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Pour une offre pérenne de logements qui répondrait à des besoins temporaires (C. Millet, CNOA)

News Tank Cities - Paris - Tribune n°336585 - Publié le 06/09/2024 à 14:00
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©  Aude Lemaître
Christophe Millet, président du CNOA - ©  Aude Lemaître

La vie est faite de personnes qui cherchent à habiter de manière provisoire un lieu. Ces choix sont guidés par des motivations personnelles, familiales, ou économiques. Hormis le cas des étudiants et des travailleurs saisonniers, ces situations sont souvent le reflet d’une période délicate de leur vie : couples en instance de séparation, salariés mutés qui déménagent avant la venue de leur famille, personnes accompagnant un parent durant une longue maladie…, écrit Christophe Millet Président @ Conseil national de l’ordre des architectes (CNOA) • Architecte associé et cogérant @ Bamaa Architectes Associés
, président du Conseil national de l’ordre des architectes • Organisme de droit privé chargé de missions de service public, institué par la loi du 03/01/1977 sur l’architecture • Placé sous la tutelle du ministre de la Culture et de la… (CNOA Conseil national de l’ordre des architectes ), dans une tribune adressée à News Tank, le 05/09/2024.

Notre responsabilité commune est bien de permettre à ces personnes de trouver un lieu d’accueil de qualité pendant ces quelques jours, semaines, voire mois, pour faciliter leur quotidien. L’acte de construire et de réhabiliter se doit d’être protéiforme tant les choix de vie sont multiples

Pour autant, la construction temporaire est à questionner. En analysant les constats exprimés à plusieurs reprises lors des derniers Entretiens d’Inxauseta à Bunus (Pyrénées-Atlantiques), le 30/08/2024, nous ne pouvons qu’affirmer qu’une offre pérenne de logements qui répondrait à des besoins temporaires serait bien plus pertinente.

Voici la tribune de Christophe Millet.


La construction temporaire est à questionner

La vie est faite de personnes qui cherchent à habiter de manière provisoire un lieu. Ces choix sont guidés par des motivations personnelles, familiales, ou économiques. Hormis le cas des étudiants et des travailleurs saisonniers, ces situations sont souvent le reflet d’une période délicate de leur vie. Ces besoins « silencieux » sont aussi ceux des couples en instance de séparation, des personnes mutées qui déménagent quelques mois avant la venue de leur famille, des personnes qui accompagnent un parent durant une longue maladie…

Notre responsabilité commune est bien de permettre à ces personnes de trouver un lieu d’accueil de qualité pendant ces quelques jours, semaines, voire mois, pour faciliter leur quotidien. L’acte de construire et de réhabiliter aujourd’hui se doit d’être protéiforme tant les choix de vie sont multiples. Pour autant, la construction temporaire est à questionner.

Une construction temporaire est-elle la meilleure option pour un besoin temporaire ? Ne proposons-nous pas trop vite une réponse en affectant la temporalité à la construction plutôt qu’au besoin ? Dans nos territoires qui s’adaptent au ZAN Zéro artificialisation nette - Objectif de réduction de la consommation d’espace à zéro unité nette de surface consommée en 2050, fixé par le plan Biodiversité du Gouvernement en juillet 2018 et qui cherchent des réponses au manque de logement, pouvons-nous nous permettre de construire « temporairement » des logements ? D’autant que certaines constructions temporaires, comme les habitations légères de loisirs, dérogent aux critères de performances énergétiques de la réglementation RE 2020 Réglementation environnementale 2020  faisant ainsi courir le risque d’ajouter de la précarité énergétique à de la précarité économique…

Dès lors, s’il n’est pas imaginable de faire correspondre la temporalité de la construction à celui du besoin exprimé à l’instant T, quelle temporalité accordons-nous à de telles constructions ?

Coût de construction rapporté au logement plus élevé

En analysant les constats exprimés à plusieurs reprises lors des Entretiens d’Inxauseta à Bunus (Pyrénées-Atlantiques) le 30/08/2024, nous ne pouvons qu’affirmer qu’une offre pérenne de logements qui répondrait à des besoins temporaires serait bien plus pertinente. La forte demande laisse en effet penser que ces logements ne resteraient jamais vacants, même après une période d’occupation relativement courte. Par conséquent, quels seraient les avantages d’une construction temporaire ?

