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L’heure est à la mobilisation pour l’hébergement des travailleurs saisonniers (F. Lacarrère, maire)

News Tank Cities - Paris - Tribune n°301563 - Publié le 29/09/2023 à 14:00
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©  Alban Gilbert
Florent Lacarrère, conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine - ©  Alban Gilbert

Les conditions d’emploi, de rémunération, de formation des saisonniers sont des préoccupations réelles et partagées. La question de l’hébergement des saisonniers est toutefois la source de l’inquiétude la plus criante des salariés, employeurs et collectivités publiques. Les travailleurs saisonniers, souvent précaires, exercent leur activité dans des secteurs dont les missions sont liées aux rythmes des saisons ou à des impératifs économiques contraignants. Si tous les saisonniers partagent ces contraintes et caractéristiques, il n’y a pas de saisonnier-type, pas de saisonnalité définie et partant, aucune réponse préconçue et réplicable à l’identique aux difficultés d’accès au logement de ces travailleurs, écrit Florent Lacarrère Coprésident @ Effinergie • Conseiller régional @ Région Nouvelle-Aquitaine • Maire @ Labatmale (64) • Chargé d’enseignement en droit public @ Université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA)
, conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine, délégué au logement, au logement des jeunes, à l’habitat et à l’efficacité énergétique des bâtiments, dans une tribune adressée à News Tank, le 28/09/2023.

La période post-pandémique a donné lieu à une prise de conscience salutaire et a mis en exergue les difficultés du modèle saisonnier. Pour d’autres raisons, liées notamment à la rareté et à la cherté du logement, l’hébergement de ces salariés constitue une difficulté majeure. Beaucoup de logements loués autrefois aux saisonniers ont disparu du marché en particulier en raison de leur attrition par les plateformes des meublés touristiques. De nombreux travailleurs peinent à se loger dans ces endroits prisés par les touristes et aux loyers élevés. Tout le monde s’accorde sur la nécessité d’un équilibre entre la prolifération des locations saisonnières de courte durée et le développement d’un tourisme durable et vivable pour tous.

Voici la tribune de Florent Lacarrère.


Mobilisation pour l’hébergement des travailleurs saisonniers

Bien connue dans certains terroirs de notre région, la « Gerbaude » cultive la convivialité à la fin de vendanges. Réunis autour de grandes tablées, ouvriers saisonniers, personnels, propriétaires partagent ensemble un moment fraternel pour célébrer le travail de toute une année. Mais cette image d’Épinal n’est plus à l’image de ce qu’est l’emploi saisonnier, en particulier en Région Nouvelle-Aquitaine.

Les conditions d’emploi, de rémunération, de formation des saisonniers sont certes des préoccupations réelles et partagées. La question de l’hébergement des saisonniers est toutefois la source de l’inquiétude la plus criante des salariés, employeurs et collectivités publiques. Les travailleurs saisonniers, souvent précaires, exercent leur activité dans des secteurs dont les missions sont liées aux rythmes des saisons ou à des impératifs économiques contraignants. Si tous les saisonniers partagent ces contraintes et caractéristiques, disons-le d’emblée ; il n’y a pas de saisonnier-type, pas de saisonnalité définie et partant, aucune réponse préconçue et réplicable à l’identique aux difficultés d’accès au logement de ces travailleurs.

Développement des services nomades ou éphémères »

On pense souvent aux stations de ski pour l’hiver dans les Pyrénées (serveurs, plongeurs, pisteurs…) ou aux activités touristiques estivales (surveillants de baignade, hôtellerie, restauration…). Mais ce serait omettre que de saisonniers exercent aussi - et même principalement en Nouvelle-Aquitaine - dans l’agriculture (vendanges, récoltes, ostréiculture, maraîchage…). Le commerce, notamment dans les zones touristiques, fait également appel à eux, ainsi que certaines industries (industrie du jouet à Noël, production de chocolats à Pâques). Le développement des services nomades ou éphémères suscite également un important besoin en main d’œuvre temporaire. Le saisonnier est alors polymorphe, hétéroclite. Il peut être de tous les âges et subit à différents degrés la crise du logement, selon qu’il est un travailleur permanent, enchaînant les saisons (montagne, récoltes, littoral) ou encore un saisonnier d’été (étudiant notamment).

