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Logement étudiant : Notre pays n’a pas su répondre aux attentes de sa jeunesse (L. Lérissel, Aires)

News Tank Cities - Paris - Tribune n°390293 - Publié le
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Le logement est devenu pour les étudiants et les jeunes l’une des clés de leur réussite académique, de l’acquisition de leur autonomie et de leur insertion professionnelle. Mais il est indéniable, et largement reconnu, que notre pays n’a pas su répondre aux attentes de sa jeunesse dans ce domaine, malgré des intentions louables, écrit Lionel Lérissel Président @ Association Interprofessionnelle des Résidences Etudiants et Services (AIRES) • Président @ Fac-Habitat • Président @ Logifac
, président de l’Association interprofessionnelle des résidences étudiants et services dans une tribune adressée à News Tank, le 06/03/2025.

L’Aires Association Interprofessionnelle des Résidences Etudiants et Services , qui regroupe les gestionnaires non-étatiques de résidences pour étudiants des secteurs conventionnés et libres représentant un parc de plus de 1 500 résidences et de 200 000 logements, souhaite apporter sa contribution au débat et ouvrir une réflexion sur le champ des possibles.

Le véritable enjeu ne réside ni dans l’opposition entre un logement public et un logement privé, ni dans la régulation de la pénurie, mais bien dans la capacité à produire davantage de logements destinés aux étudiants et aux jeunes. L’Aires estime que le besoin en logements étudiants s’élève à 250 000 unités. Les financements publics ne pourront, à eux seuls, répondre à cette demande. Seule une approche ouverte et diversifiée permettra de trouver des solutions efficaces et pérennes.

Voici la tribune de Lionel Lérissel.


Dépasser les fausses solutions, passer à l’action !

Le rapport du COJ Conseil d’orientation des politiques de jeunesse - une commission administrative consultative placée auprès du Premier ministre sur les politiques publiques à l’égard des jeunes de 2025 (intitulé « Le logement des jeunes : faciliter l’accès à l’autonomisation par le logement ») a le mérite de souligner une réalité essentielle : le logement est devenu pour les étudiants et les jeunes l’une des clés de leur réussite académique, de l’acquisition de leur autonomie et de leur insertion professionnelle.

Il est indéniable, et largement reconnu, que notre pays n’a pas su répondre aux attentes de sa jeunesse dans ce domaine, malgré des intentions louables. Cependant, le rapport reproduit les mêmes écueils qui ont conduit à cette situation : d’une part, une approche limitée aux seules solutions étatiques ; et d’autre part, une confiance excessive dans la régulation centralisée comme remède universel.

C’est dans cette perspective que l’Aires, association regroupant les gestionnaires non-étatiques de résidences pour étudiants des secteurs conventionnés et libres, représentant un parc de plus de 1 500 résidences et de 200 000 logements, souhaite apporter sa contribution au débat et ouvrir une réflexion sur le champ des possibles.

Un champ de vision rétréci

En négligeant, sans doute par méconnaissance, de nombreux acteurs du logement étudiant tels que les associations à but non lucratif, les organismes issus de grands établissements d’enseignement supérieur et de recherche, ou encore les acteurs du marché libre issus du secteur non lucratif ou du secteur lucratif, le rapport du COJ perpétue une approche centrée exclusivement sur la production de logement par la puissance publique. Or il n’est que temps de faire le deuil de cette idée directrice au regard d’une part des besoins à satisfaire et d’autre part des moyens de plus en plus limités de l’État.

Pluralité des acteurs du logement étudiant »

D’ailleurs, Bénédicte Durand, présidente du CNOUS Centre national des œuvres universitaires et scolaires , l’a bien compris. Dès son arrivée il y a un an, elle a insisté sur une évidence : la gestion du logement étudiant ne peut reposer uniquement sur l’opérateur public. Même constat du côté des villes universitaires, qui reconnaissent la pluralité des acteurs du logement étudiant à travers le label AVUF Association des villes universitaires de France - regroupe en 2017 33 communes, 30 communautés d’agglomération, 1 communauté urbaine, 1 département et 15 métropoles .

Si les rapporteurs du COJ avaient auditionné des experts comme Olivier Rey, président de l’OVE Observatoire national de la vie étudiante , ils auraient pu être rappelés à une réalité essentielle : les étudiants ne sont pas simplement de jeunes adultes, mais des individus à la mobilité et à l’insertion culturelle accrues. Parmi eux, certains vivent la précarité, nécessitant des réponses adaptées pour accéder à un habitat digne. D’autres, en quête d’un toit, se soucient avant tout de trouver un logement accessible, indépendamment des modèles réglementaires et des clivages idéologiques qui animent les débats entre acteurs du secteur. Leur priorité est de trouver un logement en adéquation avec leurs revenus, situé dans un quartier répondant à leurs attentes : proximité des lieux d’étude, logement équipé et sécurité comme le montre le 3e baromètre de l’Aires.

Les solutions ne pourront émerger que d’une stratégie fondée sur une vision large, impliquant équitablement et en toute transparence les acteurs du logement conventionné aux cotés des acteurs du logement libre, réservant les financements publics aux jeunes et étudiants les plus vulnérables, tout en permettant à l’initiative privée, à but lucratif ou non, de se développer librement en dehors de ce cadre.

Quid de la tentation régulatrice ?

Que penser de l’idée de recourir à l’encadrement des loyers des logements destinés aux jeunes et aux étudiants ? Si cette dernière peut apparaitre séduisante, elle résiste néanmoins difficilement à une analyse rationnelle de l’état du marché locatif qui ne pèche pas par une sur-offre aux tarifs démesurés mais principalement par une sous-offre locative. Le rapport capte l’écume des enjeux, révélant des dynamiques essentielles, mais il gagnerait à embrasser toute l’ampleur de la vague : le premier défi, et non des moindres, demeure la production de logements.

