Fondation des solidarités urbaines : du mécénat collectif original à l’action concrète (A. El Majeri)
En Île-de-France, les bailleurs sociaux de la Ville de Paris
• Commune et département (statut particulier), situés en région Île-de-France• Population : 2 087 577 habitants• Superficie : 105,4 km2• Intercommunalité : Métropole du Grand Paris• Maire : Anne…
ont fait un choix singulier dans le monde des organismes HLM : celui de donner naissance à une fondation d’entreprise. En 2016 naissait la Fondation d’entreprise Paris Habitat
Office public de l’habitat (OPH) de la ville de Paris
• Missions : construire, loger, réhabiliter, renouveler les territoires, attribuer des logements, assurer un cadre de vie agréable, animer la…
dont les premiers membres fondateurs - Paris Habitat, Aximo et l’Habitation confortable - ont été rejoints en 2023 par la RIVP
Régie immobilière de la Ville de Paris
, l’Habitat Social Français et Elogie-Siemp
• Activité : 3e bailleur social de la ville de Paris
• Création : 2016, issu de la fusion des sociétés Élogie et Siemp (respectivement créées en 1931 et 1959)
• Parc : 1 434 locaux d’activité …
pour devenir la Fondation d’entreprise des solidarités urbaines, écrit Agnès El Majeri
Directrice @ Fondation d’entreprise des solidarités urbaines
, directrice de la Fondation, dans une tribune adressée à News Tank le 17/02/2025.
Avec cette démarche de mécénat collectif original et ce véhicule philanthropique, les six bailleurs sociaux ont adopté un parti-pris lui aussi unique : soutenir exclusivement des expérimentations et projets de recherche-action qui n’ont par définition pas encore fait leurs preuves mais qui visent un fort impact social, pour bâtir une ville plus solidaire, collaborative et durable.
Qu’il s’agisse de lutter contre l’isolement, de tisser du lien social, de favoriser le collectif et le pouvoir d’agir, de préserver la biodiversité ou encore d’améliorer le cadre de vie et le pouvoir d’achat des habitants, la Fondation des solidarités urbaines permet aux organismes d’intérêt général lauréats des appels à projets, d’évaluer in situ des solutions nouvelles.
Voici la tribune d’Agnès El Majeri.
Soutenir l’innovation sociale pour construire la ville de demain
L’objectif de tout bailleur social est de faire en sorte que ses locataires vivent bien dans leur logement, leur quartier, leur ville, leur environnement. Par ailleurs, partout en France, les acteurs de l’économie sociale et solidaire déploient des trésors d’inventivité et d’agilité pour répondre aux enjeux auxquels font face les habitants, qu’il s’agisse d’enjeux économiques, sociaux ou environnementaux. Le monde associatif est peuplé de structures qui imaginent et mettent en pratique des solutions concrètes, utiles, souvent réplicables ou tout au moins inspirantes.
Lorsque le travail de terrain de ces associations est doublé d’une démarche d’expérimentation, voire de recherche scientifique, d’analyse et d’évaluation, les enseignements produits sont un gisement de connaissance pour tous ceux qui œuvrent pour l’intérêt général. Mais il faut avoir conscience que cette démarche nécessite du temps et des moyens qui leur manquent. C’est là que les autres acteurs de la ville ont un rôle à jouer, et notamment les bailleurs sociaux.
