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Handicap : « Notre modèle vise à construire une protection universelle de la location » (G. Rey, AJH)

News Tank Cities - Paris - Tribune n°204642 - Publié le 11/01/2021 à 12:20
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Gérard Rey - ©  D.R.

Le handicap mental ou déficience intellectuelle touche 1 à 3 % de la population générale. L’Unapei Fédération française d’associations de représentation et de défense des intérêts des personnes handicapées mentales et des familles estime que 650 000 personnes vivent en situation de handicap mental en France. 6 000 enfants français naissent chaque année avec un handicap mental, mais ce type de handicap peut aussi survenir au cours de la vie (à la suite d’un accident de la route, du travail ou sportif, d’une maladie infectieuse ou d’une intoxication, d’une noyade, d’une asphyxie…), écrit Gérard Rey Membre fondateur @ La Coopérative de l’immobilier • Président @ Association des jeunes handicapé.e.s (AJH)
• né en 1959
, président de l’association Les jeunes handicapé.e.s • Association de parents gestionnaire d’établissements sociaux et médico-sociaux dans le sud toulousain. Membre de l’Unapei Mission : accompagne des personnes adultes en situation de handicap… (AJH • Association de parents gestionnaire d’établissements sociaux et médico-sociaux dans le sud toulousain. Membre de l’Unapei Mission : accompagne des personnes adultes en situation de handicap… , membre de l’Unapei) depuis plus de 10 ans, dans une tribune adressée à News Tank le 08/01/2021.

Si nous voulons inclure des personnes en situation de handicap mental ou psychique dans la cité, nous devons nous donner les moyens de leur proposer l’accès à des logements du parc privé. C’est pour cela que l’AJH a créé avec 2 autres associations une « Coopérative de l’immobilier ». Les coopérateurs sont les membres fondateurs, des propriétaires, des locataires, les salariés. Le but n’est pas de gérer des appartements exclusivement réservés à des personnes fragilisées ou handicapées, sans quoi cela reviendrait à recréer une forme d’établissement « hors les murs ».

Il s’agit de gérer des appartements pour tout le monde, de manière universaliste grâce à l’inclusion inversée, mais bien sûr en accordant un regard particulier aux personnes en situation de handicap. La coopérative est une société de droit privé. Elle a les mêmes obligations légales et professionnelles que les autres agences. Ses relations sont encadrées par la charte éthique de la coopérative et par le code déontologique de la profession. Le modèle vise à construire une protection universelle de la location par la solidarité des associés et un multipack assurantiel.

Voici la tribune de Gérard Rey.


Nécessaire de leur assurer ce gîte, mais cela n’est plus suffisant

Le handicap mental ou déficience intellectuelle touche 1 à 3 % de la population générale. L’Unapei Fédération française d’associations de représentation et de défense des intérêts des personnes handicapées mentales et des familles estime que 650 000 personnes vivent en situation de handicap mental en France. 6 000 enfants français naissent chaque année avec un handicap mental, mais ce type de handicap peut aussi survenir au cours de la vie (à la suite d’un accident de la route, du travail ou sportif, d’une maladie infectieuse ou d’une intoxication, d’une noyade, d’une asphyxie…).

A partir des années 50, sous la pression des associations de parents et des associations d’entraide laïques ou confessionnelles, de nombreux établissements ont été créés pour accompagner et héberger ces personnes. On parle d’ailleurs toujours de foyers d’hébergement. Nous pouvons nous féliciter d’avoir créé ces institutions gestionnaires qui ont contribué, avec les progrès de la médecine, à doubler l’espérance de vie de nombreuses de ces personnes. Pour autant l’étymologie nous enseigne que le verbe héberger, issu du vocabulaire militaire, signifie donner un gîte. Il était nécessaire de leur assurer ce gîte, mais il est évident que cela n’est plus suffisant.

La société change, la demande des personnes handicapées aussi

Les personnes en situation de handicap mental souhaitent comme tout un chacun vivre « chez elles » tant qu’elles le peuvent. Elles veulent habiter leur chez soi (du latin habitare, « avoir souvent », « demeurer ») et elles veulent pouvoir choisir avec qui partager cet habitat.

