Présidentielle 2022 : l’enjeu de l’habitat n’est pas porté à la bonne hauteur par les candidats-es
Force est de constater que la question de l’habitat, alors qu’elle est consubstantielle à la qualité de vie de nos concitoyens, n’est pas portée à la bonne hauteur par les candidats-es à l’élection présidentielle, d’autant que le choc d’offre qui devait faire baisser les prix de l’immobilier pour permettre à tous d’accéder au logement n’a pas fonctionné. Les candidats-es s’accordent sur la nécessité de mesures fortes pour réussir la rénovation énergétique. Le thème principal reste la construction neuve avec le clivage habituel : plus d’accession à la propriété à droite, plus de logement social à gauche. Les autres thèmes concernent les aides au logement, la loi SRU
Loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains, du 13/12/2000, dont l’article 55 impose un quota de 25 % de logements sociaux en 2025, dans chaque commune de 3 500 habitants
, la garantie locative et l’encadrement des loyers, écrit Jean-Luc Berho
Président @ Les Entretiens d’Inxauseta (rendez-vous annuel sur le logement) • Président @ Soliha Pays Basque • Directeur Analyses Débats et Tribunes Cities @ News Tank (NTN) • Président @ Supastera…
, créateur des Entretiens d’Inxauseta (événement annuel dédié aux politiques du logement et de l’habitat), dans une synthèse des tribunes publiées dans le cadre de la présidentielle 2022 depuis le 10/01/2022.
À l’heure du ZAN
Zéro artificialisation nette - Objectif de réduction de la consommation d’espace à zéro unité nette de surface consommée en 2050, fixé par le plan Biodiversité du Gouvernement en juillet 2018
, les acteurs insistent sur la nécessité de ne pas s’en tenir à des objectifs de construction neuve mais d’avoir « une politique volontariste » d’aménagement et de production du logement (reconquête des friches et logements en déshérence, réversibilité bureaux/logements, réhabilitation) et de rendre les projets « désirables ».
À travers les tribunes se dessine plus ou moins précisément un postulat dans la méthode : l’approche globale voire systémique, l’articulation des différentes politiques publiques, et nécessairement des projets plus complexes pour lesquels une méthode de travail reste à affiner, fortement structurée autour de la concertation et de la coopération entre les acteurs.
Voici la tribune de Jean-Luc Berho.
À l’écoute des acteurs du logement
Force est de constater que la question de l’habitat, alors qu’elle est consubstantielle à la qualité de vie de nos concitoyens n’est pas portée à la bonne hauteur par les candidats-es à l’élection présidentielle, d’autant que le choc d’offre qui devait faire baisser les prix de l’immobilier pour permettre à tous d’accéder au logement n’a pas fonctionné.
Les candidats-es s’accordent sur la nécessité de mesures fortes pour réussir la rénovation énergétique. Le thème principal reste la construction neuve avec le clivage habituel : plus d’accession à la propriété à droite, plus de logement social à gauche. Les autres thèmes concernent les aides au logement, la loi SRU Loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains, du 13/12/2000, dont l’article 55 impose un quota de 25 % de logements sociaux en 2025, dans chaque commune de 3 500 habitants , la garantie locative et l’encadrement des loyers.
Nous avons souhaité contribuer aux débats de l’élection présidentielle 2022 en proposant à 10 acteurs de l’habitat de faire 3 propositions à partir de leurs positionnements respectifs. Ces propositions, sous forme de tribunes en accès libre, ont été publiées de janvier à mars 2022. Voici les contributeurs :
- Philippe Pelletier, président du Plan Bâtiment Durable - 14/01/2022
- François Leclercq, architecte et urbaniste - 21/01/2022
- Florian Guyot, directeur général de l’association Aurore - 28/01/2022
- Christine Leconte, présidente du Conseil national de l’Ordre des architectes - 04/02/2022
- Gérard Rey, président de l’association Les jeunes handicapé.e.s - 18/02/2022
- Michael Pinault, mandaté au Comité Régional Action Logement d’Occitanie, président de la commission Logement Résilient et Corpoworking - 25/02/2022
- François Rieussec, président de l’Union Nationale des Aménageurs - 04/03/2022
- Yannick Borde, président de Procivis - 11/03/2022
- Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers - 18/03/2022
- Didier Vanoni, directeur de FORS Recherche sociale - 25/03/2022
Déclarer le logement grande cause nationale
Les acteurs du logement s’étonnent d’un manque d’ambition parce que, pour Gérard Rey, « l’habitat détermine la vie quotidienne ». Pour François Leclercq, « le logement est la brique essentielle de l’édifice urbain, elle ne peut donc être fragile ». Pour Christine Leconte, « s’occuper du cadre de vie des Français, c’est en quelque sorte spatialiser notre démocratie ». Ils sont en attente de preuves d’intérêt. François Leclercq et François Rieussec proposent de déclarer le logement grande cause nationale. Christine Leconte va jusqu’à proposer la tenue d’états généraux de l’habitat.
Plusieurs acteurs posent la nécessité de mieux qualifier les besoins pour mieux agir en proposant la création d’observatoires : observatoire de la précarité pour Florian Guyot, observatoire de la qualité du logement pour François Leclercq.
