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Sans-abrisme : comprendre et s’adapter pour trouver des solutions positives (Florian Guyot, Aurore)

News Tank Cities - Paris - Tribune n°345532 - Publié le
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Le logement, certains n’y croient plus. Trop d’ennuis avec des voisins de lit qu’ils ne connaissent pas, trop de règles de la vie en collectif, et trop souvent on refuse leur fidèle animal de compagnie. Ils ont jusqu’alors tout refusé, tout mis en échec. Les personnes comme celles-là, nous avons l’habitude de les qualifier de « grands marginaux » et c’est ce que nous dirions d’eux si notre réflexe était de définir ces personnes par la négative. Or l’essence même de l’innovation sociale est de comprendre et de s’adapter pour trouver des solutions positives à des situations complexes. Et de ne jamais se résigner, écrit Florian Guyot Directeur général @ Association Aurore • Directeur des opérations @ Association Aurore
, directeur général de l’association Aurore • Association • Création : 1871 • Missions : héberge, soigne et accompagne plus de 41 300 personnes en situation de précarité ou d’exclusion vers une insertion sociale et… , dans une tribune adressée à News Tank le 24/11/2024.

C’est pourquoi Aurore s’est depuis longtemps engagée dans la réflexion et la construction de dispositifs adaptés aux grands exclus, ceux qui sont toujours refusés. Il n’existe pas de fatalité dans le sans-abrisme. Cette démarche prend racines dans un AMI Appel à manifestation d’intérêt expérimental dans le cadre du Plan quinquennal Logement D’abord. Il prolonge le programme « Un chez soi d’abord » axé sur l’accès inconditionnel à un logement pérenne.

Depuis 2021, 40 projets ont été financés au niveau national pour une durée de trois ans dont cinq sont portés par l’association Aurore, d’abord en Île-de-France, puis dans l’Aube et en Loire-Atlantique, pour un total de près de 130 personnes accompagnées.

Voici la tribune de Florian Guyot.


S’adapter aux personnes pour faciliter l’accès au logement, c’est ça le sens de la fraternité

Le logement, certains n’y croient plus. Trop d’ennuis avec des voisins de lit qu’ils ne connaissent pas, trop de règles de la vie en collectif, et trop souvent on refuse leur fidèle animal de compagnie. Ils ont jusqu’alors tout refusé, tout mis en échec. Les personnes comme celles-là, nous avons l’habitude de les qualifier de “grands marginaux” et c’est ce que nous dirions d’eux si notre réflexe était de définir ces personnes par la négative. Or l’essence même de l’innovation sociale est de comprendre et de s’adapter pour trouver des solutions positives à des situations complexes. Et de ne jamais se résigner.

C’est pourquoi Aurore s’est depuis longtemps engagée dans la réflexion et la construction de dispositifs adaptés aux grands exclus, ceux qui sont toujours refusés. Les résultats sont là : il n’existe pas de fatalité dans le sans-abrisme.

Répondre aux limitations du logement individuel »

Cette démarche prend racines dans un appel à manifestation d’intérêt expérimental dans le cadre du Plan quinquennal Logement D’abord. Il prolonge le programme « Un chez soi d’abord », axé sur l’accès inconditionnel à un logement pérenne pour les publics ayant un long parcours de rue et des troubles de santé mentale, en ajoutant l’expérimentation de lieux de vie collectifs. La démarche vise à répondre aux limitations du logement individuel, notamment face à la problématique de la solitude, et à prévenir les difficultés liées aux addictions et au risque d’incurie. Depuis 2021, 40 projets ont été financés au niveau national pour une durée de trois ans, dont cinq sont portés par l’association Aurore, d’abord en Ile de France, puis dans l’Aube et en Loire Atlantique, pour un total de près de 130 personnes accompagnées.

Toutes les personnes ont passé de nombreuses années à la rue. Parfois plus de dix ans. À ce jour, 80 % des personnes accompagnées ont réussi à se maintenir dans le dispositif. Une étude du Groupe Recherche Action sur les dispositifs d’Aurore souligne que les résidents s’approprient très bien le dispositif. Le soin, la perception de soi, et la tenue du logement s’améliorent significativement. Cela s’explique par un accompagnement personnalisé, informel et horizontal, valorisant la proximité et autorisant les dynamiques erratiques. C’est dans ce cadre que le travail social parvient à un mieux-être global, en s’adaptant aux besoins nécessairement évolutifs des résidents.