La première aspiration d’une personne souhaitant quitter le nid familial est de rechercher un habitat qui lui convienne. Ce désir d’autonomie est accompagné par les aidants, souvent les familles, soucieux de préparer « la suite ». La recherche d’un compromis habile entre institution, association de soutien, centre de soins, réseaux amical, affectif et familial, et maintien à domicile, se situe au cœur du quartier, et par conséquent dans la limite de l’accessibilité des équipements publics. L’accès au logement est la condition de l’harmonie de ce fragile équilibre, respectueux de l’histoire et du lien. 

Quel habitat leur est accessible en dehors de l’établissement ?

Aujourd’hui la tendance majoritaire consiste bien souvent à « faire avec » l’existant, en adaptant la demande à l’offre. Or ces personnes ont les plus grandes difficultés à entrer dans l’offre. L’accès au logement public est en effet déterminé par 2 files prioritaires : les salariés d’Action Logement et le contingent préfectoral de logements sociaux. Les personnes en situation de handicap, ni salariés, ni pauvres au sens des critères, n’entrent dans aucune de ces filières.

Le fonctionnement du secteur privé les exclut de fait (le choix systématique du candidat présentant les garanties financières les plus élevées ne leur laisse aucune chance). En cela il est primordial que l’effort important de « solvabilisation » des personnes en situation de handicap, qui est mené par les pouvoirs publics, soit pris en compte pour l’attribution d’un logement. Il est insupportable que la discrimination à l’accès soit telle, que le seul choix pour bon nombre de personnes soit l’internat.

De plus, nos associations gestionnaires ont été incitées, par l’organisation du secteur médico-social et par sa réglementation, à raisonner en termes de places et à construire leur offre en conséquence. Les places « offertes » doivent être occupées, au risque dans le cas contraire de générer un déséquilibre économique pour l’association

Ne plus penser l’offre, mais penser le besoin

Cette vision de l’accompagnement doit être remplacée par une approche centrée sur une réponse adaptée à chaque personne. Comme les autres, une personne en situation de handicap mental ou psychique a le droit de changer de trajectoire. Elle doit pouvoir décider de vivre en couple, puis de se séparer et donc de changer de logement ; elle doit pouvoir décider de vivre en logement autonome avec un accompagnement adapté, puis lors d’une difficulté personnelle, de santé, ou lors d’évènements particuliers (les confinements successifs en sont un bon exemple) de revenir en logement collectif, en établissement. Pourquoi la trajectoire de vie de ces personnes devrait-elle être rectiligne, sans bifurcation, ni retour, quand celle de tout un chacun ne l’est pas ?

L’inclusion inversée 

Nos associations se sont construites dans une démarche créatrice, on pourrait même dire entrepreneuriale si le mot n’était pas aussi tabou dans le monde médico-social. Dans bien des territoires, elles sont sur le podium de ceux qui « pèsent » le plus économiquement et surtout socialement. Notre secteur dispose donc de leviers pour contribuer à changer la donne.

  • On doit considérer que la société dans son ensemble doit, bien sûr, évoluer pour inclure les personnes en situation de handicap. Mais nos associations peuvent aussi inclure dans leur domaine d’activité, ou d’influence, des secteurs pensés jusque-là comme extérieurs, en les ouvrant à l’ensemble de la société. Le logement en est un exemple. Il s’agit d’inclusion inversée : le monde du handicap inclut le public ordinaire. Déplacer les clôtures autour de nos établissements, les gommer, créer des ponts vers l’extérieur, voilà ce que nous pouvons faire pour peu que les opérateurs privés et publics nous y aident.

Se donner les moyens d’accéder aux parcs public et privé

Si nous voulons inclure des personnes en situation de handicap mental ou psychique dans la cité, alors nous devons nous donner les moyens de leur proposer l’accès à des logements du parc privé. C’est pour cela que l’AJH a décidé de créer avec 2 autres associations une « Coopérative de l’immobilier ». Les coopérateurs sont les membres fondateurs, des propriétaires, des locataires, les salariés. Le but n’est pas de gérer des appartements exclusivement réservés à des personnes fragilisées ou handicapées, sans quoi cela reviendrait à recréer une forme d’établissement « hors les murs ».

Il s’agit de gérer des appartements pour tout le monde, de manière universaliste grâce à l’inclusion inversée, mais bien sûr en accordant un regard particulier aux personnes en situation de handicap. La coopérative est une société de droit privé. En cela, elle a les mêmes obligations légales et professionnelles que les autres agences. Ses relations sont encadrées à la fois par la charte éthique de la coopérative et par le code déontologique de la profession.