Les enjeux écologiques dans la conception des projets »Sur la rénovation énergétique, les professionnels proposent des angles d’attaque et la relient à des objectifs plus larges comme la précarité énergétique ou encore la qualité de mise en œuvre « la voie de progrès qu’il faut maintenant emprunter est double : mieux accompagner les ménages, mieux sécuriser la performance » (Philippe Pelletier) qui propose également un plan de rénovation des collèges et écoles en en faisant des « terrains d’excellence pour embarquer les générations futures ». Ils proposent d’intégrer les enjeux écologiques dans la conception des projets « faisons confiance à la création architecturale.
Le challenge va être de réussir la densité positive, celle qui conjuguera les aspirations des citoyens et les enjeux écologiques » (Christine Leconte), « Produire nos logements de A à Z sur notre sol devrait être un nouvel enjeu stratégique » (Yannick Borde). Sont évoqués notamment, la création de circuits courts dans le BTP et une politique de réemploi des matériaux (Christine Leconte).
Pour des mesures favorisant la qualité et l’efficacité
Sur le volet réglementaire et fiscal, les professionnels proposent essentiellement des mesures favorisant la qualité et l’efficacité, qui sont au cœur de leurs propositions : une pause normative, le principe d’un bonus/malus fiscal en matière de densité pour « réhabiliter l’acte de construire » (Pascal Boulanger), l’extension du Fonds friche à toutes les formes de bâti en déshérence pour « restaurer l’attractivité des centres-anciens et amorcer le recyclage de la ville sur la ville » et la suppression des zonages devenus obsolètes pour redonner les clés aux élus locaux (Yannick Borde), développer les chartes de qualité et introduire la qualité des logements dans les PLU Plan local d’urbanisme (François Leclercq), « une nouvelle conception des aides au logement visant l’accélération de l’accès au logement » (Florian Guyot), « élargir la palette de solutions proposées aux personnes en situation de handicap allant de l’habitat collectif à l’appartement individuel » (Gérard Rey).
Urgent de créer les conditions, avec le soutien de l’État, d’un dialogue compétitif entre les collectivités »À l’heure du ZAN Zéro artificialisation nette - Objectif de réduction de la consommation d’espace à zéro unité nette de surface consommée en 2050, fixé par le plan Biodiversité du Gouvernement en juillet 2018 , les acteurs insistent sur la nécessité de ne pas s’en tenir à des objectifs de construction neuve mais d’avoir « une politique volontariste » d’aménagement et de production du logement (reconquête des friches et logements en déshérence, réversibilité bureaux/logements, réhabilitation) et de rendre les projets « désirables ». Pour ce faire, il y a nécessité de coordonner les politiques publiques et de créer des coopérations interacteurs qui impliquent les professionnels, les décideurs, les habitants. « il est urgent de créer les conditions, avec le soutien de l’État, d’un dialogue compétitif entre les collectivités, les acteurs économiques et les citoyens » (François Rieussec).
L’équilibre de chaque territoire, partir des ressources de chaque lieu et affirmer la coopération entre tous, est la clé« (Christine Leconte). C’est d’autant plus vrai dans les départements ultramarins ainsi que le décrit Didier Vanoni : »Quand la situation des Outre-mer est évoquée, c’est généralement en rappelant la spécificité de ces territoires, tout en faisant référence à des normes, des lois et à des outils conçus et administrés la plupart du temps, pour et par la métropole« … »l’enjeu est de sortir du silence ou de l’ambivalence en instaurant les conditions permettant de produire des réponses aux aspirations et aux attentes des populations et de dépasser les cadres étroits de l’action publique réservés à ces territoires« .
Un postulat dans la méthode
La nécessité d’une approche globale en particulier logement, travail, transport mais aussi logement, équipements, services est souvent pointée. À travers les tribunes se dessine plus ou moins précisément un postulat dans la méthode : l’approche globale voire systémique, l’articulation des différentes politiques publiques, et nécessairement des projets plus complexes pour lesquels une méthode de travail reste à affiner, fortement structurée autour de la concertation et de la coopération entre les acteurs.
Partir des ressources et des aspirations, »tirer le fil« de la qualité du logement et du cadre de vie permettrait de créer des projets d’habitat qui intègrent aussi les objectifs et contraintes économiques et environnementales pour peu qu’on »joue collectif". L’exemple des lieux de corpoworking (présenté dans la tribune de Mickaël Pinault) témoigne du potentiel d’émergence de solutions vertueuses à travers la réflexion collective.
Faire évoluer les méthodes de travail vers plus de concertation et plus de collectif, agir au plus près des besoins, miser sur l’intelligence de projet en laissant la main au local serait une voie de progrès à saisir…
Rubrique dirigée par Jean-Luc Berho
La rubrique est dirigée par Jean-Luc Berho (berhoji@laposte.net), créateur des Entretiens d’Inxauseta, événement annuel dédié aux politiques du logement et de l’habitat. La prochaine édition a eu lieu le 26/08/2022 à Bunus (Pyrénées-Atlantiques) sur le thème de l’urgence à agir. Jean-Luc Berho est également président de la Coopérative de l’immobilier, à Toulouse. La rubrique a vocation à mettre en exergue des avis experts sur l’accès au logement, le parcours résidentiel, la politique de la ville, l’urbanisme et l’aménagement des territoires, en France et à l’international.
Jean-Luc Berho
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Fiche n° 31475, créée le 22/06/2018 à 15:03 - MàJ le 17/06/2024 à 14:08