Créée en 1871, l’association Aurore accueille et accompagne vers l’autonomie des personnes en situation de précarité ou d’exclusion via l’hébergement, le soin et l’insertion. Reconnue d’utilité publique depuis 1875, Aurore propose et expérimente des formes innovantes de prises en charge qui s’adaptent à l’évolution des phénomènes de précarité et d’exclusion. L’association travaille avec l’État, les collectivités locales, Régions, Départements et communes. Le dialogue avec les autorités qui financent les actions est permanent, en cohérence avec les besoins recensés sur ses territoires d’intervention. Aurore intervient principalement en Île-de-France et en Auvergne-Rhône-Alpes, Bretagne, Centre Val-de-Loire, Grand-Est, Hauts-de-France, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Pays-de-la-Loire. Organisées autour de trois missions (héberger, soigner et insérer), ses activités sont multiples : maraudes, accueil et l’hébergement de personnes en situation d’addiction, activités de réinsertion sociale et professionnelle à destination de personnes en rupture d’emploi ou handicapées, hébergement et accompagnement de femmes victimes de violences, soins de personnes en situation de précarité, hébergement et accompagnement de personnes en souffrance psychique…

L’association promeut un accueil inconditionnel et un accompagnement non seulement individuel, mais global : l’accompagnement doit être adapté à chaque individu, mais dans une approche globale de la prise en charge. Si l’hébergement est le préalable de toute démarche d’insertion, l’approche pluridisciplinaire des équipes mobilise les compétences de l’association dans les domaines sanitaire, social, de la formation ou de l’insertion. Cela conduit à promouvoir des approches transversales au sein de l’association, pour mobiliser les expertises des services. Le professionnalisme des équipes permet une recherche permanente d’innovation, pour mieux répondre aux nombreuses formes de l’exclusion. Cette recherche se conduit avec les personnes accueillies elles-mêmes, leurs familles, les équipes de terrain, les citoyens associés aux projets et les partenaires. Elle amène l’association à proposer régulièrement de nouveaux dispositifs et à revisiter ses différents projets d’établissements. Aurore conçoit ses interventions de façon pragmatique, à l’abri des préjugés, forte de ses principes humanistes, laïques et solidaires.

Repenser l’architecture pour l’adapter aux besoins des personnes

En Loire-Atlantique, à Nantes, l’innovation sociale a été poussée plus loin, en repensant totalement l’architecture pour l’adapter aux besoins des personnes, plutôt que de vouloir changer les personnes pour qu’elles s’adaptent à leur logement. En 2019, sur un terrain de la ZAC Zone d’aménagement concerté - procédure d’urbanisme qui permet aux collectivités ou aux établissements publics y ayant vocation, de réaliser ou de faire réaliser des opérations d’aménagement urbain Mellinet, l’association Aurore a installé en urgence des modulaires dans le cadre d’une opération de mise à l’abri de personnes migrantes. À la suite de cette opération et avec l’arrivée du froid, une partie des places se sont transformées en places hivernales pour personnes à la rue. À la sortie de l’hiver, ces places ont été maintenues en raison de la pandémie. C’est en octobre 2020 que ces 50 places sont pérennisées dans le cadre de l’AMI Appel à manifestation d’intérêt “grands marginaux”.

Bâtiment pérenne reprenant les codes de l’existant »

Il faut alors imaginer des rangées de modulaires sur un terrain vague, peu de contraintes (possibilité d’entrer et de sortir de jour comme de nuit, possibilité de s’absenter quelques jours sans perdre sa place, possibilité d’être réintégré après hospitalisation longue ou peine de prison…) et une grande disponibilité de l’accompagnement (accompagnement à la réduction des risques, veille sur le suivi social durant une potentielle période d’exclusion…). Et, bien sûr, la possibilité de vivre avec son animal. Avec le travail quotidien d’une équipe de travailleurs sociaux aguerrie, les personnes qui jusqu’alors ne tenaient jamais plus de quelques jours dans un établissement se stabilisent. Le collectif fonctionne.