Le modèle vise à construire une protection universelle de la location par la solidarité des associés et un multipack assurantiel. La démarche vise également à mettre en œuvre des mesures d’accompagnement des locataires en cas de difficultés, car nous savons que 98 % des conflits et litiges peuvent se régler à l’amiable.

L’AJH adopte cette démarche d’inclusion inversée dans d’autres domaines. Elle héberge déjà une maison médicale de garde en mettant à la disposition du territoire une petite partie de son patrimoine immobilier. Elle a créé une société anonyme par actions simplifiées (nous disons « un sas » pour garder l’idée de passerelle) qui gère 2 établissements (1 restaurant classique et 1 établissement de restauration collective).

Et demain…

Nous plaçons beaucoup d’espoir dans la réflexion issue des propositions du rapport de Denis Piveteau et Jacques Wolfrom « Demain, Je pourrai choisir d’habiter avec vous !  » paru en juin 2020 et qui promeut l’habitat « inclusif » : un habitat accompagné, partagé et inséré dans la vie locale. Nous serons vigilants, à ce que ce travail ne se transforme pas en une nouvelle forme d’hébergement institutionnel. L’AJH a l’ambition d’être un acteur militant de cette réflexion.

La rubrique est dirigée par Jean-Luc Berho (berhoji@laposte.net), créateur des Entretiens d’Inxauseta, événement annuel dédié aux politiques du logement et de l’habitat. L’édition 2020 a eu lieu le 28/08/2020 à Bunus (Pyrénées-Atlantiques). Il est également président de la Coopérative de l’immobilier, à Toulouse. La rubrique a vocation à mettre en exergue des avis experts sur l’accès au logement, le parcours résidentiel, la politique de la ville, l’urbanisme et l’aménagement des territoires, en France et à l’international.

Gérard Rey


• né en 1959

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Parcours

Association des jeunes handicapé.e.s (AJH)
Président
Unapei Occitanie
Vice-président
Unapei Midi-Pyrénées
Président

Fiche n° 42418, créée le 10/01/2021 à 19:25 - MàJ le 10/01/2021 à 19:32

Les Jeunes handicapé.e.s (AJH)

• Association de parents gestionnaire d’établissements sociaux et médico-sociaux dans le sud toulousain. Membre de l’Unapei
Mission : accompagne des personnes adultes en situation de handicap mental ou psychique et des personnes âgées. (650 personnes âgées ou handicapés accompagnées)
Création : 1957
Président : Gérard Rey
Directeur général : Denis Turrel
Tél : 05 61 91 59 64


Catégorie : Association, Fondation


Adresse du siège

Château de Lahage
31370 Beaufort France


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Fiche n° 11434, créée le 10/01/2021 à 07:36 - MàJ le 10/01/2021 à 19:59

La Coopérative de l’immobilier

• La Coopérative de l’immobilier (Coop-immo) est une société coopérative d’Intérêt collectif (SAS à capital variable). Composée de 3 collèges : fondateurs, salariés et apporteurs d’affaires et utilisateurs (propriétaires, investisseurs et locataires). L’assemblée générale de la coopérative élit un président et un directeur général (mandat de 2 ans renouvelable). Elle choisit ses orientations en matière de développement, de services et de tarifs.
Création : janvier 2017
Effectif : 1 salarié
Président : Vincent Borrel
Directeur général : Didier Gaillard

• Chiffre d’affaires (2018) : 22 800 €
Tél. : 05 61 23 60 87
contact


Catégorie : Agences immobilières


Adresse du siège

19, rue Nicolas Bachelier
31000 Toulouse France


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Fiche n° 8527, créée le 15/04/2019 à 11:45 - MàJ le 22/04/2021 à 18:41

Unapei

L’Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis (Unapei) est la fédération française d’associations de représentation et de défense des intérêts des personnes handicapées mentales et de leurs familles.
Création : 1960
Membres : 550 associations
Missions : gestion de 3 000 établissements et services médico-sociaux, accompagnement de personnes en situation de handicap
Président : Luc Gateau
Président adjoint : Michel Borel
Contact : 01 44 85 50 50

Catégorie : Association, Fondation


Adresse du siège

15 rue Coysevox
75018 Paris France


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Fiche n° 9023, créée le 23/08/2019 à 12:08 - MàJ le 23/08/2019 à 12:14

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