et ne font pas payer au consommateur le coût final de la logistique. Cela ne va pas durer. Quand il ne restera que 3 ou 4 opérateurs avec un quasi-monopole, nous paierons alors le coût de la logistique », selon Karim Adbdellaoui.
Logistique : 3 Md€ d’investissements par an (Afilog)
La logistique en France
• 78 millions m² d’entrepôts en France (+5 000 m²)
• 2 millions d’emplois (10 % du PIB)
• 3 Md€ d’investissements par an.
« Principale tendances de la logistique », selon Jean-Louis Foessel, vice-président d’Afilog :
- hausse de la taille des bâtiments, mais moins de bâtiments de grande taille ;
- des besoins non satisfaits en surface urbaine ;
- attention accrue des pouvoirs publics à la logistique urbaine (opportunités et nuisances) ;
- stratégie de localisation des plateformes logistiques « désormais européennes ».
« Sans véritable volonté politique, il ne peut pas y avoir de logistique urbaine massifiée » (Jean-Louis Foessel, Afilog)
Nous avons tendance à créer en ville une logistique invisible »« Ce que nous entendons sur le zéro artificialisation nette suppose à l’avenir d’utiliser des bâtiments à étage. Or, économiquement cela n’est pas du tout viable. Nous ne pouvons le faire qu’en ville où ces bâtiments existent déjà ».
« Sans véritable volonté politique, il ne peut pas y avoir de logistique urbaine massifiée. Toutes les grandes villes ont conscience de la nécessité de faire quelque chose pour la logistique urbaine. Mais accepter une activité logistique en ville demande un certain courage politique, dans la mesure où cette activité fait peur aux riverains en raison des camions, du bruit… D’une part, nous avons tendance à créer en ville une logistique invisible, avec des immeubles dont l’aspect architectural n’est pas différent de celui d’à côté. D’autre part, la distribution en ville se fait avec des véhicules non polluants (électrique, hydrogène ou GNV) », selon Jean-Louis Foessel.
Interdire l’implantation des entrepôts destinés au e-commerce serait une grave erreur »« Le Covid-19 a changé la donne pour la logistique, car les usagers s’interrogent désormais sur la nécessité de devoir toujours consommer plus. Cela crée une réaction des collectivités, voire du Gouvernement. Nous entendons qu’il faudrait faire un moratoire sur l’implantation des entrepôts destinés au e-commerce. Interdire ces entrepôts serait une grave erreur, puisque cela ne freinera pas la tendance mondiale de recours au e-commerce et n’empêchera pas les opérateurs de livrer depuis les pays frontaliers. Cela entrainera un peu plus de camions et de pollution ».
« Nous devons parvenir à nous donner les espaces et structures pour faire face à d’autres crises qui pourraient survenir. La livraison le jour même ou le lendemain demande une organisation pointue et de disposer d’emplacements de proximité ».
« La logistique ne peut pas travailler sans un cahier des charges » (Karim Abdellaoui, APRC)
Les élus n’ont pas la compétence pour mesurer les impacts d’une décision sur les contraintes logistiques »« Il n’existe pas qu’une seul solution logistique, mais plusieurs. C’est le fait de disposer de différents modes de transport qui rend pérenne une solution logistique », selon Karim Abdellaoui, président de l’APRC.
« La logistique ne peut pas travailler sans un cahier des charges. Les solutions logistiques ne se conçoivent que lorsque les pouvoirs publics sur un territoire nous expliquent où nous avons le droit de circuler, avec quels types de véhicules… Nous ne pouvons pas demander aux opérateurs d’inventer des solutions logistiques qui ne s’inscrivent pas dans un cahier des charges précis et donné par l’ensemble des élus. Cela est complexe, car les élus n’ont pas la compétence générale qui leur permette de mesurer les impacts d’une décision sur les contraintes logistiques ».
« La difficulté est que la logistique ne connaît pas les territoires. Les marchandises partent d’un point A et arrivent à un point B et vont traverser plusieurs territoires. Cela suppose que ces territoires aient travaillé ensemble pour définir un cahier des charges commun pour la logistique », indique Karim Abdellaoui, qui insiste sur l’importance de s’appuyer sur des délégations de service public (DSP) pour bien définir les opérateurs, les zones, les types de véhicules, les contraintes…
Personne ne paye le coût réel de la logistique »« La logistique n’a pas qu’un impact environnemental, mais aussi en matière de coût et de pouvoir d’achat. Si nous imposons des contraintes fortes à la logistique, son coût va augmenter. Personne ne paye le coût réel de la logistique. Car il y a une guerre économique entre les e-commerçants qui vendent à perte et ne font pas payer au consommateur le coût final de la logistique. Cela ne va pas durer. Lorsqu’il ne restera que 3 ou 4 opérateurs qui auront un quasi-monopole, nous paierons alors le coût de la logistique. Si vous concevez une solution qui n’est pas performante économiquement, vous allez gréver le pouvoir d’achat des habitants ».