L’encadrement des loyers s’applique déjà aux résidences du secteur conventionné, qu’elles soient gérées par les CROUS, les bailleurs sociaux ou les associations gestionnaires. Ainsi, ce dispositif ne s’appliquerait qu’au logement libre, qu’il soit implanté dans le secteur diffus ou au sein de résidences dédiées. Un tel dispositif pourrait s’appliquer au logement diffus, mais son efficacité reste incertaine, d’autant qu’elle dépend de réglementations locales parfois contestées

Le rôle clé de l’investissement privé »

En revanche, l’instauration d’un encadrement des loyers dans le secteur des résidences constituerait une mesure désastreuse, entraînant un arrêt brutal de la production, en raison du découragement des investisseurs privés. Cette question a déjà été discutée lors de l’adoption la loi ALUR Loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové du 24/03/2014 en 2013 et la représentation nationale, avait alors fait preuve de discernement en excluant les résidences services du champ de l’encadrement des loyers.

Rappelons que si l’État contribue financièrement à la production de logements conventionnés, lesquels, rappelons-le, doivent être destinés en priorité aux étudiants aux ressources les plus modestes, c’est bien l’investissement privé qui joue un rôle clé en assurant le maintien et le développement de l’offre de nouveaux logements pour les autres apprenants.

Une analyse approfondie du profil de ces investisseurs, essentiels à la production de logements, aurait permis aux auteurs du rapport de découvrir qu’ils sont majoritairement des concitoyens aux capacités d’investissement modestes faisant confiance à des opérateurs qui s’engagent sur le long terme, et leur assurent un revenu souvent destiné à compléter leur retraite ou à optimiser leur fiscalité.

L’ouverture du champ des possibles

Le véritable enjeu ne réside ni dans l’opposition entre un logement public et un logement privé, ni dans la régulation de la pénurie, mais bien dans la capacité à produire davantage de logements destinés aux étudiants et aux jeunes.

L’AIRES estime que le besoin en logements étudiant s’élève à 250 000 unités. Dans un contexte où la dette publique excède les 3 000 Md€, il est évident que les financements publics ne pourront, à eux seuls, répondre à cette demande. Seule une approche ouverte et diversifiée permettra de trouver des solutions efficaces et pérennes. Cela nécessite la mobilisation de l’ensemble des acteurs — publics, non lucratifs et privés — autour d’un objectif ambitieux, accompagné d’un véritable pilotage partagé.

Simplifier les procédures d’urbanisme »

Cela implique également un recensement précis et une réflexion approfondie sur la libération de fonciers, tant dans les sites universitaires que dans les établissements d’enseignement secondaire tels que les lycées. Cela suppose de simplifier les procédures d’urbanisme afin que le foncier devienne un levier stratégique au service du logement étudiant, plutôt qu’un frein à son développement ! Cela requiert que l’État reconnaisse pleinement le rôle des investisseurs privés en les incitant, à travers un cadre d’investissement simple, pérenne et respectueux des finances publiques, à soutenir le logement des étudiants et des jeunes !

Cela doit aussi se traduire par un engagement fort des collectivités territoriales, considérant la création de logements étudiants non comme une contrainte, mais comme une opportunité pour dynamiser les territoires ! Cela passe par la transformation d’actifs immobiliers tertiaires en logements adaptés aux étudiants et aux jeunes ! Enfin, pour agir rapidement, cela doit s’appuyer sur le développement de la construction hors site de résidences, une solution efficace encore trop peu exploitée !

La rubrique est dirigée par Jean-Luc Berho (berhoji@laposte.net), créateur des Entretiens d’Inxauseta, événement annuel dédié aux politiques du logement et de l’habitat. La dernière édition a eu lieu le 30/08/2024 à Bunus (Pyrénées-Atlantiques) sur le thème du logement. Jean-Luc Berho est président de Soliha Solidaires pour l’habitat, réseau PACT et réseau Habitat & Développement Pays Basque, président du conseil de surveillance de la Coopérative de l’immobilier à Toulouse, administrateur de l’association Aurore, administrateur d’Espacité et membre du Conseil national de l’habitat (CNH Conseil national de l’habitat ). La rubrique a vocation à mettre en exergue des avis experts sur l’accès au logement, le parcours résidentiel, la politique de la ville, l’urbanisme et l’aménagement des territoires, en France et à l’international.

Lionel Lérissel


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Parcours

Fac-Habitat
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Fiche n° 53625, créée le 06/03/2025 à 15:33 - MàJ le 06/03/2025 à 16:05

Association Interprofessionnelle des Résidences Etudiants et Services (AIRES)

• Association Interprofessionnelle
Création : 1994
Mission : fédérer et représenter les gestionnaires non-étatiques de résidences pour étudiants des secteurs conventionnés et libres  : acteurs relevant du périmètre de l’action publique (État, CROUS, OPAC et OPH…) ; acteurs du secteur non lucratif (associations, mutuelles, SA HLM, foncières sociales…) ; acteurs du secteur lucratif (exploitants, administrateurs de biens, promoteurs, foncières…)
Parc : 1 500 résidences et 200 000 logements étudiants
Président : Lionel Lérissel
Directeur général : Philippe Campinchi
Contact : Philippe Campinchi - 06 84 60 62 74


Catégorie : Association, Fondation


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Fiche n° 14314, créée le 01/12/2022 à 07:08 - MàJ le 06/03/2025 à 16:23


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