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Intelligence artificielle et bâtiment : 2 mondes opposés ? (Cécile Mazaud, groupe Projet IA FFB)

News Tank Cities - Paris - Tribune n°222939 - Publié le 09/07/2021 à 09:35
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Cécile Mazaud, présidente du groupe Projet IA de la FFB © Jean-Luc Mège - ©  D.R.

Intelligence artificielle et bâtiment : 2 mondes opposés ? Nul doute, répondons directement « non » à cette question. Les avancées en matière de vision par ordinateur, de traitement de langage et de robotique, qui s’appuient sur des briques d’intelligence artificielle (IA Intelligence artificielle - désigne l’ensemble des techniques techniques simulant les processus cognitifs humains ), concernent le bâtiment. Notre secteur comme tant d’autres est confronté à de profonds changements technologiques qui peuvent paraître déstabilisants mais qu’il faut aborder de manière opérationnelle comme les entrepreneurs du bâtiment ont toujours su le faire, avec pragmatisme et ingéniosité, écrit Cécile Mazaud Présidente @ Foncière Logement • Présidente @ Chambre Maçonnerie Béton armé • Présidente @ Société Mazaud (construction)
, présidente du groupe Projet IA de la Fédération française du bâtiment • Organisation professionnelle. Regroupe 100 unions départementales (métropole et outre-mer), 18 fédérations régionales et 32 unions et syndicats de métiers • Création : 1904 • Missions … (FFB), dans une tribune adressée à News Tank le 07/07/2021.

L’acte de bâtir nécessite une adaptation permanente. Sans nier les interrogations et inquiétudes que soulève l’IA, cet article vise à apporter quelques clés de lecture du sujet appliquées au bâtiment.

Voici la tribune de Cécile Mazaud.


Confronté à de profonds changements technologiques

Intelligence artificielle et bâtiment : 2 mondes opposés ? Nul doute, répondons directement « non » à cette question. Les avancées en matière de vision par ordinateur, de traitement de langage et de robotique, qui s’appuient sur des briques d’intelligence artificielle (IA Intelligence artificielle - désigne l’ensemble des techniques techniques simulant les processus cognitifs humains ), concernent le bâtiment. Notre secteur comme tant d’autres est confronté à de profonds changements technologiques qui peuvent paraître déstabilisants mais qu’il faut aborder de manière opérationnelle comme les entrepreneurs du bâtiment ont toujours su le faire, avec pragmatisme et ingéniosité.

L’acte de bâtir nécessite une adaptation permanente. Sans nier les interrogations et inquiétudes que soulève l’IA, cet article vise à apporter quelques clés de lecture du sujet appliquées au bâtiment.

Des transformations déjà en cours

Les progrès dans le domaine de l’intelligence artificielle s’avèrent significatifs depuis une dizaine d’années. Les spécialistes notent un tournant autour des années 2010 et pour nous rassurer, beaucoup disent que cette « intelligence » n’est pas intelligente : elle n’a aucune compréhension de la tâche qui lui est assignée même si elle a une grande capacité d’apprentissage. Nous sommes encore loin de « l’intelligence artificielle générale » qui pourrait raisonner ou agir dans un environnement inconnu.

Le rôle de l’humain reste important et les enjeux en matière d’éthique, de transparence et de confiance apparaissent majeurs. L’Union Européenne se saisit de plus en plus de ces sujets pour faire face notamment aux pratiques des géants américains et chinois. L’idée ici n’est pas de rentrer dans la technique ni dans l’histoire mais il est important de garder en mémoire que le développement de l’IA impose de s’interroger sur ces valeurs.

Voir l’IA de manière stratégique

Cela posé, il faut avoir en tête que les projets se multiplient dans le secteur du bâtiment. Ils permettent de commencer à appréhender les gains de productivité possibles, avec des effets d’autant plus importants au regard de la tendance historique en la matière. Sans parler des start-up qui se créent parce qu’elles ont repéré la nécessité d’optimiser des processus pour améliorer les délais, la qualité des ouvrages, les conditions de travail ou les opérations de maintenance.

Le travail mené par la Fédération française du bâtiment depuis 2018 montre qu’il existe différents niveaux de maturité de l’utilisation des technologies d’IA dans le secteur et que de nombreuses applications ne sont en réalité qu’en phase d’introduction ou de développement sur le marché. Nous devons être pragmatiques et voir l’IA Intelligence artificielle - désigne l’ensemble des techniques techniques simulant les processus cognitifs humains , de manière stratégique, comme un outil d’aide à la décision pour les chefs d’entreprise ou leurs équipes, sur les chantiers ou dans les bureaux.

Faciliter ainsi la mise en place de jumeaux numériques

Par exemple, citons la capacité de détection d’anomalies grâce à l’analyse d’images : plus besoin de déployer un échafaudage en centre ancien avec toutes les contraintes qui s’imposent si on peut utiliser un drone pour photographier chaque pierre d’une façade et faciliter ainsi la mise en place de jumeaux numériques. Les fonctionnalités d’IA comme l’apprentissage et la reconnaissance d’images peuvent être utiles pour gagner en temps et en sécurité. Les algorithmes entraînés à partir de nombreuses photographies ou vidéos faciliteront le repérage des pierres et le compagnon se concentrera sur le diagnostic.