La DSP est l’outil qui permet aux pouvoirs publics d’agir »« À travers les cahiers des charges imposés dans le cadre des DSP Délégation de Service Public vous pouvez donc agir sur plusieurs leviers : organisation de la circulation, la dimension sociale (éviter les emplois précaires de livraison), l’attractivité… La DSP Délégation de Service Public est l’outil qui permet aux pouvoirs publics d’agir. C’est aussi eux qui peuvent réserver le foncier et créer les infrastructures nécessaires. Les élus sont donc centraux dans l’organisation de la logistique. Le plus compliqué pour eux est la concertation, puisque les territoires sont tous différents. Et cela engage des transformations à 15-20 ans ».
Réinvestissement des délaissés par des projets logistiques (Juliette Berthon, Sogaris)
« La mobilité des biens est mise en conflit avec celle des personnes. Notre enjeu est de les réconcilier », selon Juliette Berthon, directrice de projets, développement et innovation chez Sogaris.
« Parmi les opportunités qui s’offrent à nous, il y a les sites délaissés, sous-exploités ou abandonnés. Ce sont des sites complexes pour plusieurs raisons techniques et souvent réglementaires », indique Juliette Berthon, citant plusieurs enjeux :
- capitaliser sur ces ressources qui se situent souvent à un emplacement très stratégique ;
- les sortir de leur statut de délaissés pour les rendre libres ;
- diversifier les usages ;
- « L’objectif n’est pas d’investir dans des sites pour finalement les orienter sur un usage logistique qui échapperait aux enjeux urbains » ;
- partager entre les fonctions logistiques et autres.
Réinvestir les délaissés nécessite « des modèles de logistique agiles », selon Juliette Berthon. 2 exemples de projets menés par Sogaris sont présentés :
Porte de Pantin - Paris (19e arr.)
- 850 m²
- mise en service en novembre 2020
- Espace sous le périphérique pour concevoir « une base avancée pour le pôle logistique de Rungis » permettant d’effectuer la livraison du dernier kilomètre à Paris.
Immeuble inversé - Paris, quartier de Saint-Lazare (3e arr.)
- 1 600 m²
- mise en service en 2022
- Reconversion d’un ancien parking de 6 niveaux en réserve déportée et hub de services de proximité.
- « Une enquête auprès des riverains a montré qu’il y avait un besoin d’externaliser le stockage, la réserve… Le cœur de cette offre est le micro-stockage avec un modèle particulier : nous louons l’espace dont l’usager a exactement besoin. L’enjeu est de ne pas reprivatiser ces espaces que nous cherchons justement à rendre à la ville. Nous allons donc déterminer quels services rattacher à la logistique. Le premier niveau de sous-sol sera un lieu d’interface à la fois lieu d’accueil et de réception des biens, de stationnement d’une flotte de mobilité douce (vélos triporteurs), mais aussi d’espaces de réunion pour les associations de quartier ».
- « La logistique en sous-sol est un référentiel à inventer », selon Juliette Berthon
« Remettre les fleuves au centre des villes en matière de logistique » (Marc Bazenet, DG Green Switch Meridian)
« La logistique fluviale n’est pas qu’un sujet parisien », indique Marc Bazenet, directeur général de Green Switch Meridian. Selon lui, la logistique fluviale concerne :
- 180 ports ;
- 42 villes ;
- 12 pays en Europe.
« Notre objectif est de remettre les fleuves au centre des villes en matière de logistique ». Le directeur général de Green Switch Meridian liste plusieurs avantages qui peuvent « motiver les chargeurs, les entreprises de distribution, les commerces et les entreprises de collecte de déchets à repasser sur le fleuve » :
- coût équivalent au routier ;
- 30 à 50 % d’émissions de CO2 en moins ;
- 1 seul interlocuteur pour toute la chaîne de transport ;
- 3 à 10 jours d’arrêt de navigation lié aux crues (plan hors crue).
« L’enjeu est de décliner les grands axes de développement et d’innovation du fret fluvial de marchandise à l’échelle de la ville », selon Marc Bazenet, via plusieurs leviers :
- développer une motorisation propre ;
- équiper les ports ;
- dématérialiser les documents ;
- exploiter le tracking, big data et l’intelligence artificielle pour utiliser les données.
« Nous pouvons imaginer voir le e-commerce sur les barges si tant est qu’on se satisfasse des délais. Il y a des actions didactiques à mener auprès des consommateurs. Il faut aussi pouvoir procéder au bon équilibre entre les différentes fonction portuaires : loisirs, tourisme, BTP… Les acteurs du e-commerce sont à faire venir sur les fleuves, avec de nouvelles infrastructures. Il n’y a pas de difficultés à transférer ces flux, mais le nombre de ports urbains qui acceptent les marchandises est limité. Il faut donc mettre en place des schémas de mutualisation et ne pas bloquer les quais pour un seul bateau, chargeur ou entreprise », indique Marc Bazenet.
