Comment s’est déroulée la dernière édition de Think Cities ? Qu’en retenez-vous pour la suite ?

Notre dernière édition s’est déroulée en 2020, avec deux événements, l’un en présentiel et l’un entièrement en distanciel pendant la période Covid. Ces deux évènements ont dépassé de loin nos attentes, avec plus 300 participants en présentiel pour le premier et plus de 850 participants en distanciel, à une époque heureusement lointaine, où le besoin de se parler était particulièrement fort. Nos fondateurs Razzy Hammadi Directeur stratégie et prospective @ APRC Group (APRC)
et Benoît Barbedette Rédacteur immobilier privé, immobilier tertiaire, logement et hébergement @ News Tank Cities
ont alors mis en place une logique que nous poursuivons et que nous amplifions, consistant à dé-siloter le traitement de la fabrique urbaine et à faire se rencontrer des acteurs de tous bords, publics et privés, partant du principe qu’il n’est plus possible de raisonner de manière isolée, à la manière de monades leibniziennes, dans la grande chaîne de la fabrique de la ville qui part des habitants pour aller vers la définition du cadre de vie de demain.

Dé-siloter le traitement de la fabrique urbaine »

En plus de notre activité principale qui consiste à couvrir l’actualité quotidienne de nos secteurs, nous avons organisé ou participé à animer plus de 250 évènements nationaux ou locaux depuis 2018.

Forts de cette expérience accumulée, nous avons décidé avec mon associé Hadrien Le Roux, directeur général, de relancer notre propre évènement annuel dès 2024 et pour les années suivantes, appuyé sur l’image de qualité, de rigueur et sur l’audience de notre média d’information. L’occasion pour les professionnels de se retrouver dans un contexte à la fois intellectuellement stimulant et convivial.

En outre, la spécificité des débats, c’est le croisement des secteurs de la fabrique de la ville, qu’ils soient, aménageurs, bailleurs sociaux, promoteurs, constructeurs, architectes, urbanistes, élus et collectivités publiques, professions immobilières, acteurs de l’immobilier résidentiel ou tertiaire, acteurs étatiques ou para-étatiques, avec deux ministres qui nous feront l’honneur d’introduire et de conclure nos débats : Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d’État à la Citoyenneté et à la Ville et Guillaume Kasbarian, ministre délégué chargé du Logement…

Think Cities vise à rassembler »

En un mot, nous souhaitons regrouper en un même lieu, le temps d’une journée, l’ensemble des membres de cette grande chaîne qui va de l’habitant à la manière d’habiter. Ce qui correspond à notre ligne éditoriale : le regroupement plus que la segmentation, la convergence des regards dans le respect des différents métiers, savoirs, expériences, la similitude de certaines problématiques par-delà la distinction des situations. Oui, au fond, Think Cities vise à rassembler.

Le thème de cette deuxième édition qui se tient le 20/06 prochain, à La Sorbonne, est « L’innovation au service des transitions ». Que faut-il entendre par là ? Et qu’en attendre ?

Derrière la technique, des choix politiques et un jeu d’acteurs »

La fabrique de la ville, dans les débats qui agitent notre secteur, peut parfois apparaître comme une affaire de techniciens. Alors qu’elle résulte avant tout de choix politiques et d’un jeu d’acteurs, pris dans les grandes préoccupations de notre temps :

• Sociale :
  • les villes qui abritent désormais plus de la moitié de la population française concentrent à la fois les plus grandes pauvretés et les plus grandes richesses ;
• Économique :
  • chaque ville est confrontée à la fois à la concurrence économique, dans un environnement mondialisé, et aux nécessités de son territoire, produit de l’histoire, de la sociologie et de la géographie. Avec sous-tendue la question de savoir comment organiser la manière dont il est possible de vivre ensemble entre tous les territoires et de répartir les richesses. Certains acteurs parlent d’Alliance des territoires… ;
• Écologique :
  • avec de grandes problématiques (artificialisation des sols, rénovation, pollution et poids carbone, gestion des ressources, dont l’énergie et l’eau) qui impactent très directement les secteurs du bâtiment et de la construction, du logement et de l’immobilier, de l’aménagement et des mobilités… ;
• Démographique :
  • avec l’absorption de la pyramide des âges post- seconde guerre mondiale qui, si elle était promesse de plein-emploi pour les jeunes et de tension sur les recrutements pour les entreprises, pose des questions d’adaptation de la ville au vieillissement et à l’ensemble de ses conséquences ;
• Administrative :
  • la particularité française, comparativement à d’autres pays européens résulte d’un système administratif centralisé, qui ne date pas d’hier puisqu’il remonte aux Capétiens, et qui complexifie parfois l’adaptation des politiques publiques aux besoins des acteurs et de la population.