Pour être opérationnelles, ces solutions ont à la fois besoin de données et de données de qualité. Sans ces deux éléments primordiaux, un projet ne peut être réalisé. La transformation passe donc par la capacité à faire de la donnée un actif-clé ou une matière première, voire de mutualiser entre entreprises. L’idée n’est pas d’opposer monde réel et monde virtuel car l’histoire montre que les bâtiments durent dans le temps, leur matérialité n’est pas remise en cause. En revanche, ces 2 mondes doivent se compléter pour faire mieux, voire pour réinventer certaines pratiques.

Potentiels et opportunités au service du bâtiment

Les défis de la filière sont nombreux entre transition écologique, meilleure gestion des ressources et mutations numériques. Le secteur doit faire preuve d’adaptation comme il a toujours su le faire. On peut classer les apports de l’IA selon 3 axes (il y aurait sans doute d’autres possibilités) :

  • par fonctions : perception (vision par ordinateur, traitement du langage naturel, écoute de sons), interaction (avec une machine ou un robot), analyse (passage d’une analyse descriptive à une approche prédictive), apprentissage (entraînement permanent de l’algorithme) ;
  • par étapes dans la chaîne de construction : amont (règlementaire-contexte), optimisation chantier, contrôle qualité, aval (maintenance-exploitation-sinistres) ;
  • par objectif de l’entreprise : « ajouter de la valeur pour le client », « aider à mieux produire », « résoudre un problème métier », « maîtriser les risques »…

Pour illustrer, prenons l’exemple de la reconnaissance vocale : rédiger des comptes-rendus en direct sur les chantiers à partir de la voix, sans bloc-notes ni crayon, ce qui peut aussi permettre à un compagnon de dicter des consignes alors qu’il porte des gants ou du matériel. Il est également possible d’envisager de la reconnaissance audio comme entraîner une IA à écouter le bruit de pièces de chaudronnerie et vérifier ainsi leur qualité.

Seuls les projets qui partent des métiers auront des chances de se développer »

Autre exemple : la supervision du chantier en temps réel afin de mieux planifier les parcours de contrôles, voire même la capacité à imaginer des autocontrôles (traitement d’images et réalité augmentée, mesures prises de manière instantanée et continue…). Évidemment, tout cela doit s’accompagner d’un travail avec les équipes pour bien comprendre leurs besoins et voir là où il y a des difficultés. Seuls les projets qui partent des métiers auront des chances de se développer. Cela renvoie également aux questions fondamentales de formation des jeunes mais aussi des salariés déjà en poste, sujets qui ne sont pas traités ici.

Ces défis concernent toute la filière car ces nouvelles technologies nous obligent parfois à nous décentrer et à sortir des silos des processus traditionnels. Ces technologies, assemblées au savoir-faire des entreprises du Bâtiment, constituent de véritables opportunités de marché. La transformation a commencé. Nul doute que la créativité et le goût d’entreprendre des chefs d’entreprises seront au rendez-vous pour répondre aux évolutions de notre société.

La rubrique est dirigée par Jean-Luc Berho (berhoji@laposte.net), créateur des Entretiens d’Inxauseta, événement annuel dédié aux politiques du logement et de l’habitat. L'édition 2021 est programmée le 27/08/2021 à Bunus (Pyrénées-Atlantiques) sur la thématique : « Présidentielle 2022 : plaçons l’habitat au cœur du projet politique ». Jean-Luc Berho est également président de la Coopérative de l’immobilier, à Toulouse. La rubrique a vocation à mettre en exergue des avis experts sur l’accès au logement, le parcours résidentiel, la politique de la ville, l’urbanisme et l’aménagement des territoires, en France et à l’international.

Cécile Mazaud


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Parcours

Foncière Logement
Présidente
Chambre Maçonnerie Béton armé
Présidente
Société Mazaud (construction)
Présidente
Office départemental du bâtiment et des travaux publics (Rhône)
Présidente
Mazaud
Direction administrative et financiere
Groupe des jeunes dirigeants du BTP du Rhône
Présidente

Établissement & diplôme

Institut supérieur de gestion européen
Maîtrise management des sociétés

Fiche n° 39678, créée le 05/06/2020 à 11:19 - MàJ le 09/07/2021 à 09:02

Fédération Française du Bâtiment (FFB)

• Organisation professionnelle. Regroupe 100 unions départementales (métropole et outre-mer), 18 fédérations régionales et 32 unions et syndicats de métiers
• Création :
1904
• Missions : défendre, représenter et accompagner les entreprises du secteur du bâtiment
• Adhérents : 50 000 entreprises revendiquées dont 35 000 artisanales représentant 1 155 000 salariés (chiffres FFB 2020)
• Président : Olivier Salleron
• Délégué général : Éric Jourde
• Responsable communication : Anaïk Cucheval
• Contact : Fabienne Guarracino, assistante au service éditions, presse et communication
• Tél. : 01 40 69 51 00


Catégorie : Fédération professionnelle


Adresse du siège

33 Avenue Kléber
75116 Paris France


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Fiche n° 6515, créée le 08/02/2018 à 14:15 - MàJ le 03/03/2023 à 10:26

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Cécile Mazaud, présidente du groupe Projet IA de la FFB © Jean-Luc Mège - ©  D.R.