Régulation du marché de la location du meublé touristique

La période post-pandémique a donné lieu à une prise de conscience salutaire et a mis en exergue les difficultés du modèle saisonnier. Pour d’autres raisons, liées notamment à la rareté et à la cherté du logement, l’hébergement de ces salariés constitue une difficulté majeure. Beaucoup de logements loués autrefois aux saisonniers ont disparu du marché en particulier en raison de leur attrition par les plateformes des meublés touristiques. De nombreux travailleurs peinent désormais à se loger dans ces endroits prisés par les touristes et aux loyers élevés. Tout le monde s’accorde sur la nécessité d’un équilibre entre la prolifération des locations saisonnières de courte durée et le développement d’un tourisme durable et vivable pour tous. La régulation du marché de la location du meublé touristique devrait devenir une priorité majeure.

Un combat parlementaire »

La bataille contre cet accaparement inique doit être menée au niveau législatif ; elle repose principalement sur une adaptation de la fiscalité sur les meublés de tourisme aux enjeux de la crise du logement. Le combat parlementaire est mené par le député des Pyrénées-Atlantiques, Iñaki Echaniz
, dont la proposition de loi « portant mesures d’urgence pour lutter contre la spéculation locative et favoriser l’accès au logement dans les territoires en tension » n’a à ce jour pas été reprise dans la loi de finances.

Cela ne signifie pas pour autant que les collectivités doivent rester passives face aux enjeux d’hébergement des saisonniers. La Région Nouvelle-Aquitaine a souhaité prendre à bras-le-corps ce sujet majeur pour la vitalité de nos territoires touristiques et agricoles. Nous sommes la 4e région la plus pourvoyeuse d’emplois saisonniers (205 747 postes). Alors, les collectivités, les acteurs de l’habitat, les employeurs et syndicats professionnels se mobilisent pour trouver des solutions.

Susciter, innover et accompagner la production d’hébergements

En Nouvelle-Aquitaine, nous avons souhaité déployer une méthode. Elle consiste d’abord à observer, centraliser les besoins et les difficultés. La question des saisonniers ne peut pas être traitée correctement en se limitant au poncif du saisonnier jeune, étudiant, employé du secteur touristique, en période estivale. Il faut connaître parfaitement les besoins et les réalités territoriales pour y répondre de manière personnalisée et efficiente. Il nous faut ensuite susciter, innover et accompagner la production d’hébergements.

• Susciter en premier lieu, en travaillant de manière territorialisée et en réseau. Pour cela, la région, les collectivités infra-régionales, les employeurs - à travers eux, évidemment Action Logement et ses filiales - et les autres acteurs du logement doivent travailler main dans la main. Nous rencontrons tous des difficultés propres, causées par la spécificité du problème de l’hébergement des saisonniers. Pour les employeurs, c’est l’impasse du recrutement ; pour les bailleurs, c’est l’inconnue du modèle économique du logement des saisonniers ; pour les collectivités, c’est le risque d’un affaiblissement de la dynamique économique territoriale.

Surmonter tous ces freins à la production d’hébergement pour les saisonniers nécessite d’innover, en 2e lieu. Sur chaque territoire, les acteurs précédemment énumérés doivent rechercher ensemble les potentiels gisements d’hébergement, en fonction de l’activité saisonnière, du type de saisonniers, de la saison elle-même et des ressources de chaque territoire. Ici, la solution sera la mobilisation d’un internat de lycée en période estivale ; ailleurs, ce sera l’intégration des saisonniers dans une résidence habitat jeune pour conforter un modèle économique fragilisé ; là-bas, ce sera un village modulaire, implanté sur le littoral en été et dans une station de ski l’hiver ; parfois, la mobilisation des campings municipaux ou l’hébergement chez l’habitant pourra suffire. En tout état de cause, il n’existe aucune solution identique et parfaite. L’innovation sera nécessaire dans chaque territoire pour affronter la problématique ici abordée.

