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Logement, déplacement, travail : vers de nouveaux équilibres (Michaël Pinault, CRAL d’Occitanie)

News Tank Cities - Paris - Tribune n°243462 - Publié le 25/02/2022 à 11:15
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Michaël Pinault - ©  D.R.

Nul besoin d’être prophète dans son pays pour annoncer une transformation durable de l’organisation du travail. Elle a déjà commencé et s’est accélérée avec la pandémie. La numérisation des données et le déploiement du télétravail percutent le triptyque logement / déplacement / entreprise. De fait, l’hybridation du travail réinterroge l’aménagement des territoires, les stratégies immobilières des entreprises comme la question du lien social et professionnel entre salariés, écrit Michaël Pinault
, mandaté au Comité régional Action Logement • Missions : faciliter l’accès au logement pour favoriser l’emploi • Création : 1953 (Participation des Employeurs à l’Effort de Construction dit 1 % logement) • Organisation : - Action Logement… (CRAL Comité régional d’Action Logement - représentation régionale du groupe Action Logement (ex 1 % logement). Il en existe 12 et 5 comités territoriaux en Outre-Mer ) d’Occitanie, président de la commission Logement Résilient et Corpoworking, dans une tribune adressée à News Tank, le 23/02/2022.

L’expérimentation de tiers-lieux appelés « corpoworking » en Occitanie, pilotée par la direction régionale d’Action Logement et le CRAL a pris le parti d’inverser le paradigme dominant en cherchant à rapprocher le travail du lieu d’habitation et non l’inverse. Cette initiative qui regroupe plusieurs dizaines entreprises, des élus de territoires et les partenaires sociaux a la particularité de redistribuer de nombreuses cartes comme de répondre à de nombreuses interrogations. Ces mêmes interrogations qui avaient notamment agité les ronds-points des gilets jaunes et quelques mois plus tard le grand débat national. Les mêmes qui placent la transition écologique au cœur d’un nouveau modèle de territoire à construire.

Michaël Pinaultoici la tribune de Michaël Pinault.


Rapprocher le travail du lieu d’habitation et non l’inverse

Nul besoin d’être prophète dans son pays pour annoncer une transformation durable de l’organisation du travail. Elle a déjà commencé et s’est accélérée avec la pandémie. La numérisation des données et le déploiement du télétravail percutent le triptyque Logement-Déplacement-Entreprise. De fait, l’hybridation du travail réinterroge l’aménagement des territoires, les stratégies immobilières des entreprises comme la question du lien social et professionnel entre salariés.

L’expérimentation de tiers-lieux appelés « corpoworking » en Occitanie, pilotée par la direction régionale d’Action Logement et le CRAL Comité régional d’Action Logement - représentation régionale du groupe Action Logement (ex 1 % logement). Il en existe 12 et 5 comités territoriaux en Outre-Mer (1), a pris le parti d’inverser le paradigme dominant en cherchant à rapprocher le travail du lieu d’habitation et non l’inverse. Cette initiative qui regroupe plusieurs dizaines entreprises, des élus de territoires et les partenaires sociaux a la particularité de redistribuer de nombreuses cartes comme de répondre à de nombreuses interrogations.

Ces mêmes interrogations qui avaient notamment agité les ronds-points des gilets jaunes et quelques mois plus tard le grand débat national. Les mêmes qui placent la transition écologique au cœur d’un nouveau modèle de territoire à construire.

À quelques semaines de l'élection présidentielle, la question du logement confronté au lieu de travail et au coût environnemental, social et financier du déplacement est centrale. Elle se retrouve à la croisée des chemins des crises sanitaires, énergétiques et sociales, Elle se doit d’être traitée de manière systémique tant par les politiques que par l’ensemble des acteurs du monde des territoires et des entreprises. Il y a de nombreuses opportunités à saisir.

D’une expérimentation régionale à un déploiement national

Appuyons-nous sur une initiative très concrète que nous menons autour d’une métropole. Est-ce qu’il n’y a pas une nouvelle manière de simplifier la vie de centaines de salariés d’une entreprise en leur proposant de travailler à moins d’un quart d’heure de leur domicile 2 à 3 jours par semaine ? C’est la réflexion de la direction régionale d’Action Logement Occitanie, la Région Occitanie et plusieurs dizaines de grandes entreprises dont l’accès au siège situé dans l’agglomération toulousaine est très embouteillé matin et soir. Or une partie non négligeable des salariés habite en moyenne et grande périphérie de l’agglomération.

C’est une manière concrète de vouloir créer « la ville du ¼ d’heure » (2) dans ces territoires d’équilibre, souvent oubliés, entre la moyenne et grande couronne. Et de poursuivre ce souci de redynamiser économiquement et socialement des petits cœurs de ville.