« MAN Truck & Bus investit chaque année 15 Md€ en R&D » (Jean-Yves Kerbrat, DG de MAN Truck & Bus France)
« L’impact environnemental du transport dans les villes est de l’ordre de 30 % », selon Jean-Yves Kerbrat, directeur général de MAN Truck & Bus France
MAN Truck & Bus investit en particulier dans 3 secteurs :
- les véhicules autonomes ;
- un conducteur représentant environ 30 % des coûts d’exploitation ;
- la digitalisation ;
- -30 % de réduction potentielle de la chaîne logistique via la connectivité et Internet ;
- l’électrification des véhicules ;
- le groupe vise -15 % d’émissions de CO2 en 2025 et -30 % en 2030.
« 10 % des véhicules seront probablement électriques d’ici à 2030 et environ 30 % dans les villes. Notre objectif est de proposer des véhicules zéro émission que ce soit pour le transport massifié (poids lourds) ou le dernier kilomètre. Cela représente pour les constructeurs des investissements massifs. MAN investit chaque année 15 Md€ en R&D. Les pouvoirs publics doivent accompagner ce mouvement. D’abord en matière d’infrastructures en se dotant en points de recharge pour véhicules. Mais aussi en travaillant sur les incitations qui permettent aux transporteurs de faire le choix d’aller vers des solutions zéro émissions », indique Jean-Yves Kerbrat.
Afilog
• Association professionnelle rassemblant tous les métiers de la supply chain et de l’immobilier logistique
• Création : 2001
• Mission : permettre l’insertion permanente et cohérente de la logistique à l’échelle des territoires
• Réseau : 130 membres
• Président : Claude Samson
• Vice-président : Paulo Ferreira
• Contact : Constance Laan, adjointe
• Tél. : 01 53 45 27 21
Catégorie : Association, Fondation
Adresse du siège
5, rue de Castiglione75001 Paris France
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Fiche n° 6543, créée le 09/02/2018 à 03:06 - MàJ le 06/11/2024 à 17:03
APRC Group (APRC)
• Société commerciale
• Création : 2006
• Mission : promoteur immobilier logistique et immobilier d’entreprise commerces, industrie, construction, gestion de sites, recherche de foncier et exploitation pour compte d’autrui
• Président : Karim Abdellaoui
• Directeur opérationnel : Olivier Barge
• Directeur commercial : Bruno Montigny
• Chiffre d’affaires (2022) : 137 M€
• Effectif : 100 personnes
• Tél. : 04 37 42 04 20
• Fax : 04 72 44 30 29
Catégorie : Promoteur et constructeur
Adresse du siège
67 Quai Charles de GaulleCS 50112
69463 Lyon Cedex 06 France
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Fiche n° 9890, créée le 20/05/2020 à 12:07 - MàJ le 03/09/2024 à 10:33
Sogaris
Société immobilière
• Activités : conception, construction et gestion de sites logistiques (en particulier les installations logistiques de l’espace urbain du Grand Paris)
• Création : 1960
• Chiffre d’affaires (2021) : 67,3 M€
- 2020 : 28 M€
• Actionnariat : Ville de Paris (41,5 %), Caisse des dépôts (27 %), Départements des Hauts-de-Seine (14,7 %), Seine-Saint-Denis (6,6 %) et Val-de-Marne (5,5 %), Métropole Grand Paris (1,5 %), Meridiam (2,83 %), Autre (0,37 %)
• Patrimoine : 700 000 m2 (valeur du patrimoine au 31/12/2021 : 1 173,6 M€)
• Président : François Dagnaud (maire du 19e arr.)
• Directeur général : Jonathan Sebbane
• Contact : Gabin Jouquan
• Tél. : 07 86 81 35 87
Catégorie : Infrastructures
Adresse du siège
Place de la logistiqueSogaris 106
94514 Rungis Cedex France
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Fiche n° 6682, créée le 27/02/2018 à 05:10 - MàJ le 07/07/2022 à 18:02
Green Switch Meridian
• Création : juillet 2016
• Directeur général : Marc Bazenet
• Contact : Marc Bazenet
• Tél. : 06 09 76 71 73
Catégorie : Entreprise
Adresse du siège
64 Rue Benjamin Delessert93500 Pantin France
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Fiche n° 10139, créée le 09/09/2020 à 07:51 - MàJ le 09/09/2020 à 20:05
MAN Truck & Bus France (MAN)
Création : 1758
Président-directeur général (groupe) : Joachim Drees
Président France (filiale) : Thomas Maurer
Chiffre d’affaires France (2019) : 998 M€
Siège social : Evry-Courcouronnes (Essonne)
Directeur général MAN France : Jean-Yves Kerbrat
Directrice marketing : Nadia Omeyer
Directeur Camion : Johannes Kramer
Directeur Car & Bus : Frantz Perre
Directeur Véhicule Utilitaire : Paul de Saxcé
Tél. : 01 69 47 16 00 / 16 16
contact
Catégorie : Entreprise
Adresse du siège
12 avenue du bois de l’épine91008 Évry Cedex France
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Fiche n° 6606, créée le 20/02/2018 à 11:09 - MàJ le 03/02/2021 à 11:28