Rappelons que dans le cas d’une construction temporaire, le coût de construction rapporté au logement est supérieur à celui d’une construction pérenne, les autorisations administratives à demander sont identiques et l’emprise au sol parfois même plus importante, en raison de la difficulté de construire des bâtiments de plusieurs étages. Pour rentabiliser ces surcoûts, auxquels il faut aussi ajouter le démontage et le transport, les porteurs de projet évoquent une installation pour 5 à 7 ans, soit du temporaire au long cours…. Ce constat questionne ainsi une certaine forme de planification territoriale. Aménager temporairement supposerait donc de bien maîtriser les tenants et aboutissants d’un développement local futur.

Ensuite, peu importe si ces situations personnelles particulières des usagers renforcent leur résilience, les amenant à accepter des logements au confort moindre, notre rôle, toujours, de professionnels, est justement de leur offrir un environnement suffisamment confortable et sécurisé. La qualité de ces habitats temporaires est d’autant plus sensible que les surfaces sont petites et les espaces exigus. L’agencement, la lumière, la vue, les hauteurs sous plafond, la présence d’aménités urbaines, et l’intimité constituent autant d’éléments à prendre en compte dans la conception de ces espaces. Cela requiert beaucoup d’énergie pour un bâtiment considéré comme temporaire et que l’on aurait tort de démonter après quelques années d’existence.

Les premiers exemples d’urbanisme transitoire

En conclusion, tout porte à croire qu’il est indispensable de prioriser une offre pérenne plutôt que de s’aventurer sur la piste de l’habitat temporaire. Une construction pérenne, c’est l’assurance de pouvoir offrir un cadre bâti qui s’insère dans son milieu urbain ou paysagé, qui économise les ressources et qui, à condition que les ambitions soient portées, réduise aussi l’empreinte carbone.

Cette offre pérenne pourrait être proposée dans certains cas sans construire. Les architectes sont suffisamment ingénieux pour proposer l’impensable parfois. Encore faut-il qu’on leur commande une étude de programmation ou de diagnostic… Et c’est bien là l’enjeu des villes : être suffisamment en connaissance de la potentialité de leur patrimoine pour répondre rapidement un besoin temporaire de logements. Le dispositif « 1 maire, 1 architecte » porté par l’Ordre des architectes est un excellent support pour accompagner les élus locaux à creuser cette réflexion. Les premiers exemples d’urbanisme transitoire ont prouvé que par des investissements maitrisés, les collectivités peuvent offrir des solutions temporaires de qualité à condition de les inscrire dans un schéma d’aménagement et de développement local pensé à long terme.

La rubrique est dirigée par Jean-Luc Berho (berhoji@laposte.net), créateur des Entretiens d’Inxauseta, événement annuel dédié aux politiques du logement et de l’habitat. La dernière édition a eu lieu le 30/08/2024 à Bunus (Pyrénées-Atlantiques) sur le thème du logement. Jean-Luc Berho est président de Soliha Pays Basque, président du conseil de surveillance de la Coopérative de l’immobilier à Toulouse, administrateur de l’association Aurore, administrateur d’Espacité et membre du Conseil national de l’habitat (CNH). La rubrique a vocation à mettre en exergue des avis experts sur l’accès au logement, le parcours résidentiel, la politique de la ville, l’urbanisme et l’aménagement des territoires, en France et à l’international.

Christophe Millet


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Parcours

Bamaa Architectes Associés
Architecte associé et cogérant

Fiche n° 51790, créée le 14/06/2024 à 13:15 - MàJ le 30/09/2024 à 12:39

Conseil national de l’ordre des architectes (CNOA)

Organisme de droit privé chargé de missions de service public, institué par la loi du 03/01/1977 sur l’architecture
• Placé sous la tutelle du ministre de la Culture et de la Communication
• Constitué de 29 906 architectes
• Composé de 17 conseils régionaux et d’un conseil national
Président : Christophe Millet
Vice-présidents : Yolaine Paufichet et Fabien Gantois
Trésorière : Laurence Nguyen
Secrétaire : Guillaume Blanchard
Contact : Gaëlle Gicquel, responsable médias
• Tél. : 01 56 58 67 00


Catégorie : Fédération professionnelle


Adresse du siège

33 avenue du Maine
BP 154
75755 Paris Cedex 15 France


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Fiche n° 6727, créée le 07/03/2018 à 14:38 - MàJ le 19/11/2024 à 14:16


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