Après quatre années d’ateliers collaboratifs, des études de territoire et la simulation de plus de 60 000 trajets domicile-travail, environ 7 à 8 projets de tiers-lieux en périphérie toulousaine émergent. Le plus avancé se situe à Gimont (Gers) et devrait ouvrir au début 2023. Cet espace de Corpoworking dans une ancienne manufacture devrait permettre à plusieurs centaines de salariés d’entreprises différentes de se retrouver 2 à 3 jours par semaine dans ce village de 3 000 habitants, à une cinquantaine de kilomètre de leur entreprise d’origine. Et à quelques minutes de leur lieu d’habitation.

La mobilisation de nombreux acteurs de terrain a permis la construction d’un cahier des charges pour que ce 3ème lieu réponde aux attentes des salariés et des entreprises et puisse être labellisé de manière paritaire par Action Logement et son CRAL. La directive du dernier PIV Plan d’investissement volontaire (3) d’Action Logement a confirmé cette priorité et a dégagé une nouvelle manière d’accompagner les besoins des salariés. C’est l’ensemble des directions régionales d’Action Logement qui va reprendre cette démarche autour des principales agglomérations françaises.

Pour autant, malgré de vraies solutions apportées, plusieurs interrogations demeurent. Les politiques publiques comme les partenaires sociaux ont un rôle majeur à jouer dans la manière où le lien Logement et Emploi modifie désormais durablement la relation au travail et les lieux de son exercice.

Le télétravail peut accentuer les sources d’inégalités sociales liées au logement

Si le télétravail fut parfois imposé par la crise sanitaire, il est également plébiscité par les salariés. Ainsi en janvier 2021, 27 % des salariés le pratiquent, contre 4 % en 2019. Et 8 télétravailleurs sur 10 souhaitent le poursuivre, mais en appelant cependant à réduire son intensité (4). Sa pratique est contrastée selon les personnes. Mais on peut retenir que pour les salariés qui ne disposent pas de logement et de moyens matériels adaptés, les conditions de travail et les risques psychosociaux se détériorent. Quand cela revient in fine à dormir et à préparer à manger dans son bureau, le télétravail n’est pas une solution pérenne.

Face à l’engouement parfois à rester travailler chez soi, les entreprises et les représentants des salariés peuvent rechercher ensemble une 3ème voie qui peut être un troisième lieu.  Si le logement peut être discriminatoire, le tiers-lieux ne repose pas sur les épaules du salarié. En cela, la question du tiers-lieu doit être un objet de dialogue social, soigneusement objectivé par les questions de QVT Qualité de vie au travail (5).

Pour cela, nous avons mis au cœur de la démarche de labellisation des espaces de corpoworking en Occitanie la question du dialogue social. Il s’agit de définir ses moyens et sa continuité hors des murs de l’entreprise dans un 3ème lieu où de nouvelles pratiques restent à inventer.

Pour un aménagement du territoire plus résilient et plus équilibré

Dès lors que l’on repense ce triptyque Logement-déplacement-travail comme un éco-système résilient, on propose à tous les acteurs un outil de transformation du territoire. Car en allégeant la tension du déplacement entre le logement du lieu de travail, ce modèle permet de décongestionner les métropoles et de fixer des lieux de vie attractifs dans les périphéries. C’est également une manière de valoriser la réduction des émissions de carbone liées au trajets pendulaires et de repenser les modes de transports collectifs. Où par exemple le réseau ferré devient un élément structurant et dynamisant pour des territoires « télé-travaillables ».

Et peut-être que l’acte de construire élargira le champ des possibles en desserrant la pression foncière en zones tendues qui noyaient les opérateurs dans un même verre d’eau. L’avenir se tourne vers les villes moyennes. Et un aménagement du territoire ambitieux permet également de redynamiser les moyennes et grandes périphéries.

Du pouvoir d’achat au plaisir de vivre

Pour reprendre l’expérience du corpoworking occitan, la mise en place d’un tiers-lieux à Gimont peut représenter en moyenne pour un salarié l’équivalent de 225 heures de trajet évitées sur une année, pour une économie de près de 1 500 €. Cela est très loin d’être négligeable pour un ménage et ouvre d’autres perspectives. Plus de temps libre, plus de pouvoir d’achat, une meilleure qualité de vie au travail et une réduction importante de l’empreinte carbone.

Ces tiers-lieux permettent également de reconditionner des bâtiments existants tout en développant les circuits-courts. Le cahier des charges d’Action Logement privilégie la réhabilitation de bâtiments pour éviter de nouvelles artificialisation des sols par exemple et pour valoriser le patrimoine des communes existantes.

La question du coût financier et du coût carbone du déplacement est cruciale. Parce que la mobilité des salariés représente bien souvent le premier poste dans l’empreinte carbone de l’entreprise. Et parce que le coût énergétique est encore largement indexé à des facteurs que ni le salarié, ni l’entreprise et ni l’État ne maîtrise vraiment.

Transition juste et dialogue social

Il reste encore de vrais sujets à traiter autour de cette question du lien entre logement et lieu de travail. Nous insistons sur trois sujets qui nous paraissent primordiaux.