C’est pourquoi l’association a travaillé à la construction sur ce même terrain d’un bâtiment pérenne reprenant les codes de l’existant comme le fait de s’imposer que les chambres donnent directement sur l’extérieur, sans long couloir. Nous pensons alors un lieu conjuguant intimité (chambres individuelles) et vie collective (cuisine collective, réfectoire, salon et salle d’animation), sécurité et ouverture sur le monde extérieur. La tendance actuelle qui consiste à toujours vouloir invisibiliser les personnes précaires est ici prise en contre-pied : le projet a été pensé aussi en y associant les voisins, et en intégrant des locaux associatifs pour l’ouvrir sur la cité.

Volonté d’investir les lieux

Pour faire l’expérience de ce pari réussi, il fallait voir, à la mi-septembre, l’ambiance qui régnait sur la ZAC Mellinet à l’approche de l’ouverture de ce nouveau site. La valse des cartons de déménagement orchestrée par les résidents eux-mêmes, une énergie positive, des sourires et l’expression ferme d’une volonté d’investir ces lieux. Ils ont toujours cru que l’accès au logement ce n’était pas pour eux. Aujourd’hui, ils défont leurs cartons.

En multipliant les rejets de l’autre, en induisant de la peur dans le regard porté sur les personnes précaires, en faisant tout pour les rendre responsables de leurs difficultés pour mieux les invisibiliser, la société d’aujourd’hui fabrique de la précarité et multiplie les freins pour s’en sortir. À travers l’appel à projet relatif aux « Grands Marginaux », l’État a montré qu’il était capable d’expérimenter et de faire confiance. Il n’y a plus d’excuses pour ne pas continuer dans cette voie, celle qui consiste à accompagner les personnes dans leur complexité et avec humanité. Celle qui consiste à reconnaître qu’il n’y a pas de fatalité au sans-abrisme. Celle qui consiste à ne jamais renoncer à la fraternité.

La rubrique est dirigée par Jean-Luc Berho Président @ Les Entretiens d’Inxauseta (rendez-vous annuel sur le logement) • Président @ Soliha Pays Basque • Directeur Analyses Débats et Tribunes Cities @ News Tank (NTN) • Président @ Supastera… (berhoji@laposte.net), créateur des Entretiens d’Inxauseta, événement annuel dédié aux politiques du logement et de l’habitat. La dernière édition a eu lieu le 30/08/2024 à Bunus (Pyrénées-Atlantiques) sur le thème du logement. Jean-Luc Berho est président de Soliha Pays Basque, président du conseil de surveillance de la Coopérative de l’immobilier à Toulouse, administrateur de l’association Aurore, administrateur d’Espacité • Agence spécialisée dans les politiques territoriales de l’habitat et le renouvellement urbain (conseil en politiques de l’habitat, accompagne les collectivités locales, bailleurs sociaux et… et membre du Conseil national de l’habitat (CNH). La rubrique a vocation à mettre en exergue des avis experts sur l’accès au logement, le parcours résidentiel, la politique de la ville, l’urbanisme et l’aménagement des territoires, en France et à l’international.

Florian Guyot

Parcours

Association Aurore
Directeur général
Association Aurore
Directeur des opérations
Association Aurore
Directeur immobilier
Chef du Gouvernement - Hôtel de Matignon
Conseiller auprès du Premier ministre (Économie et politiques publiques)
Sciences Po Paris (IEP Paris)
Chercheur en économie
Attali & Associés
Consultant

Établissement & diplôme

Sciences Po Paris (IEP Paris)
Master en économie et politiques publiques

Fiche n° 39345, créée le 27/04/2020 à 18:47 - MàJ le 26/11/2024 à 06:54

Association Aurore

• Association
• Création : 1871
• Missions : héberge, soigne et accompagne plus de 41 300 personnes en situation de précarité ou d’exclusion vers une insertion sociale et professionnelle
• Salariés : 2 000
• Président : Pierre Coppey
• Directeur général  : Florent Guyot
• Contact  : Perrine Dequecker, chargée de communication
• Tél. : 01 83 92 29 80


Catégorie : Association, Fondation


Adresse du siège

31 rue Falguière
75015 Paris France


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Fiche n° 9731, créée le 13/03/2020 à 10:13 - MàJ le 26/11/2024 à 06:59