Laboratoire citoyen expérimental, pour les acteurs et usagers de l’innovation sociale urbaine, au service des habitants
En Île-de-France, les bailleurs sociaux de la Ville de Paris ont fait un choix singulier dans le monde des organismes HLM : celui de donner naissance à une fondation d’entreprise. En 2016 naissait la Fondation d’entreprise Paris Habitat, dont les premiers membres fondateurs - Paris Habitat-OPH
Office public de l’habitat - Créé en 2007, est un organisme public qui construit et gère les habitations à loyer modéré (HLM). Succède à l’office public d’HLM (OPHLM) et à l’office public…
, Aximo et l’Habitation confortable - ont été rejoints en 2023 par la RIVP
Régie immobilière de la Ville de Paris
, l’Habitat Social Français et Elogie-Siemp, pour devenir la Fondation d’entreprise des solidarités urbaines, présidée par Éric Pliez
Maire du 20e arrondissement @ Ville de Paris
. Avec cette démarche de mécénat collectif original et ce véhicule philanthropique, les six bailleurs sociaux ont adopté un parti-pris lui aussi unique : soutenir exclusivement des expérimentations et des projets de recherche-action, qui n’ont par définition pas encore fait leurs preuves mais qui visent un fort impact social, pour bâtir une ville plus solidaire, plus collaborative et plus durable.
L’ambition de la Fondation des solidarités urbaines est claire : être un laboratoire citoyen expérimental, pour les acteurs et usagers de l’innovation sociale urbaine, au service des habitants d’Île-de-France.
Pourquoi c’est utile et comment ça fonctionne ?
S’unir dans une démarche de mécénat collectif est d’abord un moyen de croiser les expériences et les approches et de mutualiser les moyens pour répondre au mieux aux besoins des habitants. Ensuite, être un laboratoire permet de tester des réponses innovantes aux problématiques auxquelles sont confrontés les habitants, dont les bailleurs sociaux sont les premiers témoins, avec des acteurs qui ne sont pas forcément dans leur écosystème ordinaire.
Évaluer in situ des solutions nouvelles »Qu’il s’agisse de lutter contre l’isolement, de tisser du lien social, de favoriser le collectif et le pouvoir d’agir, de préserver la biodiversité ou encore d’améliorer le cadre de vie et le pouvoir d’achat des habitants, la Fondation des solidarités urbaines permet aux organismes d’intérêt général lauréats des appels à projets, d’évaluer in situ des solutions nouvelles.
Concrètement, elle met en œuvre différents leviers pour soutenir les projets qu’elle sélectionne : dotation financière, mise à disposition de terrains d’expérimentation, mise en réseau, accompagnement dans l’ingénierie des projets. Le tout avec un intérêt particulier porté aux projets qui allient, avec le bon équilibre, acteurs de terrain et acteurs de la recherche et de l’évaluation. Le but étant ensuite de produire des enseignements et résultats scientifiquement solides, et de mesurer de façon objective l’impact des projets.
En résumé, il s’agit de partir des problématiques et enjeux repérés par les bailleurs sociaux sur le terrain, d’identifier des projets d’intérêt général qui apportent des solutions innovantes, de soutenir les porteurs de projets pour leur donner les moyens de tester et évaluer de façon robuste ces solutions, puis de diffuser la connaissance acquise au cours du processus pour en faire bénéficier l’ensemble des acteurs de la ville.
La preuve par l’exemple
Parmi les projets soutenus par la Fondation des solidarités urbaines, la recherche-action baptisée « DÉFI, démarche pour l’engagement des femmes immigrées », portée à Grigny (Essonne) par l’association GRDR Migration - Citoyenneté - Développement, est née d’un constat : le développement de l’économie informelle aux abords de la gare RER de Grigny, avec des stands de vente de brochettes “à la sauvette”, majoritairement tenus par des mères de familles isolées. Ce projet est un exemple de coopération puisqu’il a bénéficié de l’impulsion pionnière de la Ville de Grigny qui souhaitait résoudre la problématique des ventes ambulantes autrement que par une réponse policière.
Création d’une activité de restauration solidaire »Grâce à une démarche de concertation avec les acteurs du territoire et les femmes elles-mêmes, l’association GRDR a mené une recherche-action, soutenue par la Fondation des solidarités urbaines dans le cadre d’un appel à projets sur la thématique de la lutte contre l’isolement des personnes fragiles. Cette recherche-action a non seulement permis à un groupe de femmes de passer de l’économie informelle à la création d’une activité de restauration solidaire, mais elle a aussi permis de documenter l’action, le parcours des femmes et les perspectives de développement, tout en proposant une méthodologie duplicable sur d’autres territoires.