Pour permettre cette innovation, les collectivités doivent accompagner cette dynamique. En Nouvelle-Aquitaine, avons fait le choix appel à projets au fil de l’eau, qui permet de financer tant en fonctionnement qu’en investissement la production d’hébergement pour les saisonniers. Notre soutien est conditionné à une mobilisation des employeurs, à une limitation des nuitées à 12 € et à la construction d’une démarche RSE Responsabilité sociétale des entreprises - qui inclut évidemment la dignité des solutions d’hébergement proposées. La souplesse des critères régionaux est une nécessité absolue pour ne pas brider l’adaptabilité de nos aides aux besoins de chaque territoire.

Améliorer les solutions personnalisées

Enfin, il sera nécessaire chaque année de recenser et diffuser les différents modèles expérimentés (modulaire, internat, résidence, logement social, hébergement chez l’habitant…) afin de répliquer ou d’améliorer les solutions personnalisées, imaginées par chaque territoire. 

Nous avons désormais l’ambition, avec nos partenaires de relever ce défi de l’hébergement des saisonniers. Il en va de la vitalité économique de nos territoires comme des conditions de vie et d’emploi de nos travailleurs. C’est la raison pour laquelle nous en appelons à l’ensemble des acteurs à la mobilisation. Nous comptons sur vous toutes et tous ; vous pourrez compter sur l’entier soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine. Main dans la main, partenaires, inventeurs de l’avenir de nos travailleurs saisonniers, c’est ainsi que nous devons avancer. C’est comme cela que nous construirons la Nouvelle-Aquitaine de demain.

La rubrique est dirigée par Jean-Luc Berho (berhoji@laposte.net), créateur des Entretiens d’Inxauseta, événement annuel dédié aux politiques du logement et de l’habitat. La dernière édition en date a eu lieu le 25/08/2023 à Bunus (Pyrénées-Atlantiques) sur le thème de l’urgence à agir. Jean-Luc Berho est président de la Coopérative de l’immobilier, à Toulouse. La rubrique a vocation à mettre en exergue des avis experts sur l’accès au logement, le parcours résidentiel, la politique de la ville, l’urbanisme et l’aménagement des territoires, en France et à l’international.

Florent Lacarrère


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Parcours

Effinergie
Coprésident
Région Nouvelle-Aquitaine
Conseiller régional
Labatmale (64)
Maire
Université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA)
Chargé d’enseignement en droit public

Fiche n° 50030, créée le 29/09/2023 à 09:22 - MàJ le 29/09/2023 à 09:56

Région Nouvelle-Aquitaine (Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine)

• Rassemble les départements de la Charente, Charente-Maritime, Corrèze, Creuse, Dordogne, Gironde, Landes, Lot-et-Garonne, Pyrénées-Atlantiques, Deux-Sèvres, Vienne, Haute-Vienne
• Compétences exclusives : développement économique, gestion des programmes européens, formation professionnelle, apprentissage et alternance, lycées, aménagement du territoire et environnement, transports.
• Budget régional (2022) : 3,3 Md €
• Préfecture : Bordeaux
• Président : Alain Rousset
• Composition du conseil régional : 183 membres
• Contact : Pierre Lasterra, service de presse - cabinet du président, 05 57 57 02 95

Catégorie : Collectivités


Adresse du siège

14, rue François de Sourdis
33077 Bordeaux Cedex France


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Fiche n° 9095, créée le 11/09/2019 à 11:07 - MàJ le 29/03/2023 à 17:01

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Florent Lacarrère, conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine - ©  Alban Gilbert