Témoins de l’accélération législative et réglementaire et des profondes transformations du marché immobilier, sous l’effet du télétravail en ce qui concerne le bureau, du déploiement du e-commerce en ce qui concerne le commerce et la logistique, mais également du poids de plus en plus lourd du logement dans le budget des ménages en ce qui concerne l’immobilier résidentiel, nous avons souhaité ralentir, le temps d’une journée, pour analyser et confronter les idées émergentes. Mais l’actualité n’est jamais loin chez News Tank Cities, le projet de loi Logement abordable sera examiné par le Sénat au même moment, l’occasion d’animer nos débats.

Sur tous ces sujets, il y a des enjeux de pouvoir, donc des pouvoirs qui s’affrontent, c’est-à-dire des forces et des rapports de force, des contradictions et des tensions, et aussi des instruments de régulation ou de conciliation construits pour permettre le vivre ensemble. Il est utile d’explorer cette dimension de la ville qui fait aussi son sel : les convictions, les intérêts, les préoccupations de chaque partie s’entrechoquent ou s’accordent, et au fil des évolutions persistent à se concilier ou au contraire se séparent, tandis que de nouveaux acteurs apparaissent, menaçant ou pas les équilibres initiaux…

Le foisonnement des initiatives nouvelles interpelle le secteur »

Le foisonnement des initiatives nouvelles interpelle-t-il la légitimité des institutions et la pérennité des positions acquises ? Dans quelle mesure le surgissement de facteurs exogènes et majeurs d’évolution tels que le numérique, l’intelligence artificielle, la transition écologique, le vieillissement démographique, met-il à l’épreuve les modèles économiques, avec les emplois et les revenus qui en découlent ?

Finalement la question que nous nous posons collectivement est celle de savoir comment les acteurs de la fabrique de la ville s’emparent de l’innovation, qu’elle soit technique, politique, économique, financière, réglementaire… pour répondre aux injonctions du 21^e siècle ?

Comment cette problématique est-elle déclinée dans le programme des débats ?

Cette question se décline par thèmes, avec à chaque fois un angle précis. L’idée n’étant pas d’effectuer une liste à la Prévert des solutions existantes, ni de faire de l’innovation un mantra ou une solution magique, mais d’explorer les innovations utiles pour faire face aux grandes transitions du 21^e siècle.

Ces dernières peuvent parfois même consister en un retour à des pratiques antiques, je pense par exemple au béton à prise lente employé par les Romains pour bâtir le fameux Dôme du Panthéon à Rome ou encore à la terre crue qui servit à bâtir des palais précolombiens comme Chan Chan au Pérou six siècles avant Jésus-Christ et qui sont toujours debout…

Nous aurons des débats sur :

• l’aménagement (quelles formes urbaines à l’heure du ZAN Zéro artificialisation nette - Objectif de réduction de la consommation d’espace à zéro unité nette de surface consommée en 2050, fixé par le plan Biodiversité du Gouvernement en juillet 2018  ?) ;
• la rénovation et son financement (comment innover pour financer la massification des rénovations globales ?) ;
• le logement (quelles innovations pour produire du logement abordable ?) ;
• les métiers immobiliers (comment réussir la transformation des métiers de l’immobilier ?) ;
• les nouveaux procédés constructifs décarbonés (décarbonation de la construction : le hors site est-il la solution ?).