Autre exemple inspirant : celui de l’expérimentation « Rhizome solidaire » menée par l’association Caracol et soutenue par la Fondation des solidarités urbaines dans le cadre d’un appel à projets portant sur « Les espaces communs : espaces et temps partagés ». Originalité : ce projet transforme des locaux vides pour faire de la colocation solidaire en proposant des habitats temporaires à destination à la fois de réfugiés statutaires (en parcours d’intégration et en sortie de centre d’hébergement) et de personnes locales dont de nombreux jeunes précaires (en sortie d’études ou en début de parcours professionnel). Résultat : ce projet a abouti à une meilleure connaissance de la trajectoire et de l’expérience des colocataires et à la validation d’un modèle innovant par des indicateurs et enseignements précis.
Tiers-lieu propice à la mixité sociale
Dernier exemple emblématique : la recherche-action “Rue de la solidarité”, portée dans le 19e arr. de Paris par l’association D2L-L’Éternel solidaire, également lauréate de l’appel à projets « Les espaces communs : espaces et temps partagés ». Là encore, il s’agissait de répondre à un enjeu bien connu des bailleurs : aménager et animer des espaces favorisant la vie de quartier et l’émergence de pratiques participatives dans un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV Quartiers prioritaires de la politique de la ville ). Le tout dans une démarche de co-construction rassemblant à la fois les habitants, les bailleurs sociaux, les acteurs institutionnels et les associations. Résultat : la création de lien social et la participation des habitants à l’aménagement et la valorisation de l’espace public, autour d’un tiers-lieu propice à la mixité sociale.
Les exemples d’initiatives testées et évaluées par les associations pour répondre à des enjeux qui intéressent tous les acteurs de la ville sont nombreux. Leur connaissance du terrain et leur agilité font leur force mais elles ont réellement besoin de soutien financier, mais pas seulement, pour mener leurs projets et les emmener plus loin encore en faisant effet de levier. Seul un esprit de coopération entre tous ceux qui œuvrent pour rendre la ville plus solidaire et inclusive, peut leur permettre de démultiplier leur impact. Penser et bâtir la ville de demain doit passer par ces synergies.
Rubrique dirigée par Jean-Luc Berho
La rubrique est dirigée par Jean-Luc Berho
Président @ Les Entretiens d’Inxauseta (rendez-vous annuel sur le logement) • Président @ Soliha Pays Basque • Directeur Analyses Débats et Tribunes Cities @ News Tank (NTN) • Président @ Supastera…
(berhoji@laposte.net), créateur des Entretiens d’Inxauseta, événement annuel dédié aux politiques du logement et de l’habitat. La dernière édition a eu lieu le 30/08/2024 à Bunus (Pyrénées-Atlantiques) sur le thème du logement. Jean-Luc Berho est président de Soliha
• Fédération nationale, réseau associatif national au service de l’habitat privé à vocation sociale avec 123 organismes d’aide aux particuliers, collectivités locales et institutions…
Pays Basque, président du conseil de surveillance de la Coopérative de l’immobilier à Toulouse, administrateur de l’association Aurore, administrateur d’Espacité et membre du Conseil national de l’habitat (CNH). La rubrique a vocation à mettre en exergue des avis experts sur l’accès au logement, le parcours résidentiel, la politique de la ville, l’urbanisme et l’aménagement des territoires, en France et à l’international.
Agnès El Majeri
Directrice @ Fondation d’entreprise des solidarités urbaines
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Parcours
Directrice
Conseillère « accès au logement et politique d’hébergement »
Conseillère affaires sociales
Directrice
Conseillère technique
Chargée de mission « Urgence sociale »
Chargée de Mission « Logement et Urgence sociale »
Fiche n° 38685, créée le 05/03/2020 à 12:15 - MàJ le 17/02/2025 à 22:13
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