D’une part, la capacité des entreprises et des représentants de salariés à se saisir ensemble de la question de la stratégie immobilière. Celle-ci ne doit pas rester une sorte de boite noire dans l’entreprise, en marge du dialogue social. La négociation et les contreparties (flex-office, vente ou location d’espaces de bureau, fermeture de site) doivent être abordées dans les accords d’entreprises pour donner une visibilité globale à l’ensemble des parties prenantes.

D’autre part, le choix d’un tiers-lieux n’est pas anodin. Il peut faire partie des négociations dans les accords de télétravail. La mise en place d’indicateurs sociaux et environnementaux et une labelisation peuvent permettre d’apporter des garanties aux entreprises et à leurs salariés. Cette démarche est encore à construire.

Enfin, la lutte contre le réchauffement climatique ne peut se faire sans justice sociale. Les nouvelles formes d’organisation de travail ne doivent pas opposer des salariés entre eux, n’ayant pas la même possibilité de vivre leur logement en étant éloigné de leur lieu de travail. Là aussi, il faut, à défaut d’opportunités apportées par le télétravail, construire une transition écologique juste.

(1) Comité Régional d’Action Logement, gouvernance paritaire politique au niveau de la Région

(2) La ville du ¼ d’heure : pour un nouveau chrono urbanisme  ! - Carlos Moreno

(3) Programme d’investissement volontaire d’Action Logement en faveur des Coworking (20 M€ en 2022)

(4) Télétravail durant la crise sanitaire. Quelles pratiques en janvier 2021 ? Quels impacts sur le travail et la santé ? 10/02/2022 DARES Analyses n° 9

(5) QVT : qualité de vie au travail

Rubrique dirigée par Jean-Luc Berho (berhoji@laposte.net), créateur des Entretiens d’Inxauseta, événement annuel dédié aux politiques du logement et de l’habitat. L'édition 2021 a eu lieu le 27/08/2021 à Bunus (Pyrénées-Atlantiques) sur la thématique : « Présidentielle 2022 : plaçons l’habitat au cœur du projet politique ». Jean-Luc Berho est également président de la Coopérative de l’immobilier, à Toulouse. La rubrique a vocation à mettre en exergue des avis experts sur l’accès au logement, le parcours résidentiel, la politique de la ville, l’urbanisme et l’aménagement des territoires, en France et à l’international.

 

Parcours

CFDT
Secrétaire fédéral à la Fédération Conseil, Culture et Communication en charge de l’action revendicative, du logement et de la transition écologique
Comité régional Action Logement Occitanie
Président de la commission logement résilient et corpoworking
Quark Ingenierie
Co-fondateur d’un bureau d’étude dans les économies d’énergie et la production d’énergies renouvelables

Fiche n° 45419, créée le 24/02/2022 à 22:31 - MàJ le 24/02/2022 à 22:51

Action Logement (AL)

• Missions : faciliter l’accès au logement pour favoriser l’emploi
• Création : 1953 (Participation des Employeurs à l’Effort de Construction dit 1 % logement)
• Organisation :
- Action Logement Groupe : structure paritaire de pilotage global
- Action Logement Services : structure de collecte de la PEEC et de distribution des services
- Association pour l’Accès aux Garanties Locatives (APAGL) : structure chargée d’organiser la diffusion de la garantie Visale
- Action Logement Immobilier : structure de portage des Entreprises Sociales de l’Habitat (ESH) et des sociétés immobilières
- Association Foncière Logement (AFL) : opérateur pour la mise en œuvre de la mixité sociale
- 12 comités régionaux et 5 comités territoriaux (organes paritaires représentant le Groupe à l’échelle locale)
Patrimoine : 1 090 304 logements (2022)
- 2021 : 1 069 957 logements, dont 1 001 714 logements sociaux (ESH sous contrôle) et 68 243 logements intermédiaires et divers (hors ESH)
Financements aux bailleurs sociaux : 3 200 M€ en prêts, subventions et dotations en fonds propres des OLS (LI + PLAI +PLUS +PLS) dont :
- 38 % pour les 50 filiales immobilières du groupe
- 62 % pour les autres opérateurs de logement social (hors capitalisation ANRU)
• Effectifs :
18 000 collaborateurs
• Président : Bruno Arcadipane
• Vice-président : Philippe Lengrand
• Directrice générale : Nadia Bouyer
Contact : Sophie Benard, responsable de l’Expression publique
• Tél. : 01 44 85 81 00


Catégorie : Bailleurs sociaux
Entité(s) affiliée(s) :
- Action Logement Services (ALS)
- Énéal
- Flandre Opale Habitat


Adresse du siège


21 quai d’Austerlitz
CS 51456
75643 Paris Cedex 13 France


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Fiche n° 6460, créée le 02/02/2018 à 02:39 - MàJ le 02/04/2024 à 11:23


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Michaël Pinault